Comme chaque année, l’approche de l’Aïd Al Adha est nourrie par une vague de spéculations sur les prix des moutons. Encore, 2024 ne déroge pas au rituel. En effet, les prix des moutons pourraient connaître une hausse remarquable, de quoi susciter des craintes pour les ménages déjà fortement impactés par l’inflation (7,5%) qui, finalement, n’a épargné aucun secteur.
Dans un contexte économique difficile, les prix des ovins connaissent une hausse significative. La situation éprouvante se profile tant pour les éleveurs que pour les consommateurs. Cette augmentation des prix est souvent imputée aux conséquences de plusieurs années de sécheresse consécutives. D’autres facteurs contribuent également à l’inflation. Ainsi, en raison des effets de la sécheresse sur l’agriculture et par conséquent sur le pastoralisme, le coût de l’alimentation pour le bétail a connu une hausse significative, ce qui aura inévitablement un impact sur le prix de vente des ovins.
Pour ce qui est de la situation actuelle, il est essentiel de la contextualiser. Il convient d’abord de considérer la perturbation de la chaîne d’approvisionnement sur le marché mondial, qui remonte à la pandémie du Covid-19. La guerre en Ukraine, l’un de nos principaux fournisseurs de céréales et d’autres denrées alimentaires essentielles, n’a fait qu’aggraver la situation. Plus alarmant encore, le stress hydrique a réduit considérablement les ressources en eau et les disponibilités fourragères.
Pour toutes ces raisons, l’élevage ne se pratique plus dans des conditions optimales, notamment en raison de l’augmentation des prix des aliments pour bétail.
À l’échelle internationale, les éleveurs et agriculteurs sont souvent menacés aux risques des changements climatiques, notamment les sécheresses. À celles-ci s’ajoutent les conséquences de l’inflation mondiale qui a impacté l’élevage. Ce dernier étant dépendant des intrants dont l’augmentation entraîne inévitablement une hausse des prix du bétail.
L’importation : une mesure conjoncturelle
Le président de la Chambre des bouchers, Ahmed Laâmiri, a déclaré que près de 65 % des familles tunisiennes n’ont pas pu acheter de mouton l’année dernière, car les prix étant exorbitants. Laâmiri a confirmé dans une déclaration que les prix des moutons augmenteront cette année pour plusieurs raisons, notamment une importante pénurie de production, en plus du fait que le prix du kilogramme de viande vivante dépassera vingt dinars, alors qu’il était de dix-huit dinars l’année dernière.
Il a, également, souligné la nécessité de recourir à l’importation de moutons, sinon le prix des moutons cette année sera très élevé indiquant que la chambre cherche à intervenir pour importer des moutons, sachant que la Tunisie devrait fournir un million de moutons à l’occasion de l’Aïd El Kebir.
Force est de reconnaître que les prix des aliments pour bétail continuent d’enregistrer des hausses significatives, suivant la tendance mondiale. La baisse de la production de fourrages est un autre facteur contribuant à cette situation. La détérioration de la végétation dans les pâturages, principalement due à la sécheresse, ajoute sa part, dressant un tableau qui témoigne d’une augmentation réelle du prix des viandes rouges, une tendance qui semble s’inscrire dans la durée.
Cette année, malgré une baisse observée sur le marché mondial du prix des aliments pour animaux, les fluctuations continuent d’affecter le marché national. Outre les facteurs climatiques, cette variation de prix est également due à l’augmentation de la demande des unités d’engraissement et d’élevage, notamment en préparation de l’Aïd Al Idha.
Une hausse en entraîne une autre. Pris dans l’étau de ce cercle vicieux, les citoyens se retrouvent désemparés face à des mesures qui peinent à alléger les pressions. À l’approche de l’Aïd Al Idha, les tarifs de la viande rouge atteignent des prix sans précédent, principalement dus à l’augmentation du coût des aliments pour animaux.