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Tribune | Des pistes pour accéder au marché africain

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Dans le contexte actuel de la mondialisation, il n’y a jamais eu autant d’opportunités offertes aux entreprises tunisiennes pour accéder aux marchés internationaux et plus particulièrement aux marchés africains et y avoir une place de choix. Dans cet article, nous allons essayer de répondre à plusieurs questions ayant trait aux marchés africains et comment les exportateurs tunisiens peuvent y accéder.

L’activité de l’exportation demeure l’une des clefs les plus sûres et les plus performantes du développement de l’économie d’un pays. Les avantages qui peuvent en découler, à l’échelle microéconomique, sont multiples. Nous citons, entre autres, l’accroissement du volume des ventes et des bénéfices de l’entreprise, l’amélioration de son efficience opérationnelle pour gagner plus de marchés à l’échelle nationale et internationale, la réduction des obstacles institutionnels, l’ouverture de nouveaux marchés de biens de consommation, l’établissement de nombreux accords commerciaux avec les pays et les groupements économiques internationaux.

Par ailleurs, et sur une l’échelle macroéconomique, l’exportation améliore considérablement la balance commerciale et réduit son déficit, augmente le chiffre d’affaires du produit intérieur brut, accroît le volume des investissements nationaux et participe au développement du pays dans tous les domaines.

Les principales zones économiques et commerciales auxquelles la Tunisie peut se référer pour coopérer avec les pays africains outre les pays de l’UMA

En fait, il existe plusieurs zones économiques et commerciales avec lesquelles la Tunisie peut raffermir ses relations tels que : le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa), la Communauté des États Sahélo-Sahariens (CEN–SAD), la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’Autorité Intergouvernementale sur le Développement (Igad) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (Sadc).

Mais, à notre avis, le bloc régional le plus grand et l’un des plus ouverts d’Afrique est le Comesa (The Common Market for Eastern and Southern Africa).

C’est un marché commun de l’Afrique orientale et australe qui comprend 21 États membres africains qui se sont réunis dans le but de promouvoir l’intégration régionale par le commerce et le développement des ressources naturelles et humaines pour le bénéfice bilatéral de tous les peuples de la région. La Tunisie est déjà, depuis 2018, un membre à part entière de ce marché. Par son adhésion, la Tunisie manifeste sa volonté de consolider ses échanges avec tout le continent africain. Parmi ses objectifs, nous citons notamment l’établissement d’une zone de libre-échange qui garantit la libre circulation des biens et des services et des produits au sein de cette zone, la suppression de tous les obstacles tarifaires et non tarifaires, la constitution d’une union douanière dans laquelle les biens et les services importés à partir des pays non membres du Comesa sont assujettis à un tarif unique convenu.

Les objectifs stratégiques auxquels la Tunisie pourrait aspirer pour une éventuelle coopération avec les pays africains

Les objectifs auxquels la Tunisie peut aspirer, à travers une coopération avec les pays africains, sont multiples et multidimensionnels. Il y a d’abord la promotion des relations économiques et commerciales dans le cadre d’une stratégie intégrative où l’exportateur et l’importateur demeurent en même temps (gagnant/gagnant) et notamment en créant des espaces propices aux rencontres d’affaires et aux relations partenariales. Ensuite, il y a la diversification des marchés africains et l’exploitation rationnelle d’un très grand nombre de consommateurs. Il y a également l’amélioration de l’offre tunisienne en privilégiant les opportunités d’exportation dans les divers secteurs économiques. Egalement, cette coopération avec les pays africains peut encourager à mettre en place de meilleures pratiques de collaboration entre les entreprises africaines et tunisiennes afin d’être plus performant et atteindre les résultats les plus probants et brillants escomptés et durables.

Egalement, des événements commerciaux comme celui afférent à la septième édition de la conférence internationale « Financing Ivestment & Trade in Africa – Fita 2024 », qui s’est déroulée les 11 et 12 juin 2024 à Tunis et qui a été organisée par « Tunisia Africa Business Council » (Tabc), demeurent importants et fructueux et les entreprises tunisiennes doivent savoir les exploiter d’une manière optimale.

Il est à rappeler qu’un tel événement a mis en exergue l’importance des opportunités offertes par la Zlecaf pour l’industrie des composants automobiles, créant ainsi une conjecture favorable d’optimisme et de collaboration.

D’ailleurs, la zone Zlecaf représente un marché dépassant un milliard de consommateurs avec un PIB excédant les trois trillions de dollars. Et, évidemment, les perspectives de croissance des exportations intra-africaines sont grandes et multiples et pourraient s’accroître encore plus dans les années à venir surtout que le volume des échanges commerciaux de la Tunisie avec les pays africains, à l’exception des pays arabes, ne dépasse pas les 3% pour les exportations et 2 % pour les importations.

C’est pour ces raisons qu’il faut absolument développer la coopération bilatérale et multilatérale et de la choisir comme étant la meilleure solution pour la reprise de l’investissement et de la croissance dans les pays africains.

Comment les entreprises tunisiennes peuvent-elles accéder aux marchés africains ?

A notre avis, il demeure nécessaire que tous les organismes d’appui en Tunisie doivent soutenir matériellement et moralement les sociétés tunisiennes exportatrices de la manière la plus favorable.

Le Centre de promotion des exportations (Cepex) demeure le principal organisme qui accompagne ces sociétés. Ses actions sont extrêmement diversifiées et ciblées allant de pair avec les approches de tous les exportateurs tunisiens. Sa mission est de les faire  bénéficier des actions promotionnelles collectives à travers la participation aux foires internationales et des salons spécialisés, l’encadrement sur mesure des participants pour optimiser les contacts d’affaires, l’organisation d’actions spécifiques qui sont le fruit d’une collaboration étroite avec les ambassades tunisiennes à l’étranger telles que les visites des centrales d’achat, les expositions permanentes, les réunions d’affaires avec les importateurs potentiels étrangers, la sensibilisation des opérateurs économiques étrangers à investir dans notre pays. Le Cepex assure, par ailleurs, la promotion des divers secteurs, à savoir le secteur industriel, le secteur agricole, le tourisme, l’économie numérique, les domaines écologiques, l’enseignement, la recherche scientifique et la technologie de pointe…

En plus du rôle crucial des organismes et institutions nationales, il faut mettre davantage l’accent sur la dynamique de la diplomatie économique. Ainsi, les ambassades tunisiennes à l’étranger doivent assurément activer et dynamiser le créneau économique et commercial, surtout dans les pays où l’activité d’exportation est absente, en vue de faciliter l’accès et la diversification des marchés aux exportateurs tunisiens et assurer aussi pleinement des coopérations avec des organisations économiques internationales et interinstitutionnelles dans le domaine économique et rapprocher davantage les donneurs d’ordre étrangers des sociétés exportatrices tunisiennes.

Egalement, une veille stratégique demeure nécessaire pour mieux surveiller l’environnement global par la recherche, le traitement et la diffusion de renseignements en vue de leur exploitation. Cette veille stratégique est primordiale afin d’orienter les décisions clés des sociétés exportatrices en vue d’anticiper les opportunités et en même temps d’éviter les risques.

Chaque ambassade doit disposer d’une foire permanente dans laquelle seront exposés tous les produits tunisiens et aussi d’un personnel compétent pour répondre à toutes les questions éventuelles qui pourraient être posées par les donneurs d’ordre dans les pays où ces derniers exercent. Aussi, toutes les délégations tunisiennes commerciales et économiques doivent être bien encadrées et bien orientées en leur assurant toutes les conditions requises pour la réalisation des projets préconisés. De plus, un suivi rigoureux doit être minutieusement fait pour toutes les affaires en cours, dans le cadre d’un travail de prospection et de suivi indubitable avec des objectifs préalables, et ce, par toutes les ambassades tunisiennes.

Booster davantage les exportations en Afrique à travers les crédits…

A notre avis, tous les pays qui veulent accéder facilement aux marchés africains et établir des relations commerciales sûres et durables doivent absolument faire bénéficier les pays avec lesquels ils vont coopérer mutuellement de lignes de crédit. L’implantation de filiales de banques tunisiennes doit être encouragée par les autorités tunisiennes pour être auprès des importateurs et subvenir à leurs besoins avec la condition d’importer exclusivement de la Tunisie.

En fait, il existe deux types principaux de lignes de crédit : la ligne de crédit d’exploitation pour le court terme et la ligne de crédit d’investissement pour le moyen terme. La ligne de crédit d’exploitation est un crédit utilisé afin de financer l’achat de stock, de matières premières ou de marchandises. Ce dernier permet de disposer rapidement, voire immédiatement, d’actifs parfois indispensables pour assurer la continuité de l’activité d’une entreprise tels que les achats de stocks, la réparation d’équipements essentiels à l’entreprise, le financement d’une campagne de marketing, le règlement d’un manque de liquidités saisonnier…

La ligne de crédit d’investissement est un crédit (de trois à sept ans maximum) pour financer des actifs et l’achat d’équipements dans la stratégie de développement d’une entreprise. Ainsi, les lignes de crédit sont un moyen efficace pour stimuler les importateurs étrangers à acheter davantage et bénéficier d’une facilité de paiement et d’un encadrement des banques avec lesquelles ils entretiennent des relations commerciales et financières.

La possibilité d’exporter d’une manière indirecte

L’entreprise tunisienne désireuse d’exporter mais n’ayant pas suffisamment de ressources et de personnel, pourrait le faire par l’intermédiaire des agents à la commission, des bureaux d’achat locaux, des négociants exportateurs ou des sociétés de commerce international. Ces entités ont l’infrastructure et l’expérience nécessaire pour exporter vers de nombreux pays.

L’exportation indirecte offre également plusieurs avantages. Elle permet à l’exportateur de concentrer ses efforts sur la production mais sans avoir besoin de s’occuper des aspects techniques et légaux de l’exportation, de bénéficier de l’expérience professionnelle que pourra lui apporter la société ou le service d’exportation. L’exportation indirecte existe, en fait, sous plusieurs formes. A notre avis, le « joint-venture » et le « piggy back » et le « piggy back croisé » demeurent les façons qui stimulent les deux parties contractantes à mieux faire, du moment qu’ils ont les mêmes intérêts et objectifs.

Les accords de la coentreprise — aussi appelés très fréquemment « joint-venture » — consistent en la création d’une nouvelle organisation juridiquement indépendante par deux ou plusieurs partenaires. La participation financière des partenaires dans la nouvelle structure est variable et donne de la flexibilité au développement international. Le « joint-venture » peut être une entreprise commerciale, industrielle ou mixte et régi par le droit en vigueur du pays où il a été créé.

Il est à signaler que le « piggy back », appelé aussi « exportation kangourou », est une autre forme de partenariat commercial. Ce mode de présence consiste à se faire représenter ou faire distribuer par une autre entreprise du pays d’accueil, du même pays ou d’un pays tiers sur le marché visé. Soit l’entreprise portée rémunère directement le partenaire qui lui met à disposition son réseau de distribution, soit elle propose en échange ses propres services sur un autre marché. Dans ce dernier cas de figure, on parle de « piggy back croisé ». De toutes les manières, les contrats de « piggy back » nécessitent que les produits s’adressent au même type d’acheteurs.

Cet article demeure un mini guide et un stimulus pour tous les exportateurs tunisiens et les divers intervenants dans le domaine de l’exportation pour exploiter de la manière la plus rationnelle et efficiente toutes les opportunités offertes et les diverses astuces proposées pour agir habilement dans un esprit d’une meilleure planification, d’une très bonne organisation, d’une administration crédible et d’un contrôle scrupuleux aux niveaux de toutes les actions proposées et réalisées.

Par Ridha CHIBA,Conseiller en Commerce International

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