Outre les salons et les expositions, la Tunisie a séduit par ses manifestations culturelles et culinaires. Un coup de maître en termes de marketing et de com. C’est cela, au moins, de gagné.
Nonobstant les résultats de nos athlètes qui sont, du moins pour le moment, médiocres, voire décevants, on peut dire, sans prétendre chercher une consolation, que la Tunisie n’a pas totalement raté sa participation à ce rendez-vous planétaire qu’offrent les Jeux olympiques qui se déroulent actuellement à Paris. Oui, faute de médailles (une seule acquise jusqu’à présent) remportées et de records pulvérisés, elle a fait parler ses riches potentialités ailleurs, c’est-à-dire sur d’autres terrains où elle a toujours été en mesure de soutenir la comparaison et de tenir tête vaillamment à la concurrence.
En effet, c’est le ministère du Tourisme et de l’Artisanat qui a, via l’Ontt, annoncé la couleur par la mise en place d’un stand où ont été exposés nos célèbres produits de terroir et d’artisanat. Bien qu’occupant une petite superficie de 25 m2, ce stand a fait un tabac, affirment les nouvelles nous parvenant de la capitale française et qui font unanimement état d’une affluence quotidienne non-stop. « Jusqu’ici, ça marche comme sur des roulettes», assure Houcine Ghedamsi, un de nos exposants d’huile d’olive qui indique que « Ce qui est encore plus remarquable, c’est que nous avons reçu des visiteurs venus de pays lointains, tels que l’Australie, Cuba, Arménie, Nouvelle Zélande qui ne font pas partie de notre clientèle traditionnelle, ce qui est de nature à nous aider à conquérir ces marchés, à condition, bien sûr, de procéder, le plus tôt possible, au lancement d’une agressive offensive de charme à leur adresse, avec l’étroite collaboration des différentes parties prenantes».
La chéchia et la harissa en vedettes
En plus de ce stand, le «Made in Tunisia» s’est également distingué artistiquement, avec notamment la production de troupes d’arts populaires et de chanteurs qui ont animé, dans Paris et ses banlieues, des galas destinés non seulement à la communauté tunisienne basée dans l’Hexagone, mais aussi et surtout aux visiteurs étrangers des JO. Mehdi, Tunisien de 32 ans, comptable de son état dans une société de distribution située à Créteil, en a profité à sa manière. «Tous les soirs, raconte-t-il, on s’amène, mes trois copains et moi, dans le Sacré-Cœur à Montmartre et parfois devant les cafés de Barbès, pour donner bénévolement nos propres concerts musicaux, qui à la derbouka, qui au luth, aux refrains inoubliables du malouf, Ali Riahi, Hedi Jouini et, inévitablement, le mezoued. Et, mine de rien, ajoute-t-il, les touristes se bousculent pour nous voir et écouter, tout en prenant des photos et vidéos pour la postérité. Certains d’entre eux, visiblement impressionnés, nous demandent même des informations sur l’historique des instruments de musique tunisiens».
L’offensive de séduction nationale a été, par ailleurs, plus fulgurante sur les sites de la compétition où, rapportent nos sources et des médias français, des groupes de tifosis tunisiens brandissant le drapeau national et arborant, en grand nombre, notre si chère chèchia rouge, défilent bruyamment, mais correctement, suscitant la curiosité des spectateurs et faisant la joie des envoyés spéciaux des médias étrangers.
Volet gastronomie, autre force de frappe de cette offensive, la cuisine tunisienne a été, à son tour, de la fête olympique. Elle s’est montrée assez compétitive, avec un chapeau bas pour la sulfureuse harissa qui semble, à l’occasion, avoir fait sensation. «Mes visiteurs, particulièrement les Anglais, les Argentins et les Australiens, se ruent sur notre harissa qu’ils commandent à chaque dîner», assure notre compatriote Kais Bedoui, propriétaire d’un restaurant huppé situé en banlieue parisienne. «Certains parmi eux, indique-t-il, en raffolent, au point de ne plus commander notre si vieux couscous à l’agneau, au point aussi de demander où ils pourront s’en approvisionner avant leur retour au bercail. Pour vous dire».
M. Bedoui tient aussi à préciser : «Les recettes que je gagne, Dieu merci, importent peu face à cet extraordinaire engouement étranger pour nos produits. Et cela, croyez-moi, me rend encore plus fier d’être tunisien». Et notre interlocuteur de conclure, tout sourire: «Heureusement que j’ai eu le flair de constituer mon stock de sécurité en harissa, un mois avant le coup d’envoi de ces olympiades. Sans quoi, j’aurais raté le coche».