L’exposition qui réunit ces deux artistes met en espace «un dialogue silencieux mais chargé de sens, reliant leurs univers distincts par le langage commun de la figuration».
Les cimaises de Yosr Ben Ammar Gallery continuent d’accueillir, jusqu’au 29 juin 2024, l’exposition « Spectrums of Dreams » des deux artistes Mehdi Bouanani (DaBro) et Hamza Sellmy. Mehdi Bouanani, alias Dabro, est un artiste contemporain renommé dont le travail est a-frontières, s’articulant autour du portrait qu’il décline sous toutes ses formes en mixant différents médiums (fusain, bombe, acrylique, peinture à l’huile, etc). Natif de l’année 1978, il a étudié après le bac à l’Institut supérieur des Beaux-arts de Tunis. Des études qu’il a enrichies par un cursus universitaire à Paris. Dès 1995, une première participation à l’exposition, «A la lumière de Van Gogh» à la Galerie Yahia, lui vaudra un séjour d’une semaine à Arles pour le vernissage à la fondation Van Gogh. Depuis, il n’a cessé d’exposer, que ce soit en Tunisie ou en Europe (France, Espagne, Italie, Suisse et d’autres pays encore).
Dabro s’est vu confier en avril 2013 la réalisation d’une fresque «portrait de Farhat Hached» pour l’inauguration de la place Farhat Hached dans le cadre du parcours Street Art 13 à Paris et a, aussi, contribué aux projets «Paris tour 13» et “Djerbahood 1 & 2» avec la galerie itinérance. D’une créativité débordante, de celles qui déteignent sur les autres, Hamza Sellmy est un concentré de talents. Graphiste de formation, il est le fondateur de Banjer, un laboratoire de design qui produit des vêtements funky (principalement connus pour leurs chaussettes originales) et de l’agence numérique Banjer, une agence de communication. C’est à Sousse, sa ville natale, qu’il a installé tout cela, une ville qui lui fournit le calme et le confort nécessaires pour tracer tranquillement sa route, entre autres donner corps à ses illustrations et autres dessins, qu’il a eu l’idée géniale d’installer dans des peintures de grands formats. Une palette colorée et acidulée, aux tonalités mélancoliques, une esthétique éthérée et des compositions un peu psychédéliques pour distiller des allégories sociétales et décortiquer ce qui l’entoure. Cela peut concerner les déboires de la société de consommation et celle du spectacle (Guy Debord aurait approuvé !) ou alors des situations plus introspectives, plus intimes, plus céphaliques… Le tout servi par des personnages aux allures névrotiques et torturées, des traits accentués par des poches et des cernes décuplés, un teint jaune et un regard vitreux. «Spectrum of Dreams : Dialogues en Figuration», l’exposition qui réunit ces deux artistes met en espace «un dialogue silencieux mais chargé de sens, reliant leurs univers distincts par le langage commun de la figuration», comme l’indique le texte présentateur.
Le terme «Spectrum», renvoyant à cette «vaste palette d’émotions humaines, d’expériences et de mémoires» exprimée dans leurs travaux, celle en rapport à l’homo modernus du côté de Sellmy et celle plus ancrée dans des réminiscences familiales…chez DaBro. Et «Dreams» faisant référence aux rêves du sommeil, aux rêves éveillés ou encore lucides, terrain de jeu de la psyché et espaces de toutes les rencontres et de tous les possibles.
A vivre absolument !