Selon Mene, le secrétaire général de la zone de libre-échange continentale africaine, le problème de l’insécurité alimentaire en Afrique n’est donc pas lié à une insuffisance de production, mais il réside plutôt dans les règles commerciales qui interdisent et contraignent la capacité des pays africains à échanger leurs produits agricoles de base.
Intervenant lors de la troisième édition du Tunisia Africa Business Meeting qui s’est, récemment, tenue à Tunis, le secrétaire général de la Zlecaf, Wamkele Mene, est revenu sur la question de la sécurité alimentaire, un défi africain par excellence.
Une incapacité productive ?
Mettant l’accent sur l’ampleur du défi de la sécurité alimentaire en Afrique, Mene a fait savoir que le continent importe des produits alimentaires pour plus de 50 milliards de dollars chaque année. « L’Afrique est un importateur net de nourriture. Plus de 32 milliards de dollars sont dépensés chaque année pour les importations de riz, maïs et autres céréales que nous importons du reste du monde. Je ne suis pas sûr que la question soit une question d’incapacité productive », a-t-il enchaîné.
Pour étayer ses propos, le haut responsable a évoqué l’exemple du Zimbabwe qui produit plus de 200.000 t de maïs par an gaspillées après récolte ou encore l’Ouganda qui produit plus de 2 milliards de litres de lait par an, dont une grande partie est également gaspillée après production.
Pour Mene, le problème de l’insécurité alimentaire en Afrique n’est donc pas lié à une insuffisance de production, mais il réside plutôt dans les règles commerciales qui interdisent et contraignent la capacité des pays africains à échanger leurs produits agricoles de base. « Il est donc beaucoup plus facile pour nous de faire venir des céréales d’Europe que d’importer celles d’Éthiopie, du Zimbabwe ou de tout autre pays africain à cause des règles commerciales qui sont trop restrictives », a-t-il asséné.
Le haut responsable estime que bien que le continent souffre de sécheresses causées par les changements climatiques, des efforts doivent être déployés pour se focaliser sur les régions productrices qui produisent non seulement pour leurs pays, mais potentiellement pour le continent. « Certains des frais de douane les plus élevés appliqués aux produits agricoles de base sont imposés en Afrique, à des pays africains. Nous devons donc réduire et éliminer ces barrières qui freinent le commerce intra-africain des produits agricoles de base », a-t-il affirmé.
Mene s’est, en outre, félicité de la convergence de point de vue sur la nécessité de fournir des financements pour améliorer la capacité productive existante. « Nous devons prendre des mesures concrètes pour permettre aux petits exploitants agricoles de faire partie de la chaîne de valeur globale qui ne doit pas se concentrer uniquement sur les grandes entreprises agricoles et leur permettre également d’accéder aux marchés », a-t-il commenté.
Il a évoqué, dans ce contexte, l’exemple du Kenya qui commençait à commercialiser le thé, produit par de petits exploitants agricoles que le gouvernement a organisés en coopératives.
« Nous savons donc qu’il existe des exemples d’intégration des petits exploitants agricoles dans la chaîne de valeur agricole, leur permettant de faire partie du commerce intra-africain. Donc, le financement et la suppression des barrières intra-africaines pour les produits agricoles de base sont deux composantes essentielles pour vaincre l’insécurité alimentaire en Afrique », a-t-il conclu.