Il y aura un avant et un après-Monastir dorénavant. «On compte les morts après la guerre», disait cependant Abdelhak Ben Chikha en 2008-2009, sauf que là, Faouzi Benzarti devra à la fois soigner les survivants et guérir le syndrome du rescapé…
Joue tendue et claque reçue, le CA a donc sombré dans les grandes largeurs à Monastir, et inutile de mâcher les mots, tellement le naufrage fut total et collectif cette fois-ci. Après la leçon de Radès face au CSS, place à l’humiliation du Ben Jannet face aux Bleus avec un Club Africain à côté de la plaque et réduit au rôle de sparring-partner. En l’état, maintenant, après le cauchemar vécu, si le réveil a été brutal, il va falloir se remobiliser avant de croiser le CS Korba vendredi en huitièmes de Coupe. Visage hagard après deux déroutes successives, les Clubistes doivent cependant repartir malgré tout sous les ordres de Faouzi Benzarti. Et après avoir bu le calice jusqu’à la lie, il s’agit, à présent, de ne plus s’effondrer et s’enliser davantage, bref, sauver le semblant d’honneur qu’il reste à garantir. C’est décidément toujours la même ritournelle au CA. On dit souvent que le ressort était cassé depuis longtemps, que l’attitude clubiste aura été de concert avec le résultat final, mais là, plus qu’un calvaire, un supplice à Monastir.
Déconfiture sur toute la ligne, blessures en cascades, absences pour sanctions disciplinaires, président démissionnaire, impossibilité de s’entraîner au Parc A, au Zouiten ou même à Sousse, lieu de villégiature d’avant-match. Mais où va-t-on avec ces dérives, cette gabegie et ce désordre clubiste? Et que l’on ne vienne pas regretter maintenant le temps de Saïd Saïbi aux manettes car il a été débarqué sous la pression populaire et rien que ça.
Quand le navire coule rapidement par la proue…
Aujourd’hui, Mondher Kbaïer, «déposé» pour insuffisance de résultats, laisse derrière lui un champ de ruines. Il serait vain de tirer le bilan de ce fiasco, mais plutôt préférable d’espérer une réaction d’orgueil sur le terrain. Ce faisant, depuis le crash de Monastir, il y a un trop-plein d’explication sur cette seconde sortie de route clubiste, mais aussi des états d’âme entremêlés de colère, de tristesse, de déception et de mélancolie. Pourquoi ? Parce qu’à Monastir, contrairement à Radès face au CSS, ce sont les absences de générosité, de cœur et de solidarité qui ont manqué.
Ce n’est donc pas un coup du sort, mais un «plantage» en règle entretenu sur le terrain avec une équipe sans âme, sans idée directrice et sans personnalité.
Droit dans le mur avant-hier et droit sur l’iceberge hier, la destruction était annoncée dès les premiers échanges au Mustapha Ben Jannet, et, au final, le CA a chaviré puis a coulé par la proue. Le jour où tout a basculé, il y aura dorénavant un avant et un après-Monastir pour un CA parti de rien et arrivé nulle part. Pas seulement à cause du score sans appel de (4-0), mais en raison surtout de cette insupportable nonchalance clubiste, même en l’absence des Bedoui, Skander Laâbidi, Dhaouadi, Meziani et autre Moez Hassen sur le terrain. Dynamitée à défaut d’être dynamisée, rôle qui incombe à l’entraîneur, l’équipe a vécu un après-midi surréaliste, avec quatre frissons passés dans le dos d’une défense à la ramasse, accentués et nourris par des Bleus qui ont fait le show. Maintenant, c’est sur cet état de délabrement avancé que devra reconstruire Faouzi Benzarti. «On compte les morts après la guerre», disait Abdelhak Ben Chikha en 2008-2009. Là, Faouzi Benzarti devra à la fois soigner les survivants et guérir le syndrome du rescapé…