Affronter ses adversaires avec respect et dignité

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Editorial La Presse

 

C’est aujourd’hui que démarre la campagne électorale. C’est une période cruciale pour les Tunisiens et pour la Tunisie. En effet, les projecteurs seront braqués sur notre pays et le niveau de sa démocratie dépend fortement de l’image qu’on donnera de lui durant cette période. 

Cependant, on a coutume en pareilles circonstances de voir les réseaux sociaux et la Toile en général infestés de « guerriers » de la communication politique dont le seul but est de maintenir en pole position leur candidat préféré en essayant de clouer au pilori les candidats adverses en les affublant  de toutes sortes d’accusations et en n’épargnant aucun effort pour trouver les formules assassines et mener des attaques virulentes pour les discréditer.

C’est pourquoi au lieu de cultiver une colère qui mène à l’incompréhension et à la suspicion jusqu’à mettre en doute la crédibilité de certains candidats et laisser la polémique enfler, il serait de bon aloi de replacer au cœur du débat politique la question de la responsabilité des candidats et de décortiquer leurs programmes afin de choisir celui à même de marquer un grand tournant pour un pays pris dans le tourbillon d’une crise qui risque d’emporter dans son sillage finance, économie et emplois. 

En effet, la communication politique et la transparence des projets des candidats aident par définition les électeurs à comprendre les tenants et les aboutissants des programmes, outre le fait qu’elles facilitent le choix des citoyens et favorisent l’accès à la présidence par le respect des droits de chaque partie et non pas à éviter la déconfiture d’un candidat par le mensonge, le black-out sur l’information et de laisser la place aux interprétations et à l’intox. Il est grand temps de s’adapter au nouveau contexte de liberté et de démocratie et il n’y a aucun inconvénient à affronter ses adversaires avec respect et dans la dignité des grands au lieu de chercher à faire d’eux des coupables à abattre sur l’autel d’une démocratie fragile et fragilisée. Il ne faut pas non plus corser davantage l’atmosphère d’épouvante par un discours fondé sur l’ignorance.

C’est que l’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l’équation difficile avec laquelle devront jongler les nouveaux candidats et leurs équipes de campagne qu’ils sortent vainqueurs ou vaincus de la prochaine élection. Car l’important est non pas avec qui aller mais où aller. Laissons donc les Tunisiens faire leur choix librement sur la voie à emprunter durant les cinq prochaines années dans la plénitude et le respect et non pas dans la violence et les bains de sang. C’est non seulement la responsabilité des candidats retenus mais aussi celle des candidats déboutés.

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