Ouverture de la quatrième session de la semaine du Théâtre municipal qui prendra fin aujourd’hui 25 mai avec la pièce d’Abdelaziz El Meherzi «Sayda El Manoubia». Une semaine que les responsables de la Municipalité de Tunis ont tenu à perpétuer dans l’enceinte de ce théâtre qui constitue aujourd’hui un bijou national et une référence dans l’histoire du quatrième art en Tunisie.
Avec une mise en scène sobre et une économie de moyens remarquable, Abdelaziz El Meherzi a porté sur les planches du Théâtre municipal l’épopée d’une femme légendaire dans la mémoire populaire des Tunisiens « Sayda El Manoubia». La pièce est une succession de tableaux qui retracent la vie de cette Sainte Tunisienne du XIIIe siècle. Une femme à la personnalité très forte et qui, à cette époque, est devenue un symbole du contre-pouvoir. Des commérages du village et des langues d’aspic des voisins jusqu’aux élans mystiques de la Sainte en passant de sa rencontre avec Belhassen Chedhly, Abdelaziz Meherzi, sans tomber dans l’aspect folklorique commercial de la transe, nous conduit dans l’univers fascinant de la dame de Manouba. Et il réussit à nous transmettre cet univers mystique avec beaucoup de subtilités dans les effets sonores consacrés au «Dhikr» pour ne pas noyer et la narration et le jeu des acteurs dans la super transe. La scénographie est bien étudiée et le décor est très dépouillé. Il ne reste plus que le jeu des acteurs. Et le jeu des acteurs était l’un des points forts de cette pièce. Le personnage de «Sayda El Manoubia» était porté par Oumayma Meherzi. Un rôle auquel il fallait des épaules solides et une grande mobilisation de ressources dans l’acting et que Oumayma, à notre sens, a magistralement réussi sans tomber dans le jeu. Ce spectacle construit autour d’un fil déroulé par une narratrice était ponctué de tableaux très bien écrits par la lumière et c’est peut-être cela qui a substitué le choix du metteur en scène de ne pas installer des décors. Un spectacle réussi et qui porte la touche de toute une école dont Abdelaziz El Meherzi est le digne représentant.