• Le Roi de Bahreïn réclame l’organisation d’une Conférence internationale pour la paix au P.-O. et la pleine reconnaissance de l’Etat de Palestine
• La Tunisie émet des réserves sur trois points : les «frontières du 4 juin 1967», la «solution à deux États» et «Al Qods-Est»
La 33e session ordinaire du Sommet arabe s’est déroulée sur deux jours à Manama, capitale du Royaume de Bahreïn, avec la participation de 22 dirigeants, entre chefs d’Etat, rois, émirs, chefs de gouvernement et ministre des Affaires étrangères.
Après une journée de consultations préliminaires, une séance solennelle a eu lieu, hier, jeudi 16 mai, au cours de laquelle des allocutions d’ouverture ont été prononcées donnant le ton à la passation entre le Prince héritier et président du Conseil des ministres saoudien, Mohamed Bin Salman Bin Abdulaziz Al Saoud et le Roi de Bahreïn, Hamad bin Issa al-Khalifa.
La parole a été donnée, ensuite, aux chefs des délégations qui se sont relayés à la tribune pour présenter des allocutions sur la situation dans le monde arabe. Les appels ont porté sur la nécessité du monde arabe de se projeter vers l’avenir. En outre, toutes les interventions ont porté sur la situation dramatique dans la bande de Gaza, tout en réitérant que la cause centrale pour tous demeure, sans conteste, la Palestine dont le peuple souffre le martyre, depuis plus de 70 ans à ce jour où les populations palestiniennes vivent un véritable cauchemar face à la machine de guerre sioniste.
Ainsi, le Roi de Bahreïn, en sa qualité de président de la session du Sommet arabe, a appelé à l’organisation prochaine d’une « Conférence internationale pour la paix au Proche-Orient et pour soutenir la pleine reconnaissance de l’Etat de Palestine et son adhésion en tant que membre à part entière aux Nations unies ». La majorité des autres allocutions ont pratiquement abondé dans le même sens.
«Une plaie ouverte qui menace d’infecter toute la région»
Avec une insistance particulière quant à la nécessité de mettre fin à l’agression israélienne qui dure depuis plus de sept mois à Gaza où des dizaines de milliers de martyrs et des milliers de blessés ont été enregistrés.
Alors que les survivants à cette tragédie traversent des conditions inhumaines avec des risques de famine et d’épidémies.
Lors de la séance d’ouverture, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a qualifié la guerre ravageant la bande de Gaza d’«une plaie ouverte qui menace d’infecter toute la région», d’où son appel à la «libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages» et un «cessez-le-feu humanitaire immédiat». Et d’enchaîner que « toute offensive sur Rafah est inacceptable… ».
A noter que la plupart des chefs de délégation ont condamné l’agression sioniste sans, toutefois, parler d’éventuelles sanctions à l’encontre de l’entité sioniste, en dépit des revendications populaires dans le monde arabe et musulman. En même temps, un certain consensus semble s’être dégagé pour soutenir l’approche en faveur de la « solution des deux Etats, palestinien et israélien sur la base des frontières de 1967… », sachant que si un certain appui à cette thèse existe au sein de bon nombre de pays arabes, Israël réaffirme son opposition à cette proposition.
Déclaration finale du Sommet
Dans la Déclaration finale du Sommet de Manama, telle que rapportée par l’AFP, on relève qu’elle réclame l’immédiate cessation de l’agression israélienne contre la bande de Gaza, le retrait des forces d’occupation de toutes les régions de la bande, et la levée du siège.
Elle exhorte également au retour de l’acheminement de l’aide humanitaire vers toutes les régions et les organismes onusiens tels que l’Unrwa. Les tentatives de déplacement forcé des Palestiniens de leur terre dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris al-Qods, ont été unanimement rejetées.
Enfin, la Déclaration condamne également la prise de contrôle par les forces d’occupation du point de passage de Rafah, dans le but de renforcer le siège sur la population civile.
La position ferme et constante de la Tunisie
La participation tunisienne à ce sommet a été active et positive. C’est ce qui ressort d’un compte rendu publié sur le site officiel du ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, indiquant que sur instructions du Président de la République Kaïs Saïed, Nabil Ammar a dirigé la délégation tunisienne à ce sommet dont les travaux « se sont concentrés sur les préoccupations les plus importantes de l’action arabe commune et sur les défis auxquels le monde arabe est confronté aujourd’hui, au premier rang desquels la situation catastrophique dans la bande de Gaza résultant du génocide en cours perpétré par l’entité occupante contre le peuple Palestinien sans défense et ses graves répercussions sur toute la région ».
Nabil Ammar a prononcé le discours du Président de la République, qui a réaffirmé la position de principe et ferme de la Tunisie exigeant l’arrêt immédiat et définitif de cette agression barbare, permettant au peuple palestinien de recevoir l’aide humanitaire nécessaire et adéquate, levant le siège injuste imposé à toute la Palestine et tenant l’entité occupante et ses dirigeants responsables de leurs terribles crimes contre l’humanité.
Ainsi la Tunisie a, officiellement, émis des réserves quant à l’emploi des termes «frontières du 4 juin 1967», «solution à deux États» et «Al-Qods Est», dans les résolutions issues des travaux du 33e Sommet arabe tenu, hier, à Manama, à Bahreïn.
Ces réserves interviennent sur la base de la position ferme de la Tunisie à l’égard de la juste cause palestinienne, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger.
«La Tunisie appelle, également, à lever le blocus injuste imposé à la Palestine et à poursuivre en justice les dirigeants de l’entité sioniste pour les crimes commis contre l’humanité», selon le texte de l’allocution dont lecture a été donnée par le ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar.
La Tunisie a réaffirmé son soutien constant au peuple palestinien et à ses droits légitimes et imprescriptibles, dont en particulier l’établissement d’un État indépendant et souverain sur tout son territoire. «La Tunisie n’a épargné aucun effort pour soutenir le peuple palestinien dans sa lutte pour recouvrer ses droits légitimes et établir son Etat indépendant».
Au terme du Sommet, des résolutions concernant la cause palestinienne, la situation dans plusieurs pays arabes et les moyens de renforcer l’action arabe commune ont été émises, selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Dans la Déclaration de Bahreïn, l’accent a été mis sur l’importance d’unir les efforts afin de faire face aux défis de sécurité et de développement auxquels le monde arabe est confronté et de renforcer la coopération conjointe en vue de contribuer aux efforts internationaux de développement. Le Président de la République, Kaïs Saïed, avait chargé le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Nabil Ammar, de conduire la délégation tunisienne au 33e Sommet de Manama.