Le dossier des ouvriers de chantiers ne date pas d’aujourd’hui, il remonte à une dizaine d’années. Depuis, il n’a connu aucun progrès. Pourtant, il y avait beaucoup de promesses et de volonté d’en venir à bout. Sans suite. Silence radio !
L’accord conclu, à l’arraché, le 20 octobre 2020, en vertu duquel les 31 mille travailleurs dans toutes les régions ont droit à un emploi digne et décent, n’a pas été, jusque-là, suivi d’effet. Aucun gouvernement, depuis la révolution, n’a pris son courage à deux mains et donné son aval tranchant, afin que l’on puisse passer à la régularisation de la situation de cette catégorie socioprofessionnelle si vulnérable, à même de l’aider à sortir de la précarité.
Et depuis, ces ouvriers, soumis à la loi du provisoire qui dure, n’ont cessé de manifester, protester et décréter, à maintes fois, des grèves générales. Mais, en vain. Comme si de rien n’était ! Pas plus tard que trois jours en arrière, soit jeudi 22 août, les travailleurs de chantiers de moins de 45 ans ont observé une journée de colère devant les sièges des gouvernorats dans leurs régions respectives. Cette mobilisation, qui intervient en réponse à l’appel de leur Coordination nationale, agissant en chef d’orchestre et leur principal représentant, n’a scandé qu’un seul slogan, celui de l’application du fameux accord du 20 octobre 2020. Cela dit, il y a maintenant quatre ans qu’une telle revendication fait encore du surplace. Sa signature fut reconnue, à l’époque, comme une caisse de résonance, renvoyant des messages fort rassurants, retenus en tant que gage de titularisation et de confirmation des postes tant attendue.
Toutefois, ce n’est pas la première fois que ces ouvriers se sentent bercés de paroles et d’espérances. Déçus, ils sont, dernièrement, revenus à la charge. Mais, cette fois-ci, ils ont appelé, dans un récent communiqué, la présidence de la république à intervenir en urgence en vue de résoudre les problématiques liées au dossier des ouvriers de chantiers et de créer une commission, présidée par le chef de l’Etat, afin de contrôler les travaux de la commission nationale chargée de la régularisation de ce dossier à la présidence du gouvernement.
Toujours selon leur communiqué, le groupement des coordinations a, également, revendiqué la promulgation d’un décret présidentiel, mettant toutes les parties concernées devant leurs responsabilités, et les incitant à respecter les délais figurant dans les textes réglementaires déjà publiés au Jort. Lesquels textes stipulent, noir sur blanc, le parachèvement des procédures de toutes les tranches au cours de l’année 2025.
La thèse d’escalade ne serait pas écartée !
Ce dossier si complexe et compliqué, corollaire d’une politique de fuite en avant, a toujours été perçu comme une épine dans le pied. Sans solution. Pourtant, les négociations-marathon Ugtt-gouvernement ont bel et bien abouti. Alors, pourquoi cet accord 2020 n’a-t-il pas été appliqué ? Alors que les ouvriers de la deuxième tranche auraient dû être recrutés, l’année dernière, après l’annonce des résultats d’affectation en février 2024.
Ouvriers de chantiers, cet éternel débat sur la précarité de l’emploi, dont aucun gouvernement post-révolution n’en est venu à bout, n’est pas encore terminé. Et nul, au fil des mois et des ans, n’a eu le courage de regarder la réalité en face, afin de régulariser, une fois pour toutes, cette situation professionnelle, ô combien gênante, d’une catégorie sociale autant vulnérable que marginalisée.
Encore une fois, la coordination nationale a renouvelé son appel de détresse, espérant que leurs anciennes-nouvelles revendications trouvent une oreille attentive. Et que ce dossier soit clos définitivement. Sinon, la thèse d’escalade ne serait pas écartée. D’ailleurs, un mouvement de protestation, dont la date sera annoncée ultérieurement, sera organisé à la place du gouvernement.