Le chanteur et compositeur syrien aux origines algériennes, Tarek el Arabi Tarkan, vient d’achever le 2 septembre une série de concerts entamée dans différentes régions tunisiennes. Cinq représentations en tout, ayant débuté le 28 août à la Foire internationale de Gabès, passant par Sfax, puis Carthage le 31 août, Jemmal au gouvernorat de Monastir et Sousse. Des milliers de billets se sont arrachés par un public adulte venu chanter en chœur des génériques de dessins animés des années 90. Un engouement massif pour ce genre de musique qui est au centre de la controverse.
Au prestigieux amphithéâtre de Carthage, le générique de « Captain Majed » a retenti pour la deuxième fois, interprété par Tarek el Arabi Tarkan et repris en chœur par la foule. Il n’était pas la seule tête d’affiche, ses filles Dima et Tala et son fils Mouhammed l’ont accompagné pour faire revivre les chansons thèmes de nos dessins animés d’enfance. Par sa voix mythique qui a bercé toute une génération, le chanteur et compositeur a offert à son public une plongée en nostalgie en faisant le focus sur ces classiques qui marquent le début de notre culture musicale et qui ne nous ont jamais vraiment quittés depuis.
Avec des dizaines de génériques à son actif, Tarek el Arabi Tarkan a mis son énergie à donner une couleur musicale aux dessins animés. Il est ancré dans l’univers de l’enfance, couvrant plus d’une décennie de séries devenues cultes.
Rares sont les chansons thèmes qui ne sont pas passées par lui. Même si son nom était méconnu, son timbre de voix, lui, est reconnaissable entre tous. Sa carrière, qui est des plus prolifiques dans ce genre musical si particulier, a pris un nouveau virage quand il a décidé de réunir ses mélodies que nous avons apprises par cœur pour en faire de véritables concerts. Une preuve que la musique des dessins animés peut être aussi divertissante que les images ! La nostalgie est un point central du succès de cette thématique. En s’adressant aux adultes comme aux enfants, ses concerts sont marqués par la bonne humeur et sont à regarder en famille, sans modération. D’ailleurs, les autres grands spectacles qu’il a donnés en Tunisie au cours des années précédentes, dans le cadre des Journées musicales de Carthage 2018 (JMC), ou en 2019 lors de la 55e édition du Festival international de Carthage ont été des rendez-vous très attendus. En perfectionniste, il est accompagné à chaque fois d’une dizaine de choristes et musiciens pour un rendu au plus proche de la version entendue à la télévision à l’époque. Les chansons phares de dessins animés fredonnées durant deux heures de concert ont eu l’effet d’une Madeleine de Proust, réveillant bien des émotions. Tarek el Arabi Tarkan fait voyager à chaque fois les spectateurs dans le monde magique de l’enfance pour une nostalgie prégnante garantie et bien exploitée.
Cependant, des voix se sont levées sur la toile pour railler la foule d’adultes qui continue à apprécier ce contenu. Un divertissement qui n’échappe pas à la polémique.
A l’origine, l’«anisong », tout un phénomène
Si Tarek el Arabi Tarkan a ouvert la voie à ce style de musique dans le monde arabe, le concept est en vogue ailleurs. Le marché très puissant de dessins animés au Japon a donné naissance à des chanteurs spécialisés dans les « Anisongs » depuis les années 1970.
Le Japan Music Party a pour objectif d’encourager et mettre en avant les artistes japonais qui travaillent sur ces compositions singulières. En plus de leurs rôles pour promouvoir l’œuvre originale, c’est devenu un genre musical reconnu qui remplit des salles de concert et s’exporte de plus en plus à l’étranger.
De nombreux titres de la vieille école sont restés d’actualité pour ce qui est de l’impact qu’ils ont eu sur la jeunesse d’autrefois. Le succès du marché de l’« Anisong » au Japon est également très suivi en Europe, grâce à la diffusion des dessins animés à la télé et sur Internet. Certains concerts rassemblent des foules énormes de plus de 100 000 personnes.
En dehors des génériques qui sont en général de petites mélodies, des chansons stars de films animés sont aussi ancrées dans la mémoire collective depuis des années, comme Disney mise sur la musique dans ses productions. Les spécialistes ont alors commencé à évoquer un «marketing de la nostalgie», devenu un enjeu culturel et économique réel, surtout quand les chansons prennent parfois le dessus sur les scénarios des dessins animés.
Les psychologues confirment pourtant que ces airs de nostalgie peuvent avoir un impact significatif sur notre bien-être psychologique et servir de source de réconfort et d’énergie émotionnelle, de quoi rassurer les fans.
La version tunisienne de ce style musical est « Ocelosia Band » , fondé par le pianiste et arrangeur Amine Makni. Ce groupe, spécialisé dans la musique des Anime japonais et Spacetoon, a donné des concerts bien réussis malgré quelques soucis de droits d’auteur en cours de résolution.