Redressement du secteur des transports publics: De la parole aux actes 

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Aujourd’hui, le temps presse. Ce que les responsables précédents n’ont pas voulu comprendre, les autorités actuelles en ont bien pris conscience. Une forte volonté politique les anime et les pousse à mettre en œuvre des décisions immédiates et de traduire les paroles en actes. Les multiples promesses concernant l’acquisition de bus (neufs et usagés) ne se sont pas concrétisées ou l’ont été à un rythme très lent. Il existe, malgré tout, un autre espoir pour les milliers d’usagers des transports publics, celui de l’entrée en service en fin de cette année, probablement, de la ligne D du Rfr. Cette ligne, tant attendue par les habitants de la banlieue Ouest de la capitale, sera une délivrance pour cette zone.


Les responsables du secteur du transport savent pertinemment, et depuis longtemps, que la situation n’est pas du tout enviable. Et c’est le moins que l’on puisse dire.

Malheureusement, quasiment, personne n’a pu prendre l’initiative d’y remédier et de trouver les solutions nécessaires. Les rares responsables qui connaissent exactement la question et la réponse sont restés sur la touche.

Les contraintes procédurales 

On continue de s’appuyer sur des formalités, des réglementations et des lois dépassées par les événements. Alors qu’il y a urgence, la machine administrative s’illustre par sa lourdeur. On se comporte comme si de rien n’était. Aujourd’hui, il n’est pas question de suivre des procédures administratives contraignantes. Il faut aller vite, quitte à aplanir les obstacles procéduraux tels que les appels d’offres, l’ouverture des plis et les autres formalités qui ne constituent, en fin de compte, que des pierres d’achoppement. 

Durant la dernière décennie, presque aucune mesure radicale n’a été prise pour améliorer les conditions des transports publics. 

C’est, justement, sur quoi a voulu insister le Chef de l’État lors de sa rencontre, le 2 août dernier, avec Mme Sarra Zaâfrani Zenzri, ministre de l’Equipement et de l’habitat et chargée de l’intérim du ministère du Transport.

Il a, clairement, souligné la détérioration du parc de bus de la Société de transport de Tunis (Transtu), en particulier. Des 1.157 bus d’il y a une décennie il n’en reste que 350 en service. Une réduction inacceptable due notamment au manque de renouvellement du parc et de l’entretien ainsi que de  l’absence de pièces détachées. Mais, aussi, il faut le dire, beaucoup de négligence. 

A ce propos il n’est pas inadéquat de signaler le désintérêt total pour la maintenance. Il suffit, par exemple, de constater l’état des moyens de transport. Une barre de métro à laquelle il manque un boulon est totalement ignorée jusqu’à ce qu’elle se détache complètement. Pourtant, il aurait suffi de remplacer le boulon perdu !

Des détails du même genre conduisent petit à petit à de plus grandes conséquences. 

Et dire qu’à une certaine époque, aucun moyen de transport ne pouvait quitter le dépôt sans avoir été inspecté. C’est ce que nous a rappelé un contrôleur de l’ex-Snt à la retraite. Il y avait un contrôle technique et un autre portant sur la propreté.

Qui est responsable ?

Une simple comparaison avec les bus des opérateurs privés nous montre à quel point le laisser-aller cause des ravages. Ces véhicules privés présentent un meilleur aspect que de nombreux bus utilisés par la Transtu. On se demande comment, par exemple, il est possible qu’ils soient tagués par on ne sait qui et à une grande échelle. Comment les auteurs de ces graffitis sur les métros et les bus ont-ils pu barbouiller ces moyens de transport sans être inquiétés. Surtout que certains de ces actes nécessitent beaucoup de temps.

Bien sûr, aujourd’hui, les conditions ne sont plus les mêmes et les employés n’ont guère le choix. Ils sont obligés de faire avec le peu de moyens dont ils disposent.

D’ailleurs, les syndicalistes ne sont pas du tout contents qu’on leur fasse endosser la responsabilité de l’état lamentable dans lequel se trouvent les sociétés de transport. 

Les causes sont multiples et il serait injuste qu’on fasse “porter le chapeau” à une partie plutôt qu’à une autre. On ne peut nier l’existence d’employés fiers d’appartenir à leur entreprise. Heureusement, qu’ils sont là et qu’ils veillent encore à la bonne marche de ce service.

L’espoir renaît 

 Aujourd’hui, le temps presse. Ce que les responsables précédents n’ont pas voulu comprendre, les autorités actuelles en ont bien pris conscience. Une forte volonté politique les anime et les pousse à mettre en œuvre des décisions immédiates et de traduire les paroles en actes. Les multiples promesses concernant l’acquisition de bus (neufs et usagés) ne se sont pas concrétisées ou l’ont été à un rythme très lent. 

On nous a annoncé à maintes reprises que des bus et des rames de métros allaient être réparés et remis en circulation. Toutefois, on ne nous a pas dit si ce programme était bien engagé et combien de véhicules ont été reconditionnés. Tout cela fait désormais partie de l’anecdotique. En effet, il faut s’en tenir à l’intervention vigoureuse du Chef de l’Etat le 2 août dernier pour s’en convaincre.

Car, immédiatement après, un conseil ministériel s’est tenu à La Kasbah mardi 6 août. Il était consacré à la question cruciale du transport. Rappelons qu’auparavant, une autre réunion s’est tenue le 22 juillet entre Mme Sarra Zaâfrani Zenzri et les constructeurs de bus tunisiens pour discuter de la question du renforcement du parc de bus.

Des mesures, on ne peut plus concrètes et immédiates ont été annoncées à la suite de ce conseil ministériel.

Il s’agit entre autres de débloquer une enveloppe de 170 MDT pour l’achat urgent de 300 bus. 

D’autres mesures ont été annoncées concernant l’examen de la question du financement de l’acquisition de 418 bus sur un programme total de 718. De plus, le conseil des ministres a donné son aval pour l’acquisition de 700 bus d’occasion déjà annoncée.

Il existe, malgré tout, un autre espoir pour les milliers d’usagers des transports publics, celui de l’entrée en service en fin de cette année, probablement, de la ligne D du Rfr. Cette ligne, tant attendue par les habitants de la banlieue Ouest de la capitale, sera une délivrance pour cette zone.

Déjà, des tests de techniques sur une longueur de 13 km (Place Barcelone-Gobaa) ont commencé le 7 août 2024 sur la nouvelle ligne électrifiée.

Paradoxalement, la progression fulgurante du secteur privé dans le domaine du transport ne peut pas nous laisser indifférents. Il n’y a qu’à voir la multiplication ascensionnelle des taxis collectifs alors que, proportionnellement, la flotte des transports se réduit comme peau de chagrin.

Autant reconnaître qu’il y a un vrai conflit entre le public et le privé. Et, disons-le clairement, ce dernier ne serait pas étranger à toutes les combines et les retards inexpliqués dans la réalisation d’aussi importants projets.

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