La Fédération est toujours comme un navire en pleine tempête sans commandant à bord : les premières répercussions néfastes se ressentent déjà.
Plus les jours passent et plus on se rend compte que le football tunisien est plus que jamais dans l’impasse. Ça fait un peu moins d’un mois qu’a été mis fin au mandat de l’ancien Bureau fédéral et on attend toujours la composition de ce comité de normalisation provisoire chargé des affaires courantes de la Fédération jusqu’à l’élection d’un nouveau Bureau fédéral fin janvier 2025. Pourquoi tout ce temps mis par la Fifa pour mettre en application sa décision ? Sans doute parce qu’il n’y a pas encore de compromis avec le ministère de la Jeunesse et des Sports sur les noms et en premier lieu sur le président de ce comité d’urgence qui doit mener la période de transition de quelques mois à bon port. Cette mésentente est née du fait qu’il n’y a pas un bon nombre de candidats et de grands profils de responsables qui peuvent assumer sans rechigner une mission qui fait peur. Et quand les propositions sont restreintes et les quelques noms mis sur la table ne font pas l’unanimité, il est normal que la marge de manœuvre est des plus étroites, que l’arbitrage est de plus en plus délicat. Qui est responsable de ce vide qui a tout bloqué, à commencer par le plus important qui est le démarrage du championnat au bon moment de la saison ? Sans doute ceux qui ont poussé à ce bras de fer avec la Fifa et qui nous ont fait croire qu’elle n’a pas les bras assez longs pour nous imposer le pire des scénarios et des solutions. Où sont-ils ces donneurs de leçons dans plus d’une émission sportive de radio ou de télévision qui nous ont matraqués par des lectures sans fondement juridique et nous ont promis des issues de litige imminentes ? Ils se sont évaporés dans la nature après avoir mis le feu à la baraque. Celui qui est en train de payer la lourde facture en ce moment de ce manque de sobriété et de sagesse, c’est notre football mis dans le plus sale des pétrins et dans une drôle de situation
Le flou règne partout
Tout est donc remis en question. Le coup d’envoi du championnat n’aura pas lieu le 17 août comme fixé hâtivement auparavant par un Bureau sortant et a dû être reporté. Pour combien de temps ? On ne le sait pas. Sans doute au mois de septembre faute de tirage au sort du calendrier. Les clubs qui ont entamé leur préparation très tôt, sur la base de la date du 17 août, vont devoir passer au plan B et aménager un autre programme pour rester en courbe ascendante jusqu’à la nouvelle date. Avec une question qui va se poser inévitablement : doit-on maintenir un championnat assez long à poule unique de 16 clubs avec un décalage de départ d’un mois dans une saison qui sera trop chargée avec les compétitions africaines pour nos clubs qualifiés et surtout les nombreuses épreuves et échéances importantes qui attendent notre équipe nationale? Ou retourner à une saison d’exception avec deux poules de huit clubs et deux phases ( Play-Off et Play-Out), seule solution pour ne pas porter préjudice à notre football dans une saison charnière où se jouera notre destin pour la qualification à la phase finale de la Coupe du monde 2026? Une chose est d’ailleurs sûre : nous avons déjà commencé à payer le prix de ce flou entraîné par cette longue période de vacance de pouvoir à la tête de la Fédération avec les deux matches des éliminatoires de la Coupe d’Afrique contre le Madagascar le 5 septembre et la Gambie 72 heures après. Sans aucun match de championnat joué, sans idées très claires sur l’état de forme des joueurs pas encore compétitifs et assez performants, sans un stage de préparation bien ficelé à l’avance. Si l’on ajoute l’état de confusion qui règne avec le litige entre les deux têtes du staff technique et ce courant qui ne passe pas entre le sélectionneur Faouzi Benzarti et le premier adjoint Mahdi Nafti, on ne peut que redouter le pire pour cette entrée en matière. On n’a pas eu tort de dire dans ces mêmes colonnes depuis les premières élections avortées du 9 mars et de le souligner après le second rendez-vous manqué du 11 mai qu’on était en train de se livrer à un jeu des plus dangereux. La situation actuelle dans laquelle nous sommes confirme le bien-fondé de ces craintes. Quelle que soit l’issue de ce bras de fer insensé avec la Fifa à qui reviendra le dernier mot et qui se plaît à faire durer le triste suspense d’un mauvais feuilleton, nous ne sortirons pas de cette impasse indemnes et sans plusieurs égratignures qui laisseront sans doute des traces pas faciles à effacer. Nous l’avons cherché, nous l’avons voulu et notre seul rachat sera de savoir s’en sortir en payant le moins de pots cassés et pas trop de dégâts.