Accueil Economie Ce que révèle la 10e édition du baromètre EY : Les entreprises tunisiennes font preuve d’une résilience extraordinaire

Ce que révèle la 10e édition du baromètre EY : Les entreprises tunisiennes font preuve d’une résilience extraordinaire

 

Malgré le scepticisme des entreprises face au contexte économique, social et politique actuel, ces dernières continuent de faire preuve de résilience. Le baromètre EY 2024 révèle cette capacité d’adaptation dont elles font montre et souligne leurs préoccupations ainsi que leurs priorités pour la période à venir.

Les résultats de la 10e édition du baromètre EY des entreprises en Tunisie ont été, récemment, dévoilés lors d’un événement qui a réuni des représentants des secteurs privé et public. Ce baromètre, rappelons-le, vise à donner un éclairage sur le moral, les préoccupations et les perspectives des dirigeants d’entreprises, dans le contexte politique, social et économique actuel de la Tunisie. La dixième édition s’est distinguée par sa partie focus qui a porté sur les mesures de relance de l’investissement. En somme, les résultats reflètent une légère dégradation de l’optimisme par rapport aux deux dernières éditions au profit d’une stabilité de l’opinion générale, l’enquête s’étant déroulée entre mai et juin de l’année en cours.

Un certain optimisme

L’évaluation de la situation politique reste dans l’ensemble fortement négative même si un air d’optimisme semble s’installer progressivement. En effet, le pourcentage des répondants qui sont favorables à la situation politique du pays est passé de 2% en 2021 à 24%.

Il en va de même pour la situation sociale et économique où la part des chefs d’entreprise qui jugent la situation sociale et économique comme étant bonne ou plutôt bonne est passée de 2% en 2021 à 16%. Selon les auteurs de l’enquête, ces résultats montrent que malgré une amélioration de la perception des dirigeants après la crise du Covid, le contexte économique et social est jugé fortement défavorable. Cependant, la majorité des chefs d’entreprise ont du mal à appréhender le futur : la proportion des répondants anticipant une amélioration de la situation économique et sociale du pays est passée de 29% en 2023 à 19% en 2024. Et d’une manière générale, la forte hausse de l’optimisme des dirigeants d’entreprise sur l’évolution de la situation politique, économique et sociale enregistrée entre 2012 et 2014, a été suivie par une baisse importante en 2016, une tendance qui s’est maintenue jusqu’en 2024.

Par rapport au climat des affaires, les dirigeants d’entreprises tunisiennes semblent naviguer avec pragmatisme et résilience, en quête de croissance tout en restant attentifs aux signaux macroéconomiques et politiques. Si 2023 marque un rebond de la confiance avec 25% des chefs d’entreprise qui sont à nouveau enclins à envisager une amélioration du climat d’investissement, en 2024, les attentes montrent un léger recul, favorisant plutôt une perception d’une stabilité du climat d’investissement.

«Notre analyse longitudinale du Baromètre des entreprises en Tunisie met en évidence une dissociation entre la perception du climat d’investissement et les stratégies d’investissement réelles des entreprises suggérant une résilience et une volonté de saisir des opportunités indépendamment des défis macroéconomiques», expliquent les auteurs de l’enquête. Un examen des préoccupations majeures des chefs d’entreprise au cours des 12 dernières années révèle que, depuis 2018, la dégradation de la situation économique de la Tunisie arrive en tête de leurs inquiétudes. L’analyse sectorielle de l’enquête 2024 démontre que la qualité du service de l’administration publique et la pression de la charge fiscale font partie des préoccupations majeures pour les entreprises opérant dans le secteur de la production industrielle et des services. Concernant les perspectives commerciales, l’évaluation positive telle que perçue par les chefs d’entreprise a connu un déclin entre les éditions 2023 et 2024. Alors que 18% des répondants avaient signalé une diminution de leur activité lors de l’édition 2023, ce chiffre est monté à 25% en 2024 marquant une hausse de 7 points. La proportion des chefs d’entreprise exprimant une amélioration ou une forte amélioration passe de 45% en 2023 à 40% pour l’édition 2024. Par ailleurs, 26% affirment que l’évolution de la conjoncture économique et sociale en Tunisie est l’élément qui a le plus d’influence sur l’évolution de leurs activités, tandis que 20% estiment que le cadre d’investissement est déterminant. En termes de performance commerciale, on observe une diminution des chefs d’entreprise rapportant une amélioration, avec un recul de 56% en 2023 à 47% en 2024.

Quelles sont les principales priorités ?

L’analyse sectorielle indique que 38% des entreprises opérant dans le secteur du commerce ont subi une baisse de leur chiffre d’affaires, tandis que le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) s’en sort bien avec 59% des entreprises enregistrant une croissance de leurs revenus. Par ailleurs, les résultats de l’enquête ont révélé que les priorités des dirigeants varient selon la conjoncture avec pour objectif l’amélioration de la performance de leurs entreprises. L’optimisation des processus, qui a gravi les échelons pour devenir la principale action envisagée par 20% des répondants, indique une prise de conscience croissante de l’importance de l’efficacité opérationnelle. Parallèlement, la focalisation sur la revue de la stratégie et le renforcement de la digitalisation montrent que les entreprises sont également concentrées sur l’adaptation à l’évolution des marchés et l’intégration des technologies numériques.

La digitalisation, en particulier, continue à gagner en importance soulignant son rôle essentiel dans la modernisation des entreprises et l’amélioration de l’interaction avec les clients. La diversification vers de nouveaux marchés géographiques, entrée en classement en 2023, arrive cette année en première place avec 28%. Selon les auteurs de l’enquête, cette nouveauté dénote une réelle prise de conscience de l’importance de l’expansion géographique pour la pérennisation des entreprises tunisiennes. Aussi, 38% des entreprises envisagent de mettre en place un programme de réduction des coûts, ce qui indique la priorité accordée à l’efficience et à la maîtrise budgétaire dans un contexte potentiellement volatil. On estime que cette approche prudente et centrée sur la performance opérationnelle est un indicateur de la recherche de résilience et de compétitivité. Au niveau des mesures de relance de l’investissement en Tunisie, les chefs d’entreprise indiquent que la simplification des procédures administratives comme étant la politique la plus efficace pour encourager l’investissement privé, suivie par la mise en place de mesures incitatives spécifiques pour les secteurs clés de l’économie. Ouvrant la séance, Noureddine Hajji, directeur général de EY, a commenté les résultats. Il a souligné que sur les deux dernières années, des signes d’optimisme ont fait leur apparition. «Mais ce sont des signes d’optimisme qui me semblent être liés au fait que les chefs d’entreprise, d’une certaine façon, se sont affrontés avec le milieu institutionnel de l’entreprise. Histoire de dire, oui, les faits sont là», a-t-il poursuivi. Soulignant la capacité résiliente des entreprises tunisiennes, Hajji a fait savoir que les entreprises tunisiennes, malgré leur taille, la conjoncture… ont fait preuve d’une résilience extraordinaire. «Et si les entreprises tunisiennes, aujourd’hui, le sont —parce qu’on peut croire qu’elles ont été habituées à le faire—, si elles continuent à croire à leur capacité de pouvoir résister et de remonter à un moment ou à un autre, c’est parce que, tout simplement, elles sont confiantes dans les atouts, dans les actifs sur lesquels elles sont construites. Et je mets en premier lieu la qualité des ressources humaines dans ce pays», a-t-il conclu.

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