C’est le 24 avril dernier que la saison des croisières 2024 a été inaugurée au terminal du port de La Goulette qui a enregistré le débarquement de pas moins de 5.500 excursionnistes de différentes nationalités en provenance de Barcelone à bord du MSC Grandiosa, et ce dans le cadre d’un programme prévoyant une escale d’une journée, avant de poursuivre son périple méditerranéen.
82 navires transportant plus de 220 mille touristes de différentes nationalités sont attendus cette année en Tunisie, a annoncé récemment le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, qui fait état d’un prometteur regain d’activité. Toutefois, gare à l’euphorie, car nous sommes encore loin du record jamais battu depuis 2010, avec 400 croisières.
Historiquement, ce secteur éminemment sensible et imprévisible a été brutalement secoué en 2015 par les trois attentats terroristes du musée du Bardo (18 mars) de Sousse (26 juin) et de l’avenue Mohamed-V (24 novembre). Les répercussions de ces trois tragédies ont été si désastreuses que la traversée du désert a duré sept ans, entrecoupée miraculeusement par une seule croisière en 2019, avant de voir le Covid enfoncer le clou. A l’époque, les plus optimistes des experts, on s’en souvient, répétaient à satiété que le tourisme de croisières était cliniquement mort en Tunisie et que sa guérison relève de l’utopie.
Faux ! Car l’année 2022 leur apportera un cinglant démenti, avec la reprise, fin mars, du rythme des croisières dans le sillage de l’arrivée du fameux navire Sprit of Discovery avec à son bord quelque 724 touristes étrangers. 33 autres bateaux suivront jusqu’à la fin de cette année-là. Douze mois plus tard, le pic tant désiré a été atteint, le 25 septembre (4.500 arrivées en 24 heures, selon l’Office de la marine marchande et des ports (Ommp)
Welcome to Tunisia !
C’est le 24 avril dernier que la saison des croisières 2024 a été inaugurée au terminal du port de La Goulette qui a enregistré le débarquement de pas moins de 5.500 excursionnistes de différentes nationalités en provenance de Barcelone à bord du MSC Grandiosa, et ce dans le cadre d’un programme prévoyant une escale d’une journée, avant de poursuivre son périple méditerranéen. Le même jour, accoste à La Goulette le bateau Hebridean Sky, après une première escale au port de Sousse. 94 passagers européens étaient de la traversée. Pour le ministère du Tourisme, cette embellie pourrait perdurer au cours des mois à venir. En harmonie avec les prévisions de la plupart des professionnels du secteur qui tablent sur le retour des principaux partenaires étrangers spécialisés dans l’organisation des croisières en Tunisie. Parmi eux, citons les plus célèbres : MSCCruises, Costa Vavo, Caledonia Cruise, Aida, Caribbean, Noble Caledonia et le puissant tour-opérateur allemand DRV. Un si grand nombre de partenaires de renommée mondiale devront normalement hausser le nombre de croisiéristes étrangers.
Ce qui donnera un plus à l’offensive de charme rondement menée, depuis quelques mois déjà, par l’Ontt et par la Fédération tunisienne des agences de voyages (Ftav).
Cette opération de séduction a également touché les ports d’accueil de La Goulette, Sousse, Sidi Bou Saïd, Bizerte, Monastir, Sfax et Zarzis où des travaux de rénovation et d’embellissement ont été entrepris.
Par ailleurs, des journées de sensibilisation ont été organisées, depuis mars, à l’adresse des départements concernés, en l’occurrence les ministères de l’Intérieur, de l’Environnement, du Transport et de la Culture, ainsi que les municipalités, les hôtels, la Fédération nationale des guides touristiques. L’objectif étant d’offrir aux croisiéristes des conditions de séjour idéales qui reflètent l’image de la Tunisie en tant que destination touristique recherchée, outre sa traditionnelle réputation d’oasis de paix et d’hospitalité aux richesses patrimoniales et culturelles inestimables.
Il faudrait jouer à fond la carte des marchés américain, russe, chinois, anglais et scandinave
Dans ce contexte, une délégation de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a effectué, le 9 mai dernier, une visite au port de La Goulette pour s’informer des conditions de travail et d’accueil. Fin avril, une initiative conjointe des ministères des Affaires étrangères et du Tourisme, qui avait réuni des ambassadeurs et représentants du corps diplomatique accrédités en Tunisie, a notamment débattu du tourisme alternatif dont les croisières. « A mon sens, souligne Hamdi Alaoui, gérant d’un hôtel à Hammamet, pour que ce créneau se porte mieux, il faudrait jouer à fond la carte des marchés américain, russe, chinois, anglais et scandinave, incontestablement les plus puissants financièrement. Tenez cet exemple : le marché US sur la Tunisie a connu une croissance de 40%en 2023. Ce n’est donc pas un hasard si la Ftav a signé un protocole de coopération avec l’agence américaine Usaid, dans le but de drainer plus de Yunkees.» Il va falloir, insiste le président de la Ftav, Ahmed Bettaieb, redoubler d’efforts, non seulement par l’intensification de la participation aux salons et expos dans le monde, mais aussi par le règlement des problèmes qui entravent, à ce jour, le développement du tourisme alternatif. Notre interlocuteur, un vieux routier, propose la promulgation d’un Code de tourisme unique, qui comprend un chapitre spécifique au tourisme alternatif dont celui des croisières. Un créneau que l’organisme onusien de la Cnuced considère comme un secteur à haut potentiel pour les pays en développement.
Et les excursionnistes nationaux ?
Les Tunisiens, eux qui reçoivent les croisières, sont-ils des excursionnistes ? «Trêve de plaisanterie», riposte le patron de la Ftav qui assure que « pour les Tunisiens, une croisière en Méditerranée, aux Caraïbes ou en Scandinavie, coûte énormément cher malgré les promos, les facilités de paiement et la tentation des plages cristallines, des évasions romantiques et cette envie de combiner aventure naturelle et exploration historique ». M. Bettaieb conclut en annonçant que « sur l’ensemble des mille agences de voyages que compte le pays, on n’a enregistré que près de mille réservations pour les croisières. C’est vous dire…»