«Le pédantisme de la bêtise m’exaspère, bafouons le chic ! », s’est exclamé Gutave Flaubert un soir en sortant d’une soirée trop bourgeoise, trop parisienne, trop pompeuse et trop bourrée d’ego hypertrophiés ! Et en effet la bêtise a été pour Flaubert le centre d’une attention inégalée. Pour lui, elle représente tout bonnement la société pour ne pas dire le moteur social. Dans une lettre à Louise Collet, il écrira : «Nous ne souffrons que d’une chose: la Bêtise. Mais elle est formidable et universelle.». L’empire de la bêtise est à prendre au sens d’un pouvoir, d’une emprise, mais aussi d’une extension infinie pour Flaubert. La question de la bêtise traverse toute la vie et l’œuvre de Flaubert. Quand il a écrit « Bouvard et Pécuchet », il l’a présenté comme «une espèce d’encyclopédie de la Bêtise moderne». Trop de choses ont changé depuis les réflexions de ce qu’on appelait l’Ours de Croisset, mais des choses demeurent… L’amour, la haine, la jalousie mais aussi ce « pédantisme de la bêtise » qui semble inhérent au genre humain. Peut-on lutter contre la bêtise ? Les grosses pointures de la philosophie moderne continuent à se casser les ongles contre les parois hermétiques de cette question. En substance, voici ce qu’ils ont trouvé pour le moment : il ne faut pas juger l’autre, pour ne pas le juger il faut le connaître et la connaissance nécessite beaucoup de savoir et le savoir se trouve dans les bibliothèques.