C’est une belle histoire de senteurs, de parfums, de fleurs et de fruits. C’est aussi une immersion dans la magie de la longue et immémoriale tradition des alambics et des distillations d’essences .
C’est une success story qui mérite qu’on la raconte. Hassen Kaabachi est de ces jeunes gens pressés de mordre la vie à belles dents, mais ne sachant par quel bout l’attaquer.
Fils d’un couple d’enseignants pour qui les études ne sauraient être question de dilettantisme, il se laissait plus tenter par le monde de la nuit que celui des veillées studieuses. Etudiant à Londres, ma foi quelque peu dissipé, il se trouva livré à lui-même et à ses propres moyens de subsistance en guise de représailles. Aujourd’hui, il l’avoue, pour rude que fut la leçon, elle fut bonne. Le voilà donc enchaînant les petits boulots, apprenant la vraie vie, et réussissant à s’en sortir, indemne et diplômé. De retour en Tunisie, se posa la question que se posent la plupart des jeunes : que faire ?
Rêves parfumés
Une opportunité se présenta, fruit d’une rencontre, ou signe du destin pour celui qui se voulait graine d’entrepreneur. Opportunité qui n’avait rien à voir avec sa formation initiale, mais Hassen Kaâbachi, on l’aura compris, ne reculait pas devant l’inconnu. Il s’agissait pour lui de pénétrer un univers mystérieux, magique, appartenant à une tradition millénaire, chanté par les poètes, objet de tous les fantasmes : le monde de la parfumerie. Et comme les rêves parfumés ont tout de même un prix, il était judicieux de surfer sur la vague écologique dans l’air du temps, retour à la nature, sélection privilégiant les produits et essences naturelles.
La première distillation, fleurs d’oranger et romarin, fut un désastre, entièrement brûlée. La seconde plus prometteuse lui permit de gagner….60 dinars. C’était un début, modeste, certes, mais symbolique puisqu’il permit d’ouvrir un compte en banque.
Voilà notre futur entrepreneur, la tête pleine d’étoiles, parti à la conquête de marchés extérieurs… qui, apparemment fort sollicités, ne répondirent guère à ses quelque 1.500 mails.
Qu’à cela ne tienne ! Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. Et le marché intérieur était un champ à conquérir.
Aujourd’hui, Ecovillage emploie une centaine de personnes qui toutes apportent une touche de créativité, d’imagination, de nouveauté et ont marqué de leur empreinte le développement de la marque. Il décline quelque 250 références entre parfums, savons, crèmes et autres produits. Il n’emploie que des produits naturels puisque c’est ce qui fait son ADN, et collabore étroitement avec les artisans pour ses packagings, faisant appel à des céramistes, des dinandiers, des souffleurs de verre, des sculpteurs sur bois d’olivier et autres détenteurs de savoir-faire traditionnels.
Allant plus avant dans sa démarche, Hassen Kaâbachi s’intéresse aujourd’hui au bien-être corporel et olfactif. Sa nouvelle ligne Alambic, inaugurée il y a quelques jours, toujours inspirée de la nature, et d’un univers floral, propose de personnaliser les produits et d’offrir à chacun un univers dans lequel s’immerger.
Et bien qu’il ne soit pas un rêveur, Hassen Kaâbachi caresse un rêve que lui ont peut-être suggéré les vapeurs de ses distillations : ouvrir un musée du parfum. Un lieu qui raconterait l’histoire, les mythes et les réalités de ce culte immémorial célébré par les saints et les poètes.