Réforme du système éducatif (II) : Encore du chemin à parcourir !

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Le travail effectué au cours des années 2015 à 2017 n’a pas encore été mis en œuvre pour des raisons qui n’ont pas été expliquées à l’opinion publique. Alors que le sujet des réformes est sur toutes les lèvres, aucune initiative sérieuse n’est venue rassurer les Tunisiens.

Ce n’est qu’avec la nouvelle Constitution que l’affaire de la rénovation du système éducatif a été relancée, notamment avec l’idée de créer un Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement, ainsi que le lancement d’une consultation électronique sur la réforme.

Les 5 axes de la consultation

Cette consultation a duré du 15 septembre au 15 décembre 2023. Elle voulait sonder les opinions des Tunisiens sur cinq axes essentiels: éducation de la petite enfance et protection de la famille, programmes d’enseignement et système d’évaluation, temps scolaire, coordination, complémentarité entre éducation, formation professionnelle et enseignement supérieur, qualité de l’enseignement et technologie numérique et, enfin, égalité des chances et apprentissage à vie.

Selon le ministère de l’Education, cette consultation a permis la participation de 580.620 personnes. Les femmes sont en première place, avec 301.691 contributions contre 278.929 pour les hommes. Mais, malgré ces deux dispositifs, beaucoup de Tunisiens demeurent sceptiques quant à leur efficacité.

Des réserves ont été formulées par de nombreux experts et spécialistes du domaine. S’agissant de la consultation, c’est le taux très  faible de participation des citoyens qui ne manque pas d’inquiéter et de soulever de nombreuses questions sur son opportunité.

Les annonces officielles

Pour l’heure, on se contente de petites annonces et de réformettes par-ci, par-là.

Les plus récentes ont été annoncées par l’actuelle ministre de l’Education. D’ores et déjà, elle préconise une évaluation scientifique des résultats du Bac de cette année en lien avec la réforme. Idem pour les outputs de la dernière consultation électronique. Il y a, par ailleurs, l’idée d’introduire des allégements conséquents et de qualité au niveau des programmes du primaire dès la rentrée 2024-2025.

La question de la révision du temps scolaire figure à l’ordre du jour malgré sa complexité. L’autre mesure concerne les étapes d’évaluation des acquis de l’élève (4ème, 6ème et 9ème). Actuellement, il n’existe qu’une seule étape officielle d’évaluation qui n’est autre que le Bac. Des annonces ont été, justement, faites concernant la création d’une 7ème année technique au profit de certains élèves de 6ème année ou de 7ème de base dont les résultats scolaires posent problème. La ministre de l’Education a précisé qu’il ne s’agit, pour le moment, que d’une option.

Il n’en reste pas moins que le chemin à parcourir pour réaliser tant d’objectifs est encore long. Aussi, faut-il avoir les moyens de ses ambitions. Il suffit de se rappeler les estimations faites sur le coût de la réforme lors de la fin des travaux des consultations organisées il y a de cela près de 8 ans.

Ce que pourrait coûter la réforme

En ce qui concerne les estimations du coût de la réforme du système éducatif (enseignement primaire, de base et secondaire), le “Livre blanc” avait avancé 4.105 milliards de nos millimes ! Soit l’équivalent du budget du ministère à l’époque de la parution du livre.

Aujourd’hui, ce budget est de l’ordre de plus de  7.917 milliards. Autrement dit, il en faudrait autant sinon plus si on veut entreprendre une telle opération d’aggiornamento.

On peut mieux comprendre cette estimation quand on voit comment elle a été répartie.

On compte, justement, 9 objectifs stratégiques. 950 millions de dinars seraient consacrés au développement des technologies de la communication dans le cadre d’un programme “solution numérique pour tous”. Une deuxième somme de  650 millions de dinars servirait à développer les acquis des apprenants et améliorer leur apprentissage. Un autre montant de la même valeur devait être consacré à la restructuration de l’enseignement de base et secondaire. Une enveloppe de 440 millions de dinars aurait dû être allouée à l’amélioration de la vie scolaire.

En vue d’améliorer les compétences des ressources humaines, on avait prévu une enveloppe de 430 autres MD. Les principes de bonne gouvernance devaient bénéficier, à leur tour, de 420 MD. De son côté, la révision de la carte scolaire aurait demandé pas moins de 320 MD. Les deux derniers objectifs stratégiques qui devaient mobiliser respectivement 175 MD et  70 MD sont la consécration des principes d’équité et d’égalité des chances ainsi que la lutte contre le l’échec et le décrochage scolaire.

Ces neuf objectifs stratégiques qui ont été retenus par les participants aux consultations organisées depuis plusieurs années sont, toujours, d’actualité. Ils peuvent, encore, servir de référence et donner un éclairage adéquat sur le chemin de la vraie réforme.

Bien sûr, une réactualisation de certains points s’impose. Une révision des coûts, aussi.

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