Sécurité routière — Plus de 200 victimes sur nos routes cet été: Un taux de mortalité critique

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Même si la plupart des indicateurs en matière de sécurité routière ont baissé, le seuil des décès recensés reste élevé et la saison estivale n’a pas épargné de nouvelles victimes sur les routes. Avec 735 décès jusqu’au 28 août dernier contre 779 décès comparativement en 2023, il y a 44 victimes en moins à déplorer. De nouvelles projections et orientations sont, tout de même, nécessaires pour redresser la barre et améliorer le tableau.

En parcourant les dernières statistiques de l’Observatoire national de la sécurité routière (ONSR), relevant du ministère de l’Intérieur, les chiffres sont en nette amélioration. Tous les indicateurs montrent que le nombre d’accidents a baissé, en réalisant un progrès notable.

Notre pays classé 138e

Mais  c’est le niveau élevé par rapport à la moyenne mondiale qui prête à confusion, notamment en termes de mortalité routière. Pour rappel, la Tunisie compte 24,4 morts pour 100 000 habitants, selon le classement de mortalité routière du plus faible au plus élevé de l’Organisation mondiale de la santé en début d’année. Ce qui la classe 138e sur 180 pays recensés. Également dans la moyenne africaine de 24 pour 100 000 habitants, la région la plus meurtrière dans le monde.

L’été touche à sa fin, marqué par le retour progressif des vacanciers dans les grandes villes du pays, en partance des régions côtières et balnéaires. Le retour des Tunisiens à l’étranger en Europe a également permis de décongestionner le trafic routier urbain. Avec l’imminence de la rentrée scolaire, c’est la grande fréquentation des grands axes routiers qui est assurée.

Il faut savoir que, traditionnellement, la plupart des ONG comme l’Association des ambassadeurs de la sécurité routière sont en bleu de chauffe « pour assurer une rentrée en toute sécurité ». En attendant, les résultats enregistrés par la police et la garde nationale globalement à la baisse restent contrastés, relevant un nombre de victimes croissant en été….

Un bilan contrasté

En 2024, la Tunisie a enregistré une baisse significative des accidents de la route et des victimes. Selon l’ONSR, entre le début de l’année et le 28 août, il y a eu 3356 accidents, marquant une diminution de 17,42%, par rapport à la même période en 2023. Les décès dus aux accidents ont également diminué de 5,65%, avec un total de 735 décès. Alors que le nombre de blessés s’élève à 4698 contre 5598 l’an dernier, soit une baisse de 900 blessés, au taux de 16,08%.

Cependant, il est important de noter que certains gouvernorats, comme Kairouan, ont enregistré un taux élevé d’accidents mortels, avec 57% des accidents de la route comportant des victimes, soit plus d’un accident sur deux. Nonobstant, ces chiffres montrent une amélioration globale de la sécurité routière en Tunisie, bien que des efforts supplémentaires soient nécessaires pour réduire encore les accidents, en particulier dans les zones à haut risque.

Mais  là où le bât blesse, c’est la forte proportion d’accidents mortels durant la saison estivale ayant impacté leur nombre sur l’année. Entre juillet et août 2024, la Tunisie a enregistré un total de 821 accidents de la route. Les trois indicateurs- clés, en baisse de 2023 à 2024, ont causé un total de 218 victimes contre 204 l’an dernier sur la même période, avec une augmentation de 6,86%. Et le même total de victimes durant l’été que celui en 2022.

Le nombre d’accidents passant de 966 à 821. Le nombre de blessés est passé, quant à lui, de 1401 à 1204 personnes. Ces chiffres montrent une situation préoccupante, surtout en août, avec un nombre élevé de décès par rapport au nombre d’accidents. La vigilance et le respect des règles de sécurité routière restent essentiels pour réduire ces tragédies. Le manque de vigilance ou la distraction au volant et l’excès de vitesse sont les deux plus grandes causes des accidents de la route en Tunisie. La palme revient au gouvernorat de Mahdia en termes du nombre d’accidents et de blessés en été contre celle de Tunis pour le nombre de victimes. A signaler que d’autres villes comme Sfax et Nabeul sont aux premières loges du classement des accidents routiers.

Pourtant, il y a des plans d’action

Parmi les causes les plus importantes de décès sur la route, il y a le fait d’utiliser un téléphone portable en conduisant, de ne pas porter la ceinture de sécurité, de conduire à une vitesse excessive. «Cela n’arrive pas qu’aux autres. On te laisse avec ta conscience»,  martèle un slogan préventif de l’ASR pour limiter les comportements dangereux au volant. D’autres messages sont diffusés, comme celui qui affirme que le danger du téléphone au volant multiplie par 3 le risque d’accident. En effet, son usage ralentit le temps de réaction et par ricochet la distance parcourue durant cet instant. Une seconde d’inattention peut avoir des conséquences terribles. A 50km/h, on parcourt une distance de 14 mètres pendant ce laps de temps sans téléphone au volant, alors qu’elle est de 21 mètres avec… et impacter la distance de freinage sur sol sec (voire le double sur route mouillée ou glissante).

Le gouvernement tunisien, conscient des enjeux en matière de sécurité routière, particulièrement ceux qui touchent à la santé publique, a lancé plusieurs initiatives visant à renforcer la législation, la sensibilisation et à améliorer les infrastructures. Des programmes d’éducation routière sont en cours d’exploitation pour inculquer aux jeunes conducteurs les principes d’une conduite responsable.

Des plans d’action sont également à l’étude pour moderniser le parc automobile et pour développer des réponses d’urgence plus efficaces. La Tunisie est déterminée à inverser la tendance. « Agissons ensemble pour des routes plus sûres », comme l’affirme le slogan de l’ASR, depuis plus d’une décennie.

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