En plus de son élite sportive composée de 26 athlètes, la Tunisie sera représentée à cette rencontre universelle par un grand nombre de Tunisiens résidant en France, dont certains ont été triés sur le volet parmi les compétences étrangères. Témoignages.
Alors que le paysage politique français est en pleine recomposition, l’Hexagone s’apprête à accueillir les JO, un événement sportif à dimension planétaire, à partir du 26 juillet au 11 août 2024. C’est-à-dire demain, quoi !
Un « great event» pour la préparation duquel un pays s’est mobilisé, trois dernières années durant, investissant des sommes colossales (non encore officiellement estimées) pour le financement d’importants projets de construction de nouveaux sites sportifs et d’hébergement, pour la consolidation de l’infrastructure existante, l’acquisition d’un solide parc roulant, ainsi que l’aménagement d’espaces verts et de circuits touristiques ainsi que le recrutement de milliers de cadres, d’employés et de volontaires pour étoffer les effectifs disponibles. Et c’est justement ce dernier point qui nous intéresse le plus, étant donné que des Tunisiennes et Tunisiens en font partie.
Que de volontaires chanceux !
En effet, ceux, toutes nationalités confondues, qui auront la chance de vivre ce grand événement sur place ne manqueront pas, en sillonnant les sites de la compétition, de croiser des Tunisiens venus pas seulement en touristes, mais des participants au comité d’organisation des JO. Selon les nouvelles qui nous sont parvenues de la capitale française, des dizaines de TRE ont été recrutés pour renforcer les équipes de volontaires. Triés sur le volet parmi des centaines de candidats de différentes nationalités, ils ont été soumis ensuite et pendant plusieurs semaines à des séances de répétition, pour qu’ils soient prêts le jour J. « J’ai été affecté à la commission de sécurité chargée de surveiller, 24 heures sur 24, le village olympique, lieu des compétitions », lance fièrement Khaled, 28 printemps, domicilié à Rennes (région de Bretagne) depuis six ans.
Cet ex-boxeur originaire de Jebal Lahmar et marié à une Française se dit enthousiasmé par la perspective de vivre ce rendez-vous mondial. « Dieu merci, ajoute-t-il, mon expérience d’ancien puncheur des rings m’a aidé dans ma tâche d’agent de sécurité ». Ahmed, 32 ans, lui, de Lyon, a été casé dans le pavillon «entretien et maintenance».
Plombier de formation, il se réjouit à l’idée d’être de la fête. « Une occasion, souligne-t-il, pour déstresser et nouer de nouvelles relations, tout en s’efforçant de faire honneur à mon pays ».
Rached, 39 ans, Hammametois de pure souche, a été enrôlé comme chauffeur. «D’un côté, explique-t-il, je suis content de participer à ces rencontres grandioses, en tant que membre du comité d’organisation. De l’autre, quand je pense que ma femme et mes trois enfants que j’ai laissés à Toulouse vont me manquer cruellement, je me dis que le verre est à moitié vide. Enfin, tout passera vite, j’espère ».
Savourer les spécialités bien de chez nous
Outre ces volontaires pleins d’allant, la Tunisie sera également représentée à ces olympiades par nos concitoyens exerçant dans d’autres secteurs.
C’est le cas de Kais, 44 ans, ancien handballeur du CA qui possède un restaurant huppé dans la région parisienne. « Mon établissement flambant neuf, avoue-t-il, marche bien, hamdoullah, car j’y ai investi mon expérience et mon savoir-faire, d’où ma conviction qu’il plaira également aux nombreux visiteurs que draineront ces jeux, d’autant plus que chez moi, les cuisines occidentale, arabe et tunisienne font bon ménage». Kais qui affirme avoir dû, à cause de cet événement, sacrifier ses vacances d’été qu’il comptait passer en Tunisie, ne fait pas, par contre, mystère de son inquiétude quant à la persistance de menaces sur les Jeux.
« De l’aveu même des organisateurs, indique-t-il, le plan de vigilance est à son paroxysme, au regard des sérieuses menaces terroristes qui planent sur ce rassemblement planétaire ».
Non loin de là, d’autres commerçants tunisiens basés dans la ville Lumière sont déjà à pied d’œuvre, après avoir constitué leurs stocks en denrées alimentaires.
Cela est surtout valable pour les restos de vente de beignets, de briks, de fricassées et de makroudh, ainsi que pour ceux qui sont restés fidèles à la si chère cuisine traditionnelle bien de chez nous. Les visiteurs étrangers devront venir se bousculer dans les cafés parisiens gérés par des Tunisiens.
Là où devant les prestigieux tableaux d’art racontant Sidi Bou Saïd, Djerba et Carthage, ils feront une belle découverte, à savoir notre chicha nationale qu’on sert avec une assiette de baklaoua, au son des airs du bon vieux temps. « Je connais ici, révèle Kais, des cafés au style typiquement tunisien qui vont faire sensation lors des JO, grâce à leur sens de l’innovation, à la propreté des lieux et à l’excellente qualité des services ».
Et les migrants, disons, clandestins ? S’aventureront-ils à venir s’y coller en mettant en péril leur sort, en raison de leur situation irrégulière ? Difficile d’y répondre réagit notre interlocuteur qui estime que «les plus chanceux des sans-papiers devraient se contenter de miettes, en se transformant en vendeurs à la sauvette, tout en ayant, bien sûr, les yeux grands ouverts sur les patrouilles de police dont la mobilisation s’annonce d’une ampleur sans précédent».