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Candidats malheureux et délits électoraux

Editorial La Presse

 

L’élimination de plusieurs candidats à la présidentielle devrait servir de leçon pour la classe politique tunisienne. Car en matière d’élections, rien ne s’improvise à la dernière minute. Nul besoin d’attendre l’annonce de la date des élections pour se déclarer candidat, de préparer patiemment son dossier et de sillonner les régions à la rencontre des citoyens. En réalité, le péché mortel de ces candidats éliminés de la course pour des considérations procédurales est d’avoir négligé la contrainte temps imposée par le calendrier électoral. Un obstacle qu’ils auraient pu surmonter s’ils avaient pris les devants des mois à l’avance pour se procurer les documents requis et se concentrer uniquement sur la collecte des parrainages durant la période électorale. Le fait que la plupart d’entre eux soient disqualifi és à cause justement des parrainages dévoile leur déconnexion du terrain. Le fait que certains candidats comptaient recourir à «l’achat» des parrainages leur a coûté des peines de prison et une inéligibilité à vie. Les autres candidats qui ont déposé des dossiers incomplets s’attendaient au rejet et ont mis en avant comme seul argument des «diffi cultés» d’obtention du bulletin N°3 (casier judiciaire). Or, selon Farouk Bouasker, «aucun dossier de candidature n’a été rejeté sur la base de l’absence du B3, mais sur le manque ou l’insuffi sance de parrainages selon le découpage des circonscriptions électorales, sur la nationalité ou sur le défaut de présentation de la caution fi nancière». En ce qui concerne le B3, il a indiqué que c’était un prétexte pour mener une campagne de diffamation et qu’il n’y avait pas d’obstruction pour l’obtention de ce document sauf pour ceux dont le casier judiciaire nécessitait une mise à jour. Il a affi rmé que l’Isie ne pouvait communiquer des détails qui relèvent du domaine de la violation des données personnelles des candidats à ce propos. Cela dit, la réaction des candidats non retenus et ceux qui se sont retirés avant l’heure témoigne d’une attitude irresponsable pouvant les conduire devant la justice pour délits électoraux, diffamation envers l’Isie et mise en doute de sa neutralité ainsi que celle du scrutin, alors qu’ils pouvaient se contenter de faire recours devant le Tribunal administratif pour faire valoir leurs droits. En agissant de la sorte, ils ne sont pas uniquement privés de ce scrutin mais aussi tombent sous le coup de la loi et risquent bel et bien d’être privés des prochains rendezvous électoraux.

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