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Site archéologique de Dougga : Le riche passé de Thugga

 

Inscrit en décembre 1997 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, le site archéologique de Dougga, situé au nord-ouest de la Tunisie et qui vient d’abriter la 48e édition  du Festival international de Dougga, continue à émerveiller visiteurs étrangers et locaux impressionnés par ses vestiges très bien conservés qui témoignent du riche passé de cette cité.

La richesse et la diversité des vestiges de Dougga confèrent à ce site archéologique son caractère et sa dimension exceptionnelles en Tunisie et dans la région du Maghreb. Située sur une falaise abrupte surplombant la plaine de l’oued Khalled, Dougga, de son vrai nom Tukka (Thugga), fondée probablement entre la fin du VIe siècle et le début du Ve siècle av. J.-C  n’avait pas l’importance de Carthage. Pourtant, en raison de son emplacement stratégique et de la richesse  et de la fertilité de ses sols et de ses sources abondantes, elle va susciter la convoitise des populations numide, punique et romaine. Thugga garde, en effet, de nombreuses traces, de sa riche période libyco-punique numide et romaine. L’histoire de la cité s’est déroulée dans la douleur et la souffrance. Lors de l’expédition d’Aghatocle de Syracuse surnommé également « tyran de Syracuse » en Afrique, contre Carthage, qui a duré trois ans, son fils qui a pris le commandement de l’armée après le retour de son père en Sicile charge un de ses commandants d’avancer et de conquérir le maximum de terres. Thugga, qui est, alors, une grande cité numide (première capitale du royaume numide) et qui fait partie d’une circonscription englobant une cinquantaine d’agglomérations, est prise d’assaut et tombe aux mains du dénommé Eumaque. C’est une cité au riche passé numide que découvre le commandant et ses soldats. Cette cité, qui couvre une vaste étendue, est dotée, en effet, d’une muraille flanquée de tours avancées, d’une nécropole dolménique, d’un temple construit en 139 av. J.C et dédié au culte du défunt roi numide Massinissa, d’un mausolée libyco-punique construit sur trois étages…

Coexistence punico-numide et romaine

Au cours de l’occupation romaine qui coïncide avec la défaite de Juba 1er à partir de 46 av. J.-C et qui va durer pendant plus de deux siècles, l’agglomération va connaître une remarquable évolution urbaine sous l’influence de la co-existence de deux civilisations ; la civilisation punico-numide autochtone et la civilisation greco-latine des colons romains. Bien qu’elles soient très différentes, les deux communautés vont vivre ensemble en parfaite harmonie et dans le respect de la culture et de la religion de chacun. Bien que les colons romains aient une conception très différente de l’architecture et de l’urbanisme, ils choisissent de vivre dans le même cadre urbain que celui de la population autochtone. La cité se métamorphose avec la construction de nouveaux monuments et l’aménagement d’espaces publics qui transforment le paysage urbain. Elle voit notamment le démarrage de chantiers de grande envergure qui vont s’étendre sur plusieurs années. Le premier monument majestueux qui est construit est un temple romain consacré au culte de l’empereur romain Tibère, successeur d’Auguste. Une grande place publique aménagée et recouverte de grands pavés en pierre accueille les pagani (pagus) qui sont des citoyens romains et la communauté relevant de la civitas composée d’autochtones, de notables romains… Un siècle après, sous le règne d’Antonin le Pieux, cette place publique appelée forum va être enrichie par des portiques richement ornementés.

Construction du Capitole

Sous le règne conjoint de Marc Aurèle et  Lucius Veru, un autre monument va voir le jour : il s’agit du fameux Capitole érigé en 166 ou 169 ap. J.C qui va faire la renommée de la cité romaine et qui abrite actuellement le festival international de Dougga. Outre le Capitole, la  place publique qui représente le Forum va progressivement s’agrandir au cours des règnes successifs des empereurs romains avec la réalisation de nouveaux monuments construits par de riches Romains. L’un d’eux sera dédié à l’empereur Claude. Un marché où s’aligne une rangée de boutiques va voir également le jour. Celles-ci seront détruites et un portique sera édifié à leur place. Il y aura également l’aménagement du temple de Mercure, de l’actuelle place de la Rose des Vents  ainsi que du fameux aqueduc Aïn Hammam-Thugga. Au cours des deux siècles qui vont suivre, la place du Forum va prendre toute son envergure. Ces monuments, dont il ne reste aujourd’hui que les vestiges, confèrent à ce site sa majesté, sa grandeur et surtout son aura intemporelle si particulière qui ne cesse d’impressionner les visiteurs et qui lui sied à merveille.

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