Mes humeurs: Médias français, Netanyahou intouchable ?

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Pour nous, l’événement ne devrait pas étonner outre mesure, mais ça en dit long sur l’aliénation des médias occidentaux. Pas plus tard que la semaine dernière, la direction de la chaîne radio France Inter, en tête de toutes les stations en France, connue pour son sérieux, ses émissions captivantes, ses journalistes talentueux, son passé glorieux, ses variétés éclatantes, a commis un impair qui détonne et scandalise : une décision aussi déplaisante que dégradante. Parmi ses émissions phares, il s’en trouve une, diffusée le dimanche, qui dure depuis des années. «Le Grand Dimanche Soir» est pleine d’énergie, de souffle et de joie, l’un de ses animateurs, Guillaume Meurice, infuse un humour franc, sans retenue, iconoclaste, il ne recule devant rien. Mais les temps semblent durs pour la direction de France Inter, tenue pourtant par Adele Van Reet, ancienne animatrice d’une émission de philosophie sur France Culture, qui a estimé que l’animateur a été éloigné de l’antenne, accusé d’avoir tourné au ridicule le Premier ministre israélien, Netanyahou  (que nous nommons le boucher de Gaza), le traitant de «sorte de nazi sans prépuce», ce que lui a valu des accusations d’antisémitisme et licencié pour faute grave. Le propos à mon avis est choquant, il ne concerne pas uniquement le nazillon de Tel Aviv, l’ajout «sans prépuce» n’ajoute rien à la qualité sinistre, funeste  de l’assassin, les interprétations sont multiples et contradictoires, le sujet est à prendre avec des pincettes. Soit ! Branle-bas de combat dans le microcosme médiatique, attisé par les récents résultats des élections européennes. La question attendue et posée est : la satire politique a-t-elle des limites ou l’humoriste est-il allé trop loin ? La guerre a commencé entre les défenseurs d’un humour «sans frontières» qui estiment que «c’est une idée très dangereuse d’aller décider de ce qui est drôle et de ce qui ne l’est pas» (Gaspard Proust, animateur sur Europe 1). La directrice réplique dans une interview télé : «Lorsque vous me demandez si j’ai reçu des pressions, c’est mortifère de laisser penser ça. France Inter est la station la plus indépendante à cet égard parce que nous ne dépendons de personne». Le feuilleton n’est pas terminé, ce coup d’éclat a provoqué des réactions médiatiques sans précédent ( c’est la raison pour laquelle je note cette Humeur). L’animatrice Charline Vanhoenacker a consacré le dimanche dans son émission hebdomadaire à Guillaume Meurice (Grand dimanche soir), en dénonçant l’extrême droite et en tournant en dérision la direction du groupe, elle ironise : «Comme l’extrême droite a décidé de nous faire taire, on ne va tout de même pas leur laisser ce plaisir», et ajoute, en montant le ton : «En matière de liberté d’expression, même s’il faut monter sur le terrain sur une seule jambe et les yeux bandés, on va le jouer ce match».   L’un des humoristes de cette émission, Djamil Le Shlag, pousse le bouchon, en reprenant les propos à l’origine de cette mise à pied et annonce en direct qu’il claquait la porte de France Inter. A suivre.

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