Témoignage: Bilel Mansouri, président de l’association Jeunes actifs à Kasserine

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« Kasserine regorge de compétences humaines, de jeunes diplômés et d’ouvriers qualifiés mais malheureusement, le tissu industriel dans ce gouvernorat ne compte que très peu d’entreprises »

Notre gouvernorat vient en tête des gouvernorats les plus pauvres en Tunisie comme en témoignent les taux enregistrés à Hassi el-Frid (53,5 %), Majel Bel Abbes, (41,4%). Tous les secteurs du développement sont touchés par la marginalisation dans cette région nonobstant la richesse dont elle jouit. Parmi cette richesse, on peut citer la production des pommes, de pistache, le blé et l’orge, l’amande, l’olive. Ce qui manque réellement à cette région, ce sont les programmes d’investissement sur le plan local susceptibles d’améliorer le niveau de vie des habitants, puisque la production locale est surexploitée par les grandes entreprises.

Il faut tenir compte du fait que cette production est destinée essentiellement à l’exportation sans que les agriculteurs et les habitants ne puissent en tirer profit. Il faut que l’Etat se penche sur la mise en place d’unités locales de transformation des produits agricoles à Kasserine d’autant qu’en grande partie les fruits et légumes avariés sont transformés en nourriture pour le bétail. Nous pensons qu’il faut mettre en place des unités de fabrication de chips de pommes à Kasserine.  Les solutions existent mais ce qui manque c’est toujours cette volonté de passer à l’action.

A ce propos, il est utile de rappeler que la région de Kasserine est bien connue pour ses carrières de marbre à Thala. Toutefois, les unités de fabrication de plaques de marbre se trouvent en dehors de notre gouvernorat, ce qui est perçu comme une politique d’exclusion à l’égard des habitants de cette région sans compter l’impact sur les jeunes au chômage en termes d’employabilité. Kasserine regorge de compétences humaines, de jeunes diplômés et d’ouvriers qualifiés mais malheureusement le tissu industriel ne compte que très peu d’entreprises.

Considérée auparavant comme le plus important pôle industriel du centre-ouest, la société nationale de cellulose et de papier alfa était dotée de sept unités de production mais rien n’est plus comme avant pour cette société en matière de production et d’employabilité. Elle comptait environ 12 mille employés mais elle emploie actuellement environ 800 agents permanents (897 selon le site officiel de la société en question). Mauvaise gestion et corruption en sont les causes principales et la dernière visite du Chef de l’Etat a permis de dévoiler les réalités cachées.

Quant au phénomène de la contrebande, la solution réside dans la mise en place d’un marché dans cette zone frontalière à l’instar de celui de Ben Guerdane. Cela pourrait constituer une solution de rechange, c’est pratiquement la seule alternative susceptible de contrecarrer le marché informel et la contrebande qui a contribué à l’augmentation du trafic des psychotropes dans la région.

Un autre problème à soulever pour la région de Kasserine. Il consiste dans ses régions archéologiques à Thala et notamment à Hidra. Un patrimoine riche mais qui demeure mal exploité en raison de l’infrastructure routière sous-développée dans ces régions. L’accès à ces deux régions est très difficile, ce qui n’est pas de nature à développer le tourisme archéologique. Il en est de même pour le tourisme de montagne. La région montagneuse de Chaambi   a été déclarée zone militaire fermée. On est par conséquent privé du parc national du Chaambi.

Pour conclure, on a besoin de développement, d’espaces de divertissements de jardins publics pour les familles et les jeunes, d’établissements de santé au service du citoyen et on a aussi besoin de sécurité pour encourager les jeunes à rester dans leur pays. Cela passe par une bonne et juste exploitation des richesses naturelles de la région et la sensibilisation des jeunes.

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