Ksar Saïd : Le palais «heureux»

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Les palais beylicaux tunisiens se caractérisent non seulement par une richesse architecturale sans pareille, issue d’un mariage harmonieux entre les influences hispano-mauresque et italianisante mais également par les anedoctes, les histoires mouvementées et les tragédies que renferment leurs murs. C’est dans le palais beylical «Ksar Saïd» qu’a été signé le traité du Bardo en 1881 qui a instauré le protectorat français en Tunisie

Joyau architectural, Ksar Saïd fait partie de ces palais tunisiens qui ont marqué un tournant dans l’histoire de la Tunisie. Construit entre 1828 et 1830 sur un verger «Saniat el Bortal» non loin de la résidence principale beylicale du Bardo qui abrite actuellement le musée du Bardo, ce palais husseïnite entouré de jardins luxuriants arbore un style décoratif et architectural très raffiné. Si ce style s’inspire des traditions décoratives  locales, l’influence européenne notamment italianisante est toutefois dominante.

Le moindre petit détail dans ce palais, que ce soit dans l’ameublement  ou le décor, témoigne du goût extrêmement raffiné pour tout ce qui est baroque. Les murs de l’édifice imposant sont recouverts de carreaux de céramique importés d’Europe. Les plafonds sont ornés de motifs de style inspiré des modèles italiens. Idem pour tous les accessoires et les meubles qui décorent le palais.

Dans le hall d’entrée, le marbre dont le sol est revêtu et les carreaux de faïence qui tapissent les murs sont napolitains. Même l’escalier d’honneur qui se trouve à droite de la driba et qui conduit au premier étage est réalisé dans le pur style italien. C’est au premier étage que le style décoratif et architectural s’inspire du goût local. Les deux salles d’apparat sont, en effet, entièrement décorées suivant les normes décoratives en vigueur à l’époque.

Traité du Bardo

Le palais connaîtra différents propriétaires. Le premier résident, un grand notable de la régence husseïnite, Ismaïl Essounni, y séjourne une  majeure partie de son temps avant d’être exécuté par son beau-frère,  le souverain de l’époque Sadok bey, qui l’a accusé de comploter contre lui. C’est  ensuite au tour du bey lui-même d’occuper le palais et d’en faire sa résidence en 1869, en le baptisant le «palais du bonheur».

Alors qu’il est censé y vivre les plus beaux jours de sa vie, ce dernier sera contraint de signer dans cette résidence le traité du 12 mai 1881 (traité du Bardo) qui instaure le protectorat français en Tunisie.

Le palais, qui est ensuite abandonné, reprend vie au début du XXe siècle avec Hédi bey qui y installe ses quartiers. En 1951, Lamine bey le convertit en centre hospitalier qui devient la propriété du ministère de la Santé publique en 1957.

En 2012, après avoir fait l’objet de travaux de rénovation le palais Ksar Saïd, qui a été, depuis, rebaptisé Centre des Arts et de la Culture, a abrité deux grandes expositions l’une sur le XIXème siècle «l’Eveil de la Nation» et l’autre sur l’histoire des beys husseinites.

A l’instar des autres palais beylicaux, ce dernier devrait être préservé des dommages du temps car il abrite entre ses murs un précieux pan de l’histoire de la Tunisie.

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