Emna Ghezaiel, maître-assistante à l’Institut supérieur des Beaux-arts de Tunis, y présente ces O.V.N.I (objets visuels non identifiés), une ruralité en noir et blanc, urbanisée aux proportions et autres perspectives tordues où viennent se greffer des soleils aux couleurs vives, fruit de ses explorations chromatiques.
Etroitement liée à l’invention de l’imprimerie typographique (vers 1450), la gravure, qui est caractérisée par sa reproductibilité, a longtemps favorisé la liberté d’expression des artistes, en leur permettant de réaliser leurs œuvres indépendamment des commanditaires et des modes.
Graveurs et libraires ont longtemps collaboré ensemble, impliquant l’estampe dans de grandes aventures éditioriales. L’on cite, entre autres, les gravures de la fameuse «Encyclopédie» de Diderot et D’Alembert, qui a contribué à «populariser» la culture, ainsi que tous les savoirs. L’on cite également les œuvres d’artistes de génie tels que Dürer, Piranèse, Albert Decaris, Franz Masereel, Gustave Doré, Daumier, Tony Johannot et Devéria, qui ont accompagné tant d’ouvrages.
Dans une sorte d’hommage rendu à ce lien séculaire, la Librairie Fahrenheit 451, à Carthage, abrite de temps à autre des expositions de gravures. C’est le cas actuellement avec une exposition collective qui réunit des œuvres signées par les artistes tunisiens Chaima Ben Said, Emna Ghezaiel, Slim Gomri et Najah Zarbout. On y invoque gravure, dessin, encre et papier…
Emna Ghezaiel, maître assistante à l’Institut supérieur des Beaux-arts de Tunis y présente ces O.V.N.I (objets visuels non identifiés), une ruralité en noir et blanc, urbanisée aux proportions et autres perspectives tordues où viennent se greffer des soleils aux couleurs vives, fruits de ses explorations chromatiques.
La force du trait de la xylogravure (gravure sur bois faisant partie de la gravure en taille d’épargne, que l’artiste dit préférer à la taille- douce) apporte reliefs et mouvements à ces fragments où l’on distingue des poteaux électriques en bois, des lignes à haute tension entremêlées ou encore des barrières en bois également (en matériau en leimotiv) qui se détachent d’un ciel, d’un champ ou d’une route. Des fragments-cadrages pris d’un tout inventé par l’artiste et directement accouché sur les planches de bois.
Slim Gomri a choisi le bois et le linoléum pour y graver ses profils, paysages et autres poissons : des petits formats colorés dans lesquels l’artiste multidisciplinaire prend du plaisir à s’essayer à la gravure.
Najah Zarbout expose trois variations de «Paths» (chemins), réalisées, en collaboration avec l’artiste Mohamed Amine Hammouda, dans le cadre du projet «Oasis paths» qui regroupe des œuvres inspirées des éléments naturels de l’oasis de Gabès et liées à son contexte.
Zarbout développe depuis plusieurs années une approche basée sur la coupe. Du gaufrage au pliage ou à la lacération, en diverses combinaisons mêlant lumière, lignes et découpes, elle crée un dialogue avec le papier. Son travail se concentre sur les racines et les éléments trouvés sous le sol de l’oasis : du papier découpé transparent sous forme de racines végétales ou de toiles d’araignées, visibles à travers leurs ombres lorsque les lumières sont repérées sur elles. Son œuvre délicate et fragile joue sur cette ligne ténue entre l’existence et l’extinction, à laquelle l’oasis fait face.
Chaima Ben Said propose dans cette exposition des dessins, des techniques mixtes et, bien entendu, des gravures (xylo).
A ne pas rater dans le même lieu, le samedi 25 mai, toujours en rapport avec les arts visuels, une rencontre-débat, assurée par Kmar Bendana et Ahlem Ghayaza, autour du livre «Arts visuels en Tunisie» de Alia Nakhli.
Ce livre revient sur les activités, les figures, les tendances et les parcours artistiques en Tunisie entre 1881 et 1981. L’auteure expose les phases par lesquelles se constituent des voies de circulation, s’élaborent des cadres d’apprentissage et naissent des lieux d’exposition.