Garde douanière: Face aux contrebandiers, les douaniers sur le pied de guerre

Un mois de juillet particulièrement riche en performances à l’actif de cette unité spéciale d’intervention, désormais redoutée par les contrebandiers tant tunisiens qu’étrangers.


La Garde douanière (littéralement «Al Harass Addiouani») est-elle devenue la bête noire des contrebandiers tunisiens et étrangers sévissant sur l’ensemble du territoire ? Sans la moindre hésitation, la réponse est oui, du moins en référence aux chiffres qui demeurent la meilleure illustration pratique. En effet, on mettra sous le microscope la période allant du 2 au 15 juillet, qui a été incontestablement la plus riche en performances.

Les coups de filet ont ainsi redoublé d’intensité par comparaison à la même période de l’année dernière. Au décompte final, en effet, la saisie d’importantes quantités de marchandises de contrebande : vêtements, cigarettes, médicaments, bijoux, stupéfiants, coraux, devises, portables, produits cosmétiques, bananes, lunettes, etc.

La valeur totale du butin est estimée à 3,858 millions de dinars. Le tout en l’espace de moins d’une huitaine. Excusez du peu ! Parmi les coups de filet les plus retentissants épinglés dans ce tableau de chasse, citons celui réalisé le 4 juillet à Sousse, d’une valeur marchande de 941 mille dinars, alors que la journée du 15 juillet a été la plus abondante en saisies et en valeurs : 933 mille dinars à Médenine, 402 mille dinars à Remada, 132 mille dinars à Djerba et 97 mille dinars à Tataouine. Un joli record sans cesse amélioré, faut-il le souligner. 

L’école de Foundok Jedid 

Pour un agent de la Garde douanière (GD) s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, « cette réussite exceptionnelle s’explique par la nette amélioration de nos conditions de travail, grâce surtout au parc roulant flambant neuf dont nous disposons. Ce qui nous a énormément facilité la tâche fort ardue que nous accomplissons.» 

D’ ailleurs, les impressionnantes saisies citées ci-haut n’ont pas été opérées dans les seules régions dites chaudes qui longent les longues frontières avec l’Algérie et la Libye, mais aussi dans les gouvernorats de Sousse, Zaghouan, Monastir, Béja et Nabeul, régions où le trafic de la contrebande est connu pour être beaucoup moins dense. 

Promus de l’école nationale de la douane de Foundok Jedid, les cadres et agents de la GD sont ensuite soumis à des cycles de stages de perfectionnement et de recyclage tant en Tunisie qu’à l’étranger, par le biais de conventions de partenariat conclues avec des pays frères et amis et des organismes internationaux spécialisés. Cela sans compter la contribution des services de renseignement qui relèvent de la Direction générale de la douane. Et, pas plus tard que le 8 juillet dernier, la ministre des Finances, en tant qu’autorité de tutelle, a présidé la cérémonie de sortie d’une nouvelle promotion de cadres et agents appelés à étoffer les effectifs disponibles. 

Tout cela pour dire que les braves soldats de la GD ne valent pas seulement par leur carrure impressionnante, mais aussi par une solide disposition juridique, pratique et mentale, garante de la réussite dans l’exercice de ce métier à haut risque. 

Le prix à payer 

Oui, il s’agit bien d’un métier à risques. En effet, si les plus chanceux sont affectés dans les agglomérations et les axes routiers, d’autres officient dans les régions montagneuses et sahariennes difficiles, connues pour être le terrain de prédilection des réseaux de contrebande, particulièrement les plus dangereux d’entre eux. Selon une autre source au fait des attributions des unités d’intervention relevant de la douane, « la GD sait que ces zones sont pareilles à des champs de mines. C’est pourquoi elle peut bénéficier, en cas de besoin, des renforts de la brigade des motards, des services de renseignement de la douane et, parfois même, de l’Armée et de la Garde nationale ».

Notre source ajoute que «ces renforts sont devenus plus fréquents, depuis la mort en 2022, d’un agent de la GD écrasé, avec préméditation, par le véhicule d’un contrebandier qui sera neutralisé, trente minutes après, au terme d’une spectaculaire opération chasse à l’homme ».

Un tué jusqu’à présent, mais aussi que de blessés dans les rangs de cette brigade. D’où la pression qui ne cesse de peser sur ce corps qui continue de se distinguer -autre mérite à son crédit- par une étonnante inflexibilité. Celle-ci le dissuade de succomber aux tentations, pour ne pas dire aux ponts d’or proposés par les boss régnant sur les réseaux de contrebande, tant locaux et  étrangers, qui  n’hésitent pas à sacrifier des millions en liasses de billets pour acheter le silence d’ un agent. 

Un corps d’élite à consolider 

In fine, nous considérons que la Garde douanière, estimée pour la constance de son excellent rendement, représente réellement un joyau à conserver et protéger, et cela par le renforcement de ses effectifs actuels. La 3 4ème session de formation inaugurée récemment par la ministre des Finances, le concours qui sera organisé le mois prochain pour recruter 200 cadres et agents , ainsi que la réouverture (après.. neuf ans de fermeture) du camp d’entraînement de Foundok Jedid sont autant d’indicateurs qui vont dans le bons sens, au moment où tout laisse à penser que, dans la lutte de longue haleine contre les contrebandiers, le moment de crier victoire n’est pas encore venu.

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