Ces derniers jours, c’est le clair-obscur qui a régné sur le processus électoral. Le verdict du Tribunal administratif portant sur la réintégration dans la course électorale de quelques candidats, dont l‘Isie avait auparavant invalidé la candidature, a été décrié par l’instance électorale qui a introduit un recours de récusation de certains juges. Un recours qui a été sine die débouté par le TA pensant ainsi mettre un terme à l’affaire. Mais c’était sans compter avec les pouvoirs qui sont conférés par la loi et la Constitution à l’Isie et qui, usant des instruments juridiques légaux, a annoncé hier la liste définitive des candidats retenus qui est la même que celle annoncée dans sa liste préliminaire.
Depuis, le torchon brûle entre l’Isie et le TA. Ce n’est pas la première fois que les hommes de loi se trouvent englués dans un combat d’interprétation des textes, mais c’est la première fois que ce genre de conflit se transforme en séisme électoral. Déjà, les candidats mis de nouveau hors circuit et leurs partisans se livrent à une guerre médiatique excluant les uns, sanctionnant les autres, vitupérant l’Isie et montrant à tous que la tolérance et l’esprit de rassemblement sont encore des valeurs méconnues dans notre pays.
En effet, le problème soulevé par les robes noires déborde cette fois du simple cadre d’une procédure à celui de la paix sociale. En effet, au lieu de résoudre une crise, le Tribunal administratif en a créé une nouvelle. Il a jeté un pavé dans la mare en n’ayant pas transmis à l’Isie, par écrit, ses décisions dans les délais impartis par la loi. Quoi qu’il en soit, les dés sont désormais jetés et la liste définitive des candidats a été annoncée. Le processus électoral poursuit son chemin malgré les protestations des uns et des autres. Et s’il y a un combat, c’est à travers les urnes qu’il devrait avoir lieu. Inutile donc de souligner l’importance de cette séquence pour les Tunisiens, de mesurer l’ampleur de leurs attentes et la sensibilité de tout ce qui se dit pendant cette période.
En effet, il ne faut pas badiner avec ce nouveau séisme électoral non plus et garder en tête l’avertissement lancé par les Tunisiens à l’ensemble des responsables politiques.
Car, ce peuple a exprimé son impatience, parfois son désespoir, souvent son exaspération, car il y a eu trop de différences entre ce qui se dit et ce que vivent les Tunisiens. C’est pourquoi ce scrutin doit être un ferment d’unité et non un élément de division. Car en politique, même s’il y a un divorce, il n’y a pas de fracture irréconciliable. Il suffit de placer l’intérêt du pays avant celui politique pour que les chemins se croisent de nouveau.