Le 13 août 2024, le Théâtre romain de Carthage était la scène exclusive pour l’unes des plus belles voix de la Tunisie. Najet Attia marque son grand retour après une décennie d’absence avec une date emblématique, celle de la fête nationale de la Femme annuellement accueillie dans le cadre du festival international de Carthage.
Cette soirée, en partenariat avec le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées, a été l’occasion de célébrer le 68è anniversaire du Code du statut personnel, un événement hautement symbolique, mais aussi lourd de significations culturelles et sociales.
Pour son retour à la scène et au chant, l’enfant de Djerba et figure incontournable de la musique tunisienne a choisi un cadre qui résonne avec l’histoire de son pays. Le Théâtre romain de Carthage ne se contente pas d’être une simple scène ; il est le témoin de la richesse du pays. Najet Attia qui a réussi, tout au long d’une carrière, à s’imposer comme une artiste d’une grande sensibilité, d’un timbre de voix qui la distingue et d’un répertoire classique avec quelques expériences ouvertes sur le patrimoine, s’est maintenue dans la mémoire des Tunisiens malgré ses longues absences et ses apparitions furtives. Ce retour tant attendu s’est fait en présence d’un large public qui lui était fidèle et qui se rappelait de ses tubes et ses plus beaux succès.
Le concert de la renaissance
Intitulé «Sayidati», en hommage à la femme tunisienne, le concert de Najet Attia était conçu autour d’anciens et de nouveaux titres et a débuté avec la nouvelle chanson «Winou Winou», avant de plonger dans un répertoire où la nostalgie règne. Des titres comme «Maylalak», «Akhaf Alik », « Nafs El Maken » et «Maa enni sebtou» rappellent une époque dorée de la chanson tunisienne, et cela était suffisant pour captiver un public de toutes les générations confondues. Rien n’a été oublié. Le public présent lui a exprimé tant d’amour qu’elle doit faire fructifier et enrichir avec des rendez-vous réguliers. L’artiste était face à son héritage, accompagnée par un orchestre au grand complet sous la direction de Youssef Belhani, a su restituer avec brio l’authenticité de son répertoire. Cependant, elle semblait par moments tendue face aux attentes du public après ce comble-back. Sa prestation, teintée de joie et de nostalgie, a oscillé entre le respect des classiques et la tentative d’y injecter une nouvelle énergie. La reprise de «Daret el ayem» d’Om Kalthoum, bien qu’interprétée avec une belle maîtrise, était un l’élément de trop dans le programme de la soirée.
Ce retour de Najet Attia a été globalement bien reçu, mais lui lance le défi d’une présence plus soutenue et d’une production nouvelle à la hauteur de son histoire. Et si le concert a été une réussite en termes de célébration et de partage, on peut se demander si cette nostalgie palpable n’est pas aussi le signe d’un besoin réel d’une nécessité d’un nouvel envol.
Le retour de Najet Attia sur la scène de Carthage a ravivé de nombreux souvenirs et permis de revivre des moments forts de la musique tunisienne. Cependant, ce concert pose également la question de l’avenir pour cette artiste de laquelle nous attendons beaucoup : continuer à faire vivre son répertoire et aspirer au meilleur pour l’avenir afin d’éviter de sombrer dans la suffisance et la stagnation.
L’artiste, rayonnante dans la prestance, sa présence et sa voix, en renouant avec la scène, devrait sérieusement penser à amorcer de nouveaux défis.