L’embrasement ?

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Editorial La Presse

Netanyahu est revenu requinqué de Washington, son discours devant les deux Chambres du Congrès des Etats-Unis réunies pour l’entendre a-t-il eu l’effet souhaité ? Lui qui a fait feu de tout bois, tendant la main, sans distinction aussi bien aux élus républicains que démocrates, déclarant : « Nos ennemis sont vos ennemis, nos amis sont vos amis… ».

Entendez par ennemis les Palestiniens et l’Iran. Netanyahu, qui, rappelons-le, fait l’objet d’un mandat d’arrêt du procureur de la Cour pénale internationale de La Haye pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité », ne recule devant rien ; acclamé plusieurs fois par les républicains, lors de son discours au Congrès, retors, comme il est, il place la guerre à Gaza dans un contexte de lutte contre un « axe de la terreur de l’Iran. » Il affirme : « cet état – l’Iran — défi e les Etats-Unis, Israël et [leurs] amis arabes ».

Et assure que son pays est « en première ligne » dans ce combat. On ne peut mieux dire pour noyer le poisson. Quelques jours plus tard, une roquette tirée depuis le Liban sur le plateau du Golan a fait onze morts (des enfants). L’armée d’occupation a imputé le tir meurtrier sur le village de Majdal Shams au mouvement libanais Hezbollah. Celui-ci a affi rmé n’avoir «aucun lien» avec le tir meurtrier. Sans attendre une enquête ni les preuves, Netanyahu, en visite sur le plateau du Golan, ce territoire syrien occupé par Israël (en 1967) et annexé en (1981), annonce, devant une foule d’habitants du village bombardé, que le Hezbollah paierait «le prix fort» après cette attaque, «un prix qu’il n’a jamais payé auparavant».

La crainte est forte et fait planer un élargissement du conflit dans la région, les dirigeants druzes vivant au Golan ont condamné les propos belliqueux de Netanyahu, qui compte ouvrir un front au nord, et inaugurer une ère de grands désastres et de nouvelles victimes. Le suspense a commencé, comment et quand l’assassin va-t-il opérer ?

Hier, dans la soirée, le bourreau de Gaza, joint la parole à l’acte (ignoble), une frappe israélienne tue Ismail Haniyeh et l’un de ses gardes du corps à Téhéran. Le Hamas a promis que cet assassinat, qu’il a imputé à Israël, ne resterait pas impuni. Naturellement, les voix dénonçant cet acte se sont fait entendre, l’Iran accuse Israël et lui promet un « châtiment sévère », le Hamas, en guerre contre Israël, lui emboîte le pas, jurant de riposter à cet assassinat. L’on déduit que l’extension du confl it est prévisible sinon imminente ; la Syrie a affi rmé, hier que la mort du chef du Hamas palestinien Ismaïl Haniyeh pourrait «embraser toute la région», le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a condamné l’«assassinat perfi de» à Téhéran de son «frère», le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh ; le Qatar condamne l’assassinat et évoque une escalade dangereuse ; la Russie dénonce un « assassinat politique inacceptable ». L’opinion internationale est sous le choc, les lignes aériennes ont cessé leur trafi c sur Beyrouth. Le pire est-il à venir ?

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