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Les saigneurs de la rue

Editorial La Presse

 

Les «saigneurs de la rue» aurait pu être le titre d’un film où une bande de malfrats terrorise les quartiers. Cependant, là il ne s’agit pas d’une fiction mais d’une âpre réalité qui a tristement marqué l’actualité il y a quelques jours, et les saigneurs de la rue ne sont pas des mafieux mais tout simplement des chiens errants ou des chiens souvent domestiqués mais  lâchés  librement dans la rue. Mardi soir, un imam, un sexagénaire qui rentrait à son domicile après la prière d’el fajr «a été attaqué dans la ville d’Essaoussi par une horde de chiens errants. Transporté à l’hôpital, il a succombé à ses blessures», a indiqué Farid Ben Jha, porte-parole du Parquet de Monastir et de Mahdia. Une mort qu’on imagine atroce, paix à son âme. Il s’agit de  la quatrième personne à être tuée par des chiens errants en Tunisie depuis le début de l’année. 

Un chien lâché dans la rue est un danger même s’il est vacciné et cela devient une question de sécurité nationale et non pas de santé publique uniquement. Le discours qui défend la thèse qu’il s’agit de vacciner les chiens errants devient caduc lorsque ces derniers prolifèrent à une vitesse grand V. Et quand bien même on penserait à la stérilisation, là aussi nous n’avons pas les moyens d’empêcher la reproduction exponentielle des chiens. La vaccination n’est pas non plus suffisante parce que les chiens fonctionnent avec un instinct de meute et de territoire. Dès qu’ils sont en meute, ils deviennent agressifs et c’est un argument qu’aucun responsable ne veut reconnaître. L’instinct de meute peut transformer un chien vacciné en un danger mortel. Faut-il penser à l’abattage ?  En effet, du moins momentanément jusqu’à ce que les autorités  municipales se dotent  d’un centre de gestion de chiens errants. Il s’agirait d’une patrouille quotidienne pour ramasser les chiens errants et les enfermer dans un centre avant de les stériliser. L’autre solution est de doter les citoyens tunisiens de ces petits porte-clés à ultrasons qui éloignent les chiens menaçants sans les blesser ni leur faire de mal. Parce qu’il s’agit de libérer les rues qui, force est de le reconnaître, sont devenues trop risquées partout en Tunisie, toutes zones confondues.  Un jour ou l’autre un touriste qui voudrait faire du jogging dans l’une de nos belles villes pourrait se retrouver nez à nez avec une meute… Et puis bientôt c’est l’été, et dans cette Tunisie où il y a plus de 700 festivals, comment protéger ces familles qui rentrent d’une soirée festive ? Oui tous les scénarios catastrophes sont possibles avec les «saigneurs» de la rue. Il est temps de crier «Action ».

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