A l’heure où la Banque mondiale anticipe un triste bilan pour l’économie internationale d’ici fin 2024, son dernier rapport de suivi de la situation économique pour la Tunisie, publié mercredi dernier, prévoit des taux de croissance de 2,4 % en 2024 et de 2,3 % en 2025-2026, « en supposant une atténuation des conditions de sécheresse et un progrès dans les réformes budgétaires et celles liées à la concurrence ».
Le rapport intitulé « Une énergie renouvelée pour l’économie » dresse le bilan économique de l’année 2023 où la reprise de l’économie nationale a été affectée par une sécheresse sévère, des conditions de financement strictes et un rythme modéré des réformes. Pour ce qui est de la croissance, elle demeure inférieure aux niveaux d’avant le Covid-19, plaçant la Tunisie parmi les économies de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord qui connaissent les reprises les plus lentes.
Au cours de la même année, la Tunisie a connu une amélioration de la balance extérieure, une réduction du déficit commercial, bénéficiant de conditions internationales favorables et des besoins de financements extérieurs qui demeurent importants.
Malgré les progrès réalisés dans le tourisme et les exportations, « l’économie tunisienne a été affectée par les effets de la sécheresse, qui a provoqué une réduction de 11 % de la production agricole. Cette situation met en évidence le besoin de prendre des mesures d’adaptation au changement climatique. Les répercussions de la sécheresse ont été exacerbées par une demande intérieure limitée, ce qui a affecté la croissance des secteurs de la construction et du commerce », indique le rapport.
Un mix énergétique de 3 % à 35 % d’ici 2030
Le rapport met en lumière les projets ambitieux de la Tunisie dans le domaine des énergies renouvelables, qui pourraient apporter une solution à ses défis économiques et environnementaux. Le pays envisage d’augmenter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique de 3 % à 35 % d’ici 2030. Actuellement, des projets de production destinés à des financements privés ont été lancés pour un total de 2.200 MW, ce qui devrait porter la part des énergies renouvelables à 17 % d’ici 2025. Le rapport souligne les bénéfices économiques substantiels d’une transition approfondie vers les énergies propres grâce à un programme ambitieux de décarbonation. L’investissement total requis est estimé à 4,5 milliards de dollars d’ici 2030, avec la possibilité d’un financement principal par le secteur privé sous réserve de la mise en place de réglementations appropriées.
Selon le nouveau rapport, l’économie tunisienne pourrait connaître des gains significatifs en termes de croissance économique dès 2030, grâce à l’expansion de la production d’énergies renouvelables. Ces gains pourraient être de l’ordre de 1,1% à 1,75% d’ici 2030, en fonction des différents scénarios de l’évolution de la production d’énergies renouvelables dans le pays.
Avec un focus sur les ambitieux projets de la Tunisie dans le domaine des énergies renouvelables, considérés comme une solution cruciale à ses défis économiques et environnementaux, le rapport s’est penché sur un scénario de décarbonation profonde qui est particulièrement bénéfique pour l’économie à court terme, car les secteurs utilisateurs finaux bénéficieront, probablement, de politiques de décarbonation renforcées, ce qui se traduira par une baisse des coûts énergétiques. Même si tous les secteurs en bénéficient, l’industrie et l’agriculture s’en sortent particulièrement bien, compte tenu de leur plus grande dépendance énergétique par rapport aux services. La dette publique augmente dans tous les scénarios, mais pas de manière significative car la plupart des investissements de décarbonation devraient être supportés par le secteur privé. La majeure partie des investissements importants nécessaires à la transition énergétique verte pourrait provenir du secteur privé si un cadre réglementaire adéquat est mis en place.
Des investissements conséquents
La Banque mondiale prévoit des investissements compris entre 11 et 12 milliards de dollars américains d’ici 2030 et allant jusqu’à 27 à 35 milliards de dollars américains d’ici 2050. Environ 60 à 65% des besoins d’investissement devraient être couverts par le secteur privé. En effet, « les investissements dans la production d’énergies renouvelables sont commercialement viables étant donné l’avantage significatif en termes de coûts par rapport aux combustibles fossiles en Tunisie. Un tel développement massif des énergies renouvelables, impulsé par le secteur privé, nécessitera un environnement réglementaire et financier favorable et un système électrique très flexible », indique le rapport.Selon la même source, la Tunisie devrait accélérer la transition verte pour atteindre son objectif ambitieux en matière d’énergies renouvelables. « Le gouvernement a commencé à entreprendre des réformes réglementaires pour améliorer les performances du secteur électrique tunisien et l’attractivité du programme d’énergies renouvelables pour les investisseurs privés. Il serait crucial d’accélérer ces efforts pour atteindre les objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables »
(D’après la BM)