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Mes Humeurs: Nos cimetières

Ces derniers jours, le monde musulman célébrait la fête de l’Aïd. A cette occasion, en Tunisie notamment, beaucoup de familles se rendent au cimetière visiter leurs morts.

Un cimetière, c’est le monde du silence, un endroit qui rappelle aux êtres vivants qu’ils sont mortels. Je fais partie de ces êtres amateurs, qui prêtent attention à l’architecture, à l’aspect, à l’entretien des cimetières ; en voyage, quand j’ai assez de temps libre, je me rallie au conseil de l’écrivain Emmanuel Berl qui disait «il fait beau, allons au cimetière», j’ai donc en tête des souvenirs sur ces lieux.

Dans les villes européennes, les habitations des morts sont, non seulement un lieu de silence, de méditation sur la vie et de retour sur soi, mais un quartier d’intérêt et de découverte (aussi étonnant que cela puisse paraître). Les amateurs de littérature vont à la recherche de leurs auteurs préférés, les amateurs d’art leurs peintres ou sculpteurs, les mélomanes leurs musiciens, le cimetière Le père Lachaise à Paris abonde en tombes et mausolées de personnalités célèbres ; celui de Montparnasse n’en manque pas, non plus, et, bien sûr, tant d’autres dans d’autres villes

Le visiteur admire les stèles, lit et apprécie les épitaphes et leurs tournures, on peut rester longtemps à méditer sur les épitaphes et autres éloges, à ce propos, j’avoue ne pouvoir réprimer mon souhait de citer cette proposition du cinéaste Alfred Hitchcock : interrogé sur l’épitaphe qu’il aimerait voir gravée sur sa tombe, il répondit : «Eh bien voilà ce qui arrive quand on a été un méchant garçon».

Me reviennent de beaux souvenirs de cimetières, tel celui de la ville de Gaziantep, au sud-est de la Turquie. Deux vieilles dames, assises sur un banc, à l’ombre des acacias, papotent à voix basse, autour, le silence régnait, les tombes sont bien entretenues et les chemins sont d’une propreté sans reproches.

Un nom de cimetière saute aux yeux, à lui seul, il invite à rêver «Le cimetière marin» de Sète (sud de la France) ; ce nom est le titre d’un poème de l’écrivain et poète Paul Valéry (natif de la ville), il a remplacé, en 1945, l’ancien nom «cimetière Saint-Charles». Un titre de poème pour un cimetière, qui n’en rêverait pas ?  Vous imaginez où je veux en venir : l’état déplorable de nos cimetières (du sud au nord du pays). Je vous épargne la description (elle serait longue et affligeante.)

C’est en ces occasions de visites à nos défunts que ma conviction se renforce, je pense, en somme, qu’un peuple qui respecte ses morts, ses lieux de mort est un peuple qui respecte la vie.

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