L’été est bien là avec son charme, ses baignades, ses longues veillées et ses festivals qui drainent d’immenses foules. Le secteur touristique retrouve ses jours heureux, avec plus de 3,37 millions de touristes accueillis depuis janvier 2024. En revanche, les unités sécuritaires et les services spécialisés sont sur le pied de guerre. Ils sont peu visibles sur le terrain, mais partout présents et plus efficaces que jamais dans la lutte contre toute forme de criminalité et tentative de déstabilisation et d’ingérence.
Avec la nomination d’un nouveau ministre de l’Intérieur, ce département régalien était prêt à se plier à de nouvelles exigences inhérentes au respect des droits du citoyen, d’une part, et, d’autre part, à réagir de manière efficace contre les différents types de crime. La nomination d’un juge à la tête dudit ministère et d’un nouveau secrétaire d’Etat chargé de la Sécurité nationale, a été suivie par de nouvelles nominations au niveau des districts de la Garde nationale et la mise à la retraite d’anciens hauts cadres qui ont bénéficié de quelques années supplémentaires dans leur parcours professionnel.
Le Président de la République a, à ce titre, souligné « la nécessité de redoubler d’efforts pour faire face à toutes les formes de criminalité dans le strict respect des droits, des libertés et de la dignité humaine ». C’était lors d’une rencontre tenue au Palais de Carthage, accordée au nouveau ministre de l’Intérieur Khaled Nouri, et le nouveau secrétaire d’Etat chargé de la Sûreté nationale. Ces recommandations nous éclairent sur les nouvelles lignes directrices de la sécurité nationale, notamment en matière de déploiement et de réponses apportées aux plaintes et réclamations des citoyens.
Gagner plutôt en efficacité
La période où le ministère de l’Intérieur était soupçonné d’atermoiement, de fragilité, et même de parti pris, n’est plus qu’un mauvais souvenir et les citoyens espèrent que les unités sécuritaires contribueront à faire prévaloir la sécurité publique, en protégeant surtout les personnes et en maintenant l’ordre public. Débarrassées du joug des ordres et recommandations politiquement orientées qui avaient marqué les années post-2011, les unités sécuritaires sont appelées aujourd’hui à jouer un rôle crucial dans la préservation de l’ordre public et la sécurité intérieure. La présence, de manière continue, des unités sécuritaires dans des endroits précis, a un effet contreproductif sur le volet de la sécurité, nous indique un haut cadre relevant du ministère de l’Intérieur. « Aujourd’hui, l’intervention de nos unités est adaptée selon les besoins et les requêtes des citoyens et bien évidemment après la collecte de renseignements».
Il est vrai que depuis quelque temps, les unités de la police tunisienne se font moins visibles. C’est un choix délibéré, car elles sont aujourd’hui plus efficaces sur le terrain de la lutte contre le crime, grâce à la modernisation et la numérisation des services de contrôle à distance. Ceci explique par ailleurs le fait qu’au niveau de plusieurs ronds-points dans les agglomérations urbaines, la présence d’unités sécuritaires se fait de plus en rare, ajoute notre source.
Il est vrai que le citoyen s’est habitué, depuis longtemps, à voir les agents de police partout. Cette présence policière visible contribuait à nourrir le sentiment de sécurité chez les citoyens. Ces derniers se demandent aujourd’hui où est passée la police et pour quelles raisons le nombre de patrouilles est en net recul.
Le contrôle des points névralgiques dans les villes est assuré en majeure partie par des caméras IP de vidéosurveillance dotées d’intelligence artificielle selon des règlements préétablis et en accord avec l’Instance nationale de protection des données personnelles, nous répond une source sécuritaire. Et de préciser : « Nous n’avons plus besoin d’une armada de policiers pour garantir la sécurité, mais plutôt d’un système de contrôle et de reconnaissance électronique à distance hautement sophistiqué ».
Ainsi, la police opte-t-elle pour des opérations ajustées aux besoins et selon les requêtes et plaintes des citoyens et sur la base de l’analyse des informations opérationnelles. C’est ainsi que, tout récemment, plusieurs campagnes sécuritaires ont ciblé des plages et des quartiers populaires où la sécurité des citoyens était menacée par des éléments recherchés par la justice ou en situation irrégulière. A titre indicatif, dans la soirée du samedi 22 juin 2024, une campagne qui a couvert l’ensemble du territoire a permis d’arrêter quelque 1.416 personnes recherchées. Cette campagne visait à maintenir la sécurité publique et à lutter contre différents types de délinquance. Plusieurs quantités de drogues, de moteurs et de barques destinés à l’émigration irrégulière avaient été saisies par les unités sécuritaires, lors de cette campagne.
Système d’information géographique et système d’aide à la décision
Ainsi, la fameuse « Salle centrale des opérations » se trouve en première ligne de lutte contre le crime et les infractions, surtout dans la mise en œuvre du «système de détection automatique des infractions routières ». Ceci traduit l’intérêt accordé par le nouveau ministre, Khaled Nouri, à cette direction, puisque sa première visite d’inspection a été consacrée à cette salle. Ce système contribuera assurément à améliorer la sécurité du trafic routier et à réduire les accidents de la route. Ce qui importe le plus, ce sont les deux projets liés au « système d’information géographique » qui analyse et cartographie tous les types de données, et au « système d’aide à la décision » qui ont été passés en revue à l’occasion de la visite du ministre.
Ces deux systèmes sont susceptibles, selon un communiqué publié par le ministère de l’Intérieur, de contribuer au développement et à la modernisation des méthodes de travail, en tirant profit des technologies modernes et de la recherche scientifique.
A ce titre, Nouri a souligné que le développement de tels systèmes et leur bon usage permettraient d’atteindre les objectifs escomptés en matière de protection des biens publics et privés, des citoyens et de réduction des accidents de la route, soulignant la nécessité d’accélérer l’application de ces mécanismes de travail dans les plus brefs délais et de les exploiter de manière optimale.
Notons qu’un projet amendant et complétant le code de la route a été examiné le 21 mars, en Conseil des ministres. Ces amendements reposent sur le renforcement du contrôle à distance (radars automatiques), le développement du système actuel de contrôle sur les routes, outre la révision du classement de certains crimes de la circulation et leurs sanctions, visent à instaurer un cadre de loi permettant d’améliorer la sécurité routière sur les routes, et de réduire les accidents de circulation. Les fous du volant sont avertis.
D’après les statistiques de l’Observatoire national de la sécurité routière, les routes ont enregistré 5.688 accidents en 2023, contre 5.715 en 2022. Le nombre de décès dus aux accidents de la circulation s’élève à 1.213, en hausse de 14,8% sur un an. Le non-respect de la limitation de vitesse, la distraction, la somnolence au volant, la conduite en état d’ébriété, l’utilisation du téléphone portable et le non-port de la ceinture de sécurité figurent parmi les principales causes des accidents mortels.
Opération blanche d’intervention et d’évacuation d’otages
Le volet de la lutte contre le terrorisme et les tentatives de déstabilisation occupe toutefois une place prioritaire dans les plans de prévention et d’intervention mis à jour régulièrement selon les menaces recueillies. Ainsi, l’économie nationale se libère du joug des institutions financières internationales, et le secteur touristique retrouve ses jours heureux avec plus de 3,37 millions de touristes accueillis depuis janvier 2024, soit une progression de l’ordre de 5,3% par rapport à la même période de 2023, selon l’Office national du tourisme tunisien. Et bien que la menace terroriste ne soit jamais à écarter, la prévention et l’anticipation aident à réduire les risques d’attaques-surprises.
Et c’est dans le cadre de la prévention des actions terroristes que le MI a mis sur pied un dispositif discret et renforcé les contrôles autour des hôtels et sites archéologiques. Ainsi, une opération blanche a-t-elle été organisée (Livex: Live Exercise selon le communiqué du ministère de l’Intérieur), le 03 juillet dernier dans la zone située entre Radès et la Cité de la Culture, en plein centre de Tunis. Le ministre de l’Intérieur accompagné du Secrétaire d’Etat chargé de la sécurité nationale, Sofiene Bessadok, avaient supervisé cette opération.
Une vidéo a été postée sur le site dudit ministère montre des membres de la brigade antiterroriste (BAT), de l’unité spéciale et régionale de commandos d’intervention rapide de la sûreté nationale (Bnir), de l’unité nationale des enquêtes contre le crime terroriste et de la sécurité publique, en train de libérer des citoyens pris en otage par des terroristes dans l’une des salles de la Cité de la culture et d’évacuer les blessés, avec l’usage d’armes et de moyens de communication et d’observation ultrasophistiqués.
Il s’agit là d’évaluer le niveau de préparation et le temps de riposte des unités, car il faut bien préciser à ce propos que l’attentat perpétré à Djerba, en mai 2023, par un agent de la Garde nationale aurait pu être évité, selon le témoignage d’un haut cadre sécuritaire ayant requis l’anonymat. « Tout s’est semble-t-il joué sur le retard de la riposte. Rien à reprocher au dispositif sécuritaire qui a été mis en place », ajoute-t-il. Il reconnaît toutefois qu’au niveau de la coordination entre les différentes unités d’intervention est complexe, ce qui nécessite l’organisation de tels exercices pour pallier les lacunes.
Le pays se porte bien et avance lentement mais sûrement. Mais les geignards sont toujours prompts à relayer de fausses informations. D’autres parties n’ont pas hésité à nouer des relations douteuses avec des parties étrangères, rien que pour accéder au pouvoir, ne se souciant guère de la souveraineté du pays. Ceux-là semblent pratiquer une sorte d’autisme politique.
Au demeurant, certains se sont trouvés derrière les barreaux accusés de complot contre la sûreté de l’Etat. La présidentielle étant fixée pour le 6 octobre prochain, il faut s’attendre à un déluge de fake news. Ceci entre dans le cadre de la guerre souterraine ayant pour dessein la déstabilisation menée par des services d’intelligence étrangers qui comptent beaucoup sur certains collaborateurs sur place.
A titre de rappel, cinq Suédois ont été arrêtés en septembre 2023, sur ordre du premier juge d’instruction près le Pôle judiciaire antiterroriste, dans une région à Hammamet en possession d’armes à feu. Ce dernier avait émis des mandats de dépôt à leur encontre pour espionnage au profit d’entités et agences étrangères. Une affaire qui ne manque pas de nous interpeller sur les menaces qui pèsent indubitablement sur notre pays.