Intermédiation immobilière : Pour relancer leur activité, les agences immobilières veulent changer

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Avec seulement 1.400 agences immobilières agréées en Tunisie, le secteur de l’intermédiation immobilière recèle un potentiel inexploité et peut mieux faire. C’est une activité qui joue un rôle économique important, non seulement dans la chaîne de valeur de l’immobilier, mais aussi dans la lutte contre le blanchiment d’argent. Les professionnels portent beaucoup d’espoir dans le nouveau cahier des charges qui va structurer le secteur.

Les défis du secteur des agences immobilières ont été au cœur d’une journée organisée, récemment, par le Groupement professionnel des agences immobilières (Gpai) relevant de la Conect. Cet événement a permis de mettre en lumière un secteur économiquement porteur, mais qui fait, toujours, face à plusieurs difficultés, principalement la prépondérance de l’informel.

Cette conférence a été, en outre, l’occasion de débattre, entre professionnels, des principales recommandations pouvant mettre un terme aux différentes lacunes bridant son potentiel économique réel. Il s’agissait, également, de dresser un état des lieux avec des données chiffrées servant d’un tableau de bord pour le secteur.

4 agences pour 10.000 logements

En effet, selon les estimations du Gpai, le nombre total des agents immobiliers, y compris les intermédiaires informels, s’élève à 9.000. Mais on ne compte qu’environ 1.400 agences immobilières agréées, dont 93% d’agences indépendantes, 2% d’agences faisant partie de réseaux nationaux et 5% de réseaux internationaux en franchise. Avec plus de 3,69 millions de biens immobiliers construits en Tunisie, la pénétration des agences immobilières est de 4 agences pour 10 mille logements.

Un chiffre encore faible comparé à d’autres marchés, tels que la France (17 agences) ou l’Italie (15). Selon les professionnels du secteur, ces données montrent que le marché de l’intermédiation immobilière en Tunisie est loin d’être saturé et peut encore croître avec la naissance de nouveaux opérateurs. Ils affirment, en outre, que la transparence, la réactivité ainsi que la qualité d’écoute des agents immobiliers sont les principaux critères recherchés par les clients tunisiens.

En effet, l’émergence d’une nouvelle génération d’agents immobiliers bien formés et mieux préparés pour répondre aux exigences de transparence et d’éthique professionnelle, a pu rompre avec la mauvaise image des intermédiaires immobiliers qui a été longtemps ancrée chez les Tunisiens.

Apporter une nouvelle dynamique au secteur

Les résultats d’une étude réalisée par un réseau d’agences immobilières auprès de plus de 104.000 clients témoignent de cette confiance croissante envers les agences immobilières, le taux de satisfaction étant passé de 6% en 2011, à plus de 38% en 2021. Selon les professionnels présents lors de l’événement, cette tendance haussière va se prolonger pour les prochaines années et dénote la maturité du client tunisien et son attachement à l’accès à la propriété.

L’arrivée de nouveaux acteurs, que ce soit les franchises immobilières ou les réseaux locaux d’agences, a apporté une nouvelle dynamique au secteur et a permis de redorer son blason d’autant plus que l’intermédiation immobilière est devenue aujourd’hui un métier attractif pour les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur.

Cependant, à l’instar de la quasi-totalité des domaines et secteurs économiques, l’intermédiation immobilière est à l’épreuve de la digitalisation. Selon les professionnels, les agents immobiliers doivent maîtriser et recourir à ces nouveaux outils afin d’en faire un tremplin de croissance.

Lors de la conférence, il a été également question de débattre du rôle des agences immobilières dans la lutte contre le blanchiment d’argent. En effet, l’immobilier est un secteur à risque pour le blanchiment de l’argent sale et objet d’activités criminelles déstabilisatrices de l’économie.

C’est pourquoi il est important que les agents immobiliers soient éthiquement bien formés et connaissent parfaitement leurs obligations professionnelles pour agir adéquatement en cas de soupçons qui peuvent être déclarés aux autorités via l’application «Goaml» mise en place par la Commission tunisienne des analyses financières (Ctaf) et à laquelle ils ont accès. 

En somme, les professionnels membres du Gpai ont recommandé de procéder à une restructuration du secteur par la publication d’un nouveau cahier des charges qui va permettre de résoudre les problèmes d’ordre sécuritaire et financier auxquels sont confrontés les agents immobiliers. Ils ont également proposé la mise en place d’un organisme qui assure la tutelle et l’assainissement du secteur des acteurs non autorisés.

«Il est temps de structurer ce secteur important, étant donné la part croissante des opérateurs non autorisés dans la profession qui bénéficient des mêmes avantages de l’agent immobilier qui paie ses impôts et créé de l’emploi», a souligné, à cet effet, le président de la Conect, Aslan Ben Rejeb.

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