Accueil A la une Fuite des cerveaux: Comment venir à bout de ce fléau ?

Fuite des cerveaux: Comment venir à bout de ce fléau ?

Il ne se passe pas un mois  sans qu’on nous annonce, à grands fracas, que tel ingénieur ou étudiant ou jeune a mis au point une invention “révolutionnaire”. Des comptes rendus journalistiques ne tarissent pas d’éloges. Et, tout à coup, tout s’arrête là.


En même temps, la sempiternelle question de la fuite des cerveaux ressurgit et l’on voit, alors, ces experts qui versent des torrents de larmes devant ce qu’ils considèrent comme l’incapacité de notre pays à endiguer ce fléau.

Pour de meilleures conditions de travail

On nous dit que des milliers de nos compétences quittent, chaque année, la Tunisie pour servir ailleurs.  Ils y voient, là, une tragédie, une hémorragie, une catastrophe, etc. Pour eux, la cause est à sens unique. Seul l’Etat est responsable, parce qu’il ne propose pas des salaires conséquents pour les motiver à rester dans le pays. C’est que les conditions de travail ne sont pas de nature à les encourager à rester sur place.

De ce fait, ce sont des ingénieurs, des médecins, des agents paramédicaux et autres experts dans de nombreux domaines qui choisissent de s’exiler à la recherche de conditions de travail plus avantageuses. Ceci sans parler des centaines de nos meilleurs bacheliers qui partent à l’étranger pour poursuivre leurs études et qui n’envisagent pas de revenir.

Rappelons, tout d’abord, à ces gens qui versent des larmes de crocodile que ce problème n’est pas propre à la Tunisie. Partout dans le monde, cette mobilité existe. Même dans des pays plus développés, les compétences sont à la recherche d’une situation professionnelle toujours plus confortable.  Certains pays leur offrent des avantages pour les attirer et développer leurs industries et les domaines de la recherche. Toutes les nationalités sont sollicitées. Aussi, n’y aurait-il rien à dire sur ce point.

Investissements à perte

Toutefois, on passe sous silence la part de responsabilité de ces diplômés qui désertent le champ de bataille à un moment où le pays a besoin d’eux. Ils oublient les sacrifices consentis en leur faveur, surtout si l’on sait que le coût moyen d’un étudiant dépasse les 8.000 D/an. Ce qui fait qu’il faut multiplier cette somme par le nombre d’années d’études. Soit des dizaines de milliers de dinars pour une formation ordinaire. Mais plus d’une centaine de milliers de dinars pour des formations pointues.

Ainsi, quand l’une de ces compétences formées chez nous choisit de partir, c’est un investissement à perte. L’intéressé n’y voit que son intérêt personnel. Loin de lui de soupçonner qu’il porte un grave préjudice à sa patrie et qu’il fait preuve d’ingratitude envers le pays qui lui a offert l’opportunité de devenir ce qu’il est.

On ne peut pas ne pas penser, ici, aux personnalités tunisiennes du début de l’indépendance qui sont presque toutes retournées au pays après avoir achevé leurs études à l’étranger. Elles n’avaient qu’une seule idée en tête: servir leur pays, d’abord, et contribuer à son édification. Certes, on ne demandera pas, aujourd’hui, à ces gens qui cherchent à fuir, de rester en Tunisie contre leur gré. On ne les suppliera pas à genoux pour qu’ils changent d’avis.  Notre pays est capable de continuer sa marche avec ou sans eux comme il l’a  toujours fait.

Créer un pôle d’excellence

Mais, aujourd’hui, la Tunisie est appelée à réagir, en adoptant une approche plus pragmatique, à même d’inciter ceux qui veulent contribuer au développement de leur patrie. Cerveau ou pas cerveau, chaque Tunisien peut apporter sa contribution à la construction du pays. C’est un devoir envers la patrie.  Alors, comment faire pour que ce qu’on appelle ”compétence” puisse demeurer dans le pays ?

A notre avis, il n’y aurait aucun mal à faire comme dans tous les autres pays.

Ces pays, justement, n’hésitent pas à mettre la main à la poche pour attirer les chercheurs, les savants, les techniciens et toutes les personnes qui peuvent répondre à leurs besoins en main-d’œuvre ou compétences hautement qualifiées. L’exemple mondialement connu est celui de la Silicon-Valley à San Francisco, aux Etats-Unis.

Bien sûr, on ne va pas demander à la Tunisie d’en faire de même. Mais, à tout le moins, tenter l’expérience de créer un pôle d’excellence qui regrouperait des spécialistes chevronnés appartenant à divers domaines. Une sorte de think tank en somme. Les objectifs qu’on lui assignerait seront la valorisation et l’industrialisation de tout ce qui est susceptible de l’être dans le domaine des inventions.

Autant de  projets dans les tiroirs

De nombreux projets dorment sur les étagères des bibliothèques des universités et les travaux des 500 laboratoires de recherche du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ne sont pas exploités industriellement.  Ni les concours d’invention ni les brevets ne peuvent servir à rien, si les inventions ne sont pas parrainées soit par le secteur public ou par le secteur privé ou les deux à la fois..

Passer de la conception à l’industrialisation est plus qu’une exigence; une urgence !

Que ce pôle identifie tous les projets susceptibles d’être concrétisés et de passer du stade de la maquette ou du prototype à la réalisation. Il faut souligner l’importance du pôle dont nous parlons. Le recrutement des membres qui le constitueront se ferait sur la base d’un concours et de conditions strictes dont, notamment, l’obligation de résultat. La rétribution de ces compétences obéirait à des critères d’aptitude et de capacité créative. N’achète-t-on pas des joueurs en dépensant des milliards ?

Souvent, on déplore chez nous  le fait que des ingénieurs et des techniciens sont chargés de tâches administratives ou occupent des postes de responsabilité. C’est ce qui les éloigne du domaine de la recherche.

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