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Hydrogène vert : La Tunisie à la conquête de l’Europe

 

La Tunisie cible aujourd’hui une autre énergie propre, l’hydrogène vert qui peut être un segment stratégique dans l’économie nationale. Renforcer notre sécurité énergétique, diversifier nos sources d’énergie, accélérer la transition énergétique, réduire l’empreinte carbone, renforcer notre maîtrise technologique (formation, recherche et développement) et faire émerger un tissu industriel, un tissu des PME et des start-up, tels sont les objectifs que la Tunisie s’est assigné  pour développer une économie autour de l’énergie verte et renouvelable. La Tunisie ne veut pas que produire, elle ambitionne d’exporter de l’hydrogène vert, très demandé dans ce contexte géopolitique complexe que vit l’Europe.            

La Tunisie a établi sa feuille de route pour l’hydrogène vert. Elle s’est fixé des objectifs à court terme et des ambitions écolo-économiques à long terme. Le marché encore naissant aurait de beaux jours devant lui. Dans la quête mondiale d’un avenir énergétique durable, notre pays apparaît comme un leader dans la course à l’hydrogène vert, un secteur en passe de redéfinir le paysage énergétique. Il tire parti de ses prouesses en matière d’énergies renouvelables, se positionne à l’avant-garde de la révolution de l’hydrogène vert, promettant une nouvelle ère d’indépendance énergétique et de gestion environnementale.

Le rôle de la Tunisie sur le marché mondial de l’hydrogène vert

Alors que la demande mondiale de solutions énergétiques propres augmente, la Tunisie est bien placée pour jouer un rôle important sur le marché de l’hydrogène vert. La vision et les investissements du pays dans ce secteur pourraient en faire un acteur clé sur la scène énergétique internationale, en fournissant des solutions énergétiques propres non seulement pour ses propres besoins, mais également pour l’exportation, en particulier vers les marchés européens.

En effet, elle s’apprête à réaliser un méga projet de production (et d’exportation) de l’hydrogène vert. Il s’agit tout d’abord d’un «Protocole d’entente» (Mémorandum of Understanding ou MoU chez les Anglo-saxons), en attendant les résultats des études techniques et économiques, mais c’est de bon augure pour la relance du développement des énergies renouvelables, de notre indépendance énergétique, de notre économie.

La Tunisie a signé récemment ce mémorandum avec un groupe français et un autre autrichien pour réaliser le projet de production de l’hydrogène vert (H 2V) à partir de la Tunisie et de l’exporter vers l’Europe par pipeline. Ce projet vise à produire dans sa première phase 200.000 t par an d’hydrogène vert, et à installer environ 5.000 mégawatts d’énergie renouvelable et 2.000 mégawatts de technologie d’électrolyse. Selon le MoU, il est prévu que la capacité de production atteindra un million de tonnes par an, avec l’installation de 25 gigawatts d’énergies renouvelables, moyennant une enveloppe d’investissement d’environ 6 milliards d’euros (environ 19,8 milliards de dinars) pour la première phase et 40 milliards d’euros (132 milliards dinars) pour la phase finale à l’horizon 2050.

Le protocole d’entente s’inscrit dans le cadre de l’activation de la stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène vert et ses dérivés en Tunisie, lancée en octobre 2023 par le ministère. Le département de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie vise à produire 8,3 millions de tonnes d’hydrogène vert d’ici 2050 et à créer environ 430.000 emplois.

La signature de ce mémorandum d’entente pour la production et le développement de l’hydrogène vert permettra au pays d’être pionnier dans ce genre de projets innovants et concrétisera la complémentarité entre le nord et le sud de la Méditerranée.

Il est à noter que la Tunisie sera le principal site dans le monde pour développer l’hydrogène vert. Suite à l’intérêt manifesté par certains groupes mondiaux d’investir en Tunisie dans la production de l’hydrogène vert, des conventions similaires seront conclues prochainement avec des sociétés internationales.

Quel défi pour la Tunisie ?

Bénéficiant des bonnes conditions d’ensoleillement et de vent, le pays veut développer une filière de production d’hydrogène renouvelable, en particulier dédié à l’export vers l’Union européenne. Il l’a montré, il est déjà un acteur majeur et incontournable de la transition énergétique mondiale. En fait, le pays a joué un rôle pionnier dans le développement des énergies renouvelables. Il s’est engagé dans une politique volontariste et ambitieuse en matière d’énergies propres.

L’hydrogène vert, produit par électrolyse de l’eau à l’aide de sources d’énergie renouvelables telles que l’énergie solaire et éolienne, constitue une alternative propre aux combustibles fossiles. Il s’agit d’un vecteur d’énergie polyvalent aux applications diverses, allant de l’alimentation des industries et des véhicules au stockage d’énergie renouvelable. Avec zéro émission de carbone, l’hydrogène vert s’aligne parfaitement sur les objectifs climatiques mondiaux.

Avantage géographique stratégique

La situation stratégique de la Tunisie, à proximité de l’Europe, la place dans une position avantageuse pour devenir un important exportateur d’hydrogène vert. Cette proximité, combinée aux abondantes ressources énergétiques renouvelables du pays, fait de la Tunisie une destination attrayante pour les investissements dans la production d’hydrogène vert et les infrastructures d’exportation.

Malgré son potentiel, le secteur de l’hydrogène vert est confronté à des défis, notamment des coûts de production élevés et la nécessité de développer d’importantes infrastructures. Relever ces défis nécessite une innovation continue, des politiques de soutien et une collaboration internationale. L’approche du pays, combinant le soutien du gouvernement avec l’engagement des partenariats internationaux, fournit un modèle robuste pour surmonter ces obstacles.

Alors que la demande mondiale de solutions énergétiques propres augmente, la Tunisie est bien placée pour jouer un rôle important sur le marché de l’hydrogène vert. La vision et les investissements du pays dans ce secteur pourraient en faire un acteur clé sur la scène énergétique internationale, en fournissant des solutions énergétiques propres non seulement pour ses propres besoins, mais également pour l’exportation, en particulier vers les marchés européens.

Feuille de route 2050

Le ministère chargé de l’Énergie a élaboré, en septembre 2023, la Stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène vert et ses dérivés en Tunisie « L’hydrogène vert pour un développement économique durable et une économie décarbonisée en Tunisie ». La stratégie nationale a mis en place une feuille de route (FR) basée sur plusieurs scénarios de développement du H2V en Tunisie qui sera destinée au marché local et essentiellement à l’exportation. Une vision d’ensemble a été élaborée pour l’implémentation de la FR réunissant les conditions permettant de réussir la stratégie (cadre réglementaire et institutionnel, l’infrastructure de production, de stockage et de transport, la relation entre la production et la demande, la recherche développement, le renforcement de capacités ainsi que les modes et mécanismes de financement). La Feuille de route cible la production d’environ 8 Mt d’H2V d’ici 2050, dont environ 6 Mt pour l’export par pipeline et un peu plus de 2 Mt pour le marché local et la transformation nationale pour l’export sous forme de dérivés. Une capacité d’environ 100 GW d’ER sera nécessaire pour cette production. La planification des investissements et de production est élaborée par étape quinquennale de 2030 à 2050.

Vu la situation hydrique de la Tunisie, la stratégie de production de l’H2V prévoit le dessalement de l’eau de mer comme source principale. A partir de 2030, l’exportation ciblée d’hydrogène vers l’Europe représenterait la contribution de la Tunisie (300 kt en 2030, 2 Mt en 2040) à l’approvisionnement européen à travers le « Corridor Afrique du Nord et Europe du Sud » de l’UE, prévu à hauteur de 3 Mt en 2030 et passant à 10 Mt en 2040. Les investissements dans les centrales électriques d’énergies renouvelables, les électrolyseurs et l’infrastructure seront encore renforcés pour atteindre l’objectif d’exportation de 6 Mt d’H2V en 2050. Les investissements dans la production de carburant synthétique pour l’aviation et le transport routier seront renforcés à partir de 2040.

L’exportation d’hydrogène vert et de ses dérivés ainsi que la substitution des importations par la production nationale, comme l’ammoniac et les produits énergétiques, auraient un impact favorable sur la balance commerciale de la Tunisie. Par rapport à une évolution projetée linéairement du déficit de la balance commerciale actuelle, les bénéfices introduits par le secteur de l’hydrogène vert pourraient largement réduire les déficits commerciaux.

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