En gestation il y a plus d’une année, le 1er Salon professionnel dédié à l’artisanat «ArtiCrea» vient de s’ouvrir, lundi dernier, au Parc des expositions du Kram, à Tunis, marquant ainsi un tournant dans la promotion du secteur et l’amélioration de ses exportations.
Cela fait suite à la décision prise, lors d’un conseil ministériel, réuni le 16 mars 2023, à l’occasion de la Journée nationale de l’habit traditionnel, visant à doter l’artisanat tunisien d’opportunités professionnelles et lui ouvrir des perspectives prometteuses, car il y a encore place pour conquérir d’autres marchés africains et américains.
Inauguré, mardi, par Sofiane Tekaya, nouveau ministre du Tourisme, accompagné de Faouzi Ben Hlima, directeur général de l’Office national de l’artisanat (ONA), cette édition inaugurale a été rehaussée par la présence de trois membres du gouvernement, à savoir les ministres du Commerce et du Développement des exportations, des Technologies de la communication et le Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères.
Un message politique de motivation
Il y a là un message politique fort de motivation, à même de vouloir revigorer l’activité artisanale et faire fonctionner la diplomatie économique pour le grand bonheur et la prospérité du secteur. «Certes, l’ONA, l’Office du tourisme, les chambres commerciales à l’intérieur du pays, le Cepex, mais aussi nos ambassades à l’étranger, peuvent, ici, jouer un rôle de premier plan», souligne le ministre, évoquant la multiplication des manifestations artisanales tant au niveau régional, national qu’international. Idem, la qualité de participation des artisans et professionnels du secteur. Et partant, la Tunisie était, à maintes fois, invitée d’honneur dans pas mal de foires et salons.
Car ce secteur, qui compte 300.000 artisanes et artisans, générateur de plus de 7.000 postes d’emploi, chaque année, mérite, plus que jamais, de se développer et de mieux s’exporter. Ainsi, sa commercialisation à une plus large échelle en vaut la chandelle. D’ailleurs, M. Tekaya, qui était avant sa nouvelle nomination, directeur des foires à l’ONA, sait à quoi s’en tenir : mettre le cap sur l’exportation. Surtout que, argue-t-il, «plusieurs mécanismes et incitations sont mis en place par l’Etat, comme des catalyseurs pour encourager les exposants et les artisans tunisiens à accéder à de nouveaux marchés extérieurs».
Un simple article de cadeau compte
En effet, «ArtiCrea» se veut une vitrine pour des professionnels sélectifs spécialistes dans le domaine. «A ce rendez-vous sont conviés 45 professionnels du métier venus de l’étranger, dont des acheteurs et des médias internationaux spécialisés en matière d’artisanat et de décoration d’intérieur… Ils ont répondu présent pour prendre connaissance de nos produits d’artisanat, de l’emballage utilisé et des structures de soutien et d’assistance relevant de l’Etat», révèle le ministre dans sa déclaration aux médias.
Et comme le tourisme a toujours été une véritable locomotive de l’artisanat, il y a lieu d’insister sur la forte présence de nos produits sur les sites touristiques et leur promotion auprès des touristes. Ces derniers, qui reviennent chez eux, avec dans leurs bagages autant de souvenirs, ont de quoi se faire plaisir et livrer leurs impressions quant à la qualité de notre artisanat.
Cela dit, un article de cadeau, des objets d’art ou bibelots de décoration seraient de nature à mieux véhiculer l’identité tunisienne et faire rayonner son image, en tant que plaque tournante d’innovation et de création artisanale. Cette touche magique conçue des doigts de fées est souvent perçue comme une plus-value qui puisse faire vendre le secteur, ici et ailleurs.
Autre point positif que l’artisanat tunisien vient de marquer, au cours de ces dernières années, c’est plutôt la promotion de ses exportations. A ce niveau, a-t-il fait, l’année dernière, de bonnes recettes estimées à 150 millions de dinars, avec une augmentation de 6%. Ces rentrées en devises permettraient, en quelque sorte, de renflouer les caisses de l’Etat et alléger, un tant soit peu, le fardeau d’une balance commerciale jugée souvent déficitaire.
L’équation de l’offre et de la demande
Mais qu’en est-il de l’équation de l’offre et de la demande, face aux prix aussi chers des produits d’artisanat sur le marché local ? D’après le ministre, le consommateur tunisien a dû trouver son compte, de par l’éventail des choix qui lui sont proposés par des milliers d’artisanes et d’artisans opérant dans plusieurs secteurs d’activités, tels que les fibres végétales, le bois de palmier, verre et céramique et bien d’autres articles de cadeau, de design et de décoration d’intérieur.
En faisant le tour des stands et pavillons, ce salon «ArtiCrea» semble se distinguer par une sélection d’artisans, dont la qualité des produits fait la différence. Conçus à base de mosaïques de verre recyclé et savamment recollé, des bijoux, des abat-jours en verre soufflé, des articles de cadeau raffinés, des bibelots faits maison, bien finis fabriqués en bois, cuir et en tissu et bien d’autres objets d’art décoratifs, les produits exposés relèvent d’un goût subtil, de design attractif et flamboyant, avec des couleurs gaies recherchées.
Workshops et ateliers thématiques
Cette première édition, qui s’étend du 9 au 15 de ce mois, s’ouvre à 150 exposants, issus de plusieurs régions, et qui auront, à cette occasion, à nouer des contacts d’affaires, établir des rencontres B to B et lancer des négociations de marchés. Professionnels et visiteurs peuvent ensemble prendre part à d’importants ateliers et workshops. Aujourd’hui, jeudi, le débat portera essentiellement sur la présentation de la plateforme numérique de marketing des produits d’artisanat «Ileycom », soit un forum d’échange entre plus de 400 artisans et designers tunisiens et africains. En fait, la plateforme fait la promotion de pas moins de 5.000 produits sur les marchés internationaux.
D’autres ateliers ont également été organisés sur l’expérience tunisienne en matière d’exportation d’artisanat et l’assouplissement des formalités douanières y afférentes. Prochainement, ce salon compte s’ouvrir à l’international, afin de dénicher de nouveaux marchés, outre les classiques très fréquemment conquis.