Nos ancêtres accordaient beaucoup d’attention à la gestion de l’eau, cette denrée rare et précieuse. Il suffit de revisiter l’histoire de l’eau en Tunisie, depuis les vestiges découverts à El Guettar, en passant par la maîtrise de l’eau pendant l’époque punique et la période de l’Afrique romaine, les thermes d’Antonin, les citernes, les aqueducs de Zaghouan à Carthage et le Temple des eaux, les bassins des Aghlabides et le système d’irrigation et de régulation de l’eau d’Ibn Chebbat, pour appréhender son importance et les équipements développés pour sa sauvegarde. Cependant, malgré le stress hydrique que connaît notre pays depuis des années du fait des changements climatiques, cette culture ancestrale est en train de s’effriter à cause du gaspillage illimité de l’eau, l’accroissement des besoins, l’aggravation du phénomène du raccordement anarchique aux réseaux, outre le sondage de puits.
Mais là où le bât blesse, c’est que malgré toutes ces menaces qui pèsent sur notre pays en termes de sécurité hydrique, quand une canalisation d’eau potable est endommagée provoquant une fuite d’eau majeure, les services techniques de la Sonede n’interviennent pas à temps pour colmater la brèche et réparer les dégâts. Si ce genre de fuite survient en fin de semaine, l’eau peut continuer à couler à flots durant tout le weekend. C’est ce qui s’est passé samedi dernier, quand le Chef de l’Etat lui-même est allé inspecter la fuite et a constaté la négligence qui équivaut à un crime au niveau du district dont relève l’incident. Des mesures ont été prises, l’affaire devrait passer en justice aussi. Car il n’est pas acceptable qu’à l’heure où des nations s’apprêtent à mener des guerres pour avoir accès à l’eau, des responsables se dérobent à leurs responsabilités et fassent preuve d’une négligence extrême. En effet, depuis plus de dix ans, on assiste à une dégradation manifeste des services publics et la liste des doléances des citoyens s’allonge de jour en jour à cause des attitudes irresponsables. La liste des incidents qui troublent le quotidien de milliers de Tunisiens un peu partout dans le pays est longue. Et ce qui s’est passé samedi dernier n’est pas simplement une malencontreuse panne venue perturber la distribution de l’eau, mais la goutte qui a fait déborder le vase.