Accueil Société Projet de gestion intégrée des déchets à Testour — État des lieux:  A pas sûrs, mais lentement !

Projet de gestion intégrée des déchets à Testour — État des lieux:  A pas sûrs, mais lentement !

Tant attendue, la décharge contrôlée de Testour, au gouvernorat de Beja, au nord-ouest de la Tunisie, est en cours de gestation et s’inscrit dans le droit fil d’un projet de gestion intégrée des déchets. Etat des lieux.


Six ans déjà, l’idée fait encore son chemin. Ce projet, qui avait trébuché sur la crise du Covid, doublée d’un blocage financier prolongé, semble, déjà, être remis sur les rails. Il avance, certes, à pas sûrs, mais lentement ! Et à force d’en parler, les jeunes au lycée Ibn Zohr ont fait de ce projet de valorisation des déchets basé essentiellement sur le concept de tri sélectif leur cheval de bataille. Ils ont assimilé ce qu’ils ont appris.

Initiation au tri sélectif, mais

Leur proviseur, Radhouane Hammami, leur avait assuré l’encadrement et l’accompagnement requis, mettant tout à leur disposition. Sont installées dans les coins du lycée, des poubelles de différentes couleurs servant de codes de tri des déchets courants, à savoir le plastique, le carton et le reste des matières organiques. Les couleurs des poubelles aident à faciliter le tri des déchets… «Il s’agissait d’un projet scolaire qui fut entamé l’année dernière, visant à sensibiliser nos élèves au tri et leur apprendre à récupérer leurs rejets. Ce projet, on l’a repris cette année, mais ça n’a pas abouti au résultat escompté…», regrette-t-il. L’homme semble plus déterminé à continuer, sans lâcher prise.

Mais il n’est pas seul, le ministère de l’Education, lui aussi, s’y implique fortement, en guise d’un nouvel engagement pour un appui institutionnel. Inspectrice générale de français, Raja Kameche a été nouvellement désignée par la ministre de tutelle pour assurer le suivi de ce projet au sein du lycée. «Avant, je n’étais pas au courant de quoi il s’agit, à moins que Si Radhouane me tienne, à chaque fois, informée de l’état d’avancement de ce projet. J’étais, alors, très motivée et quand je me suis chargée de cette mission, je l’ai accomplie parfaitement», déclare-t-elle, fière, indiquant qu’elle a essayé de tout comprendre sur le tas, la nature du projet, les défis et les enjeux y liés. Et maintenant qu’elle se sent entièrement impliquée, elle doit préparer ce qu’elle devrait faire prochainement, en collaboration avec ses collègues : «Qu’est-ce qu’on va lancer comme projet d’établissement et quel club devrait-on créer, en guise d’appui audit projet?», rétorque-t-elle, sur un air engagé.

Mission d’élèves à Lescar

Avoir le souci de son environnement est une question de mentalité. Les élèves d’Ibn Zohr, eux aussi, ont manifesté un grand intérêt pour ce projet, s’engageant à aller encore plus loin, dans la mobilisation et l’action. Ils agissent comme une caisse de résonance, se posant en ambassadeurs du projet pour en faire la promotion. En mai dernier, ils étaient auprès de leurs pairs, au lycée secondaire Jacques Monod à Lescar, en France, pour une mission de cinq jours bien chargés. «En vérité, nous étions chaleureusement accueillis dans des familles de nos collègues du lycée Jacques-Monod de Lescar. Pour nous, c’était très intéressant d’avoir eu l’opportunité d’établir des contacts, de discuter et d’échanger sur des questions liées à l’environnement, dont particulièrement le tri sélectif et la valorisation des déchets», témoignent les jeunes élèves testouriens. Dans ce cadre, des jeunes élèves lescariens seront, à leur tour, attendus, d’ici novembre prochain à Testour.

Pour la maire de Lescar, l’occasion était telle qu’elle inaugure une nouvelle page d’amitié et de fraternité entre la France et la Tunisie. Ainsi, l’accord de jumelage déjà signé entre les deux établissements éducatifs respectifs était, alors, le fruit d’une coopération décentralisée entre les deux pays amis. C’est que tout puisait dans un projet environnemental local à Testour. Ce fut, alors, une initiative salutaire prise, volontiers, par l’Association franco-tunisienne des Pyrénées-Atlantiques (Afraht 64) qui était toujours la partie la plus diligente. Et c’est son président, Mohamed Ferchichi, une de nos compétences établies à Pau, en France, qui lui a ainsi donné corps.

Un tel ouvrage d’intérêt public, et dont la portée écologique et économique n’est plus à démontrer, ne serait-ce que pour rendre Testour un pôle du développement attractif fort prisé. Aussi, y a-t-il raison de l’ériger à un statut privilégié, l’intégrant dans un circuit écotouristique savamment protégé. Sa médina, sa grande mosquée particulière et sa fameuse horloge inversée anti-temps, ses produits de terroir au goût succulent, son patrimoine andalou plus que séculaire n’en finissent pas d’impressionner les visiteurs. Tourisme et propreté vont ainsi de pair.

La valorisation des déchets a un sens

En fait, c’est à quoi s’en tient ce mégaprojet de gestion de déchets dont la phase phare serait celle de la création d’une décharge contrôlée sur un site aménagé en dehors de la ville. Cela dit, ce chantier aurait besoin d’infrastructure de bonne facture, de moyens humains et matériels, de la logistique, mais aussi davantage de sensibilisation sur son utilité, notamment écologique. Ce qui requiert une éducation à l’environnement et une culture écocitoyenne pérenne. Ça s’apprend, bien évidemment, à moins que l’enjeu «propreté» incarne les esprits et les comportements. Afin que tout se traduise dans les faits.

Et là, il a, d’emblée, fallu commencer par des lycéens, censés jouer les bons relais en termes de communication et de conviction. Surtout qu’ils ont fait preuve de conscience et du sens écologique, du moins au sein de leur établissement scolaire. D’ailleurs, leur séjour immersif à Lescar leur a permis d’apprendre sur le tas les techniques et les procédés utilisés dans la valorisation des déchets. D’autant plus que la visite à l’usine de tri de Sévignac et à la Recyclerie d’Emmaüs —un lieu de collecte, de valorisation et de commercialisation d’objets inutilisés—, leur avait beaucoup apporté. «Dans leur culture culinaire, à titre d’exemple, le concept revalorisation demeure ainsi synonyme de réutilisation, luttant contre tout gaspillage alimentaire. Ainsi va la vie des Lescariens…!», s’expriment-ils, fort impressionnés. Soit le même principe adopté pour leurs déchets ménagers, sur fond d’une certaine culture d’économie circulaire. L’utilité de l’inutile, en quelque sorte. C’est bien là le vrai sens de la valorisation, sur quoi la commune de Testour, ainsi que toute la population autochtone, devrait ainsi travailler d’arrache-pied. «On vient de signer le renouvellement de la convention de coopération pour aller de l’avant vers l’accélération des travaux de réalisation du projet. Ce faisant, on a déjà acquis le lot du terrain abritant le site du projet et aménagé ses pistes d’accès», nous confie Mme Lobna Guesmi, secrétaire générale de la commune de Testour. Actuellement, elle s’attelle à piloter une vaste campagne de sensibilisation sur le contenu du projet et les grands objectifs à atteindre. Il importe, ici, d’éclairer les lanternes et mettre la population au courant de toute phase d’avancement.

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