Il s’en trouvera sûrement quelques-uns pour s’inquiéter de trouver, sous ce titre, l’annonce de la naissance d’une nouvelle organisation à caractère revendicatif. Qu’ils se rassurent — ou qu’ils se calment ; il n’en est rien. Beaucoup plus prosaïquement, nous évoquons ici une notion qui semble, de nos jours, avoir disparu du lexique de la vie associative, à savoir celle de « syndicat d’initiative ». Et si, par extraordinaire, elle persiste quelque part sous forme de structure agissant en vue de la promotion du tourisme local, qu’elle se manifeste. Nous serons très heureux de communiquer à son sujet.
A grands traits, un syndicat d’initiative est une association qui regroupe des acteurs de la vie touristique et para-touristique d’une localité ou, plus rarement, d’une région pour en promouvoir le potentiel sous forme d’événements et de services sous le signe du bénévolat. Il en existait un peu partout en Tunisie mais les derniers échos de leurs activités remontent à la fin du siècle dernier et peut-être même un peu plus tard dans des cas qui se compteraient sur les doigts d’une main, mais, et c’est l’évidence, sans lendemain.
Le chroniqueur a beau chercher à restituer la genèse de cette activité qui fut importante, il n’est tombé que sur des bribes qui rapportent quasi incidemment quelques-unes de leurs activités. Et c’est dans l’excellent ouvrage de notre collègue et ami Mohamed Bergaoui, intitulé « Tourisme et voyages en Tunisie — Les années Régence» paru en 1996 que nous avons pioché l’essentiel de notre récolte.
En page 84, Bergaoui évoque ce qui semble être l’ancêtre des syndicats d’initiative en Tunisie, savoir le « Comité permanent des Fêtes de Tunis » dont il fait remonter la fondation à l’an 1876, date tout à fait invraisemblable puisque, à l’époque, le Tunis européen, cadre dans lequel se déployaient les activités de ce Comité, n’existait pas encore ! 1896 pourrait être plus plausible. Par contre, le même paragraphe fournit une précieuse indication sur l’objectif de cette initiative : créer à Tunis « la joyeuse tradition qui donne à Nice son afflux d’étrangers et de curieux ».
Des carnavals étaient ainsi organisés chaque année par ce comité. Et l’auteur d’ajouter : « En avril 1919, pour ne citer que cet exemple, le Comité reprenait ses activités d’avant-guerre et organisait une grande « Fête des fleurs » au cours de laquelle autochtones et Européens « défilaient sous un soleil éclatant », notait « La Tunisie Illustrée » qui rapportait que le spectacle de fantasia organisé à cette occasion émerveilla la foule qui admira non seulement « la richesse des harnachements mais également les mouvements exécutés par « les cavaliers émérites » pendant que les Européens s’adonnaient à « la bataille des fleurs et de confettis ».
(A suivre)