Hamdi Hached, ingénieur en halieutique et environnement
«Le changement climatique a un impact significatif sur l’économie nationale. Selon le dernier rapport de l’Institut arabe des chefs d’entreprise, le pourcentage du coût de l’inflation climatique sur le budget national est de 0,9%. Ce taux pourra atteindre 1,4% l’année prochaine. L’Etat doit prendre un ensemble de mesures urgentes afin de s’adapter à cette situation. Ces mesures comprennent la révision des priorités économiques et des tendances agricoles, étant donné que 80% des ressources hydriques sont destinées au secteur agricole. Il est nécessaire de restructurer la carte agricole et éviter la mauvaise gestion et la mauvaise gouvernance. De nombreuses cultures agricoles sont détruites par les températures élevées, à l’instar des légumes et des céréales. Le recours de l’Etat au dessalement de l’eau de mer est un choix vu la conjoncture actuelle. Néanmoins, ce choix a un coût énergétique élevé et est très nocif pour l’environnement. Il est donc primordial de contourner cette lacune et trouver des solutions pour que cette approche soit moins nocive pour l’environnement et moins coûteuse. Il faut, également, penser à encourager la consommation écologique, et ce, en se référant à des produits locaux de saison et en évitant autant que possible les produits emballés qui deviennent ensuite des déchets et polluent la nature. Nous devons développer les énergies renouvelables à très faible empreinte carbone et investir comme dans de nombreuses villes européennes dans l’urbanisation, à travers la création de ceintures vertes qui réduisent l’intensité des températures et agissent comme un climatiseur».
Habib Zitouna, président de l’Association des économistes tunisiens
«Lors du forum des économistes tunisiens, l’accent a été mis sur la transformation structurelle de l’économie. C’était une occasion pour définir cette transformation et aussi la façon de s’orienter vers des activités à valeur ajoutée. S’ajoute à cela la notion de l’économie basée sur la connaissance, la technologie, la recherche et l’innovation. Selon des études économiques, la transformation structurelle passe par l’agriculture, les matières premières, l’industrie des laboratoires, puis les services. Cette approche soulève plusieurs questions pour de nombreux professeurs d’économie internationale. Ces derniers ont confirmé que de nombreux pays s’orientent directement vers les services, car l’industrie manufacturière n’aura plus un rôle fondamental comme par le passé. A mon avis, elle n’aura pas une grande capacité opérationnelle. De nombreux économistes soulignent la nécessité de développer le secteur des services, notamment les transports et le commerce, qui disposent d’une capacité opérationnelle importante. L’Etat doit, en effet, y prêter attention. Il doit trouver des solutions pour ce secteur afin qu’il puisse être un moteur de croissance et contribuer à la réduction du taux de chômage. La transformation verte a, aussi, été abordée lors du forum, car un pays en développement comme la Tunisie est encore loin dans ce domaine. D’ailleurs, des fonds financiers sont requis en vue d’investir dans la transformation verte. Cette transformation pourrait être financée par des institutions donatrices dans une logique de “gagnant-gagnant”, et ce, à la lumière du changement climatique».