Ce n’est pas un remaniement, c’est presque un nouveau gouvernement qui a pris ses fonctions hier. Est-ce le moment, s’interrogent les analystes, étant donné que quelques semaines seulement nous séparent de l’élection présidentielle. La réponse est que ce remaniement est devenu indispensable, voire vital. En effet, les multiples visites du Chef de l’Etat dans les régions intérieures et même dans le Grand Tunis ont montré les effets ravageurs de l’immobilisme qui gangrène les rouages de l’Etat et fait souffrir les Tunisiens. L’inaction des premiers responsables, la passivité, la négligence ont ouvert la voie aux détracteurs de la Tunisie pour inventer des crises, alimenter la tension sociale pour essayer de faire imploser l’Etat de l’intérieur et pervertir la société avec les drogues et le crime organisé. Continuer sur cette voie, c’est aller droit dans le mur, dans l’impasse. C’est poursuivre dans la peine, la souffrance et l’angoisse. Or, les ministres qui ont été incapables de traduire dans les faits les orientations et les choix tracés par le Président de la République sont comptables politiquement et moralement de cette souffrance accumulée. Il fallait donc une nouvelle équipe pour faire bouger les lignes rapidement. Sa mission ne sera pas facile mais elle sera exaltante car les défis à relever en cette période ne concernent pas uniquement la redevabilité des personnes qui ont conduit le pays au bord de la banqueroute et qui voudraient continuer à s’enrichir d’une façon indécente, mais aussi à rallumer les moteurs de l’administration, à reprendre le rôle social de l’Etat, à insuffler l’espoir au lieu de la déprime collective. De ce fait, la tâche qui repose sur les épaules de la nouvelle équipe est grande, mais le pari ne peut être remporté que si elle travaille dans la même direction, fait preuve d’harmonie et de solidarité gouvernementale et innove dans sa réponse aux problèmes de l’heure des citoyens. Une équipe qui se déploiera sur le terrain pour tâter le pouls des citoyens dans les régions et qui soit proche de leurs préoccupations. Sinon, conserver les mêmes pratiques, se cantonner dans l’orthodoxie administrative lourde qui a fortement ébranlé l’Etat serait une erreur tragique.