Rentrée scolaire, c’est bien parti ! Elle revêt toujours un évènement national bien réel, d’autant plus que son démarrage crée de petits tracas, à n’en plus finir. Mais le grand débat sur les maux de l’éducation n’a de cesse de défrayer la chronique.
Pas plus tard qu’avant-hier, 16 du mois courant, plus de 2.354.000 — soit 2% de plus par rapport à l’année dernière — ont repris le chemin de l’école, regagnant ainsi les bancs des classes dans plus de 6.000 établissements éducatifs à l’échelle du pays. Une ambiance bon enfant, sur fond de retrouvailles si joyeuses et chaleureuses, après une saison de vacances estivales bien chargées d’évasion, de baignades et d’échappées belles.
Tout un chantier éducatif !
Rentrée scolaire, c’est bien parti ! Elle revêt toujours un évènement national bien réel, d’autant plus que son démarrage crée de petits tracas, à n’en plus finir. Mais le grand débat sur les maux de l’éducation n’a de cesse de défrayer la chronique. En fait, l’envolée des prix des fournitures scolaires, les cours particuliers aussi chers, l’encombrement des classes, les programmes trop chargés et le temps scolaire mal aménagé, sont autant de questions récurrentes chaque année. S’y ajoutent, bien évidemment, l’éternel bras de fer syndicats d’enseignement-ministère de l’Education, le manque flagrant au niveau du nombre du corps enseignant (plus de 10.000 postes d’enseignants vacants), la révolte des suppléants pour avoir droit à la titularisation, et bien d’autres dossiers jusque-là en suspens.
Tout ce chantier éducatif n’a pas manqué de peser lourd sur le bon déroulement des cours et leur continuité, créer un climat de tension et susciter, par conséquent, l’inquiétude des parents. Les élèves seraient, hélas, les premiers à faire les frais. Ainsi, leur avenir risquerait-il d’être hypothéqué.
En prélude à cette rentrée, il est vrai que des préparatifs sont, déjà, engagés, réalisant une certaine amélioration au niveau des infrastructures (ouverture de nouveaux établissements éducatifs dans certaines régions) et des œuvres scolaires. Soit des prestations liées à la restauration, au transport scolaire et à l’hébergement. Selon des chiffres communiqués par le ministère de tutelle, environ 440.000 élèves bénéficieront des services de restauration, 29 000 profiteront des services de transport scolaire et 26 300 élèves jouissant d’un hébergement dans les internats scolaires. Idem, 62 200 élèves bénéficieront du régime de demi-pension. De nouveaux bus et rames de métro sont également mobilisés à cet effet.
Où sont passés les fonds investis ?
Toutefois, il n’est guère suffisant et encore moins rassurant, du moment que l’on reste encore dans l’expectative, attendant une réforme éducative qui tarde encore à venir. Bien que ce projet ait été lancé, en grande pompe, du temps de Neji Jalloul, alors ministre de l’Education, on ne le voit pas avancer d’un iota. Et même son livre blanc qui regorge des outputs et recommandations est resté lettre morte. Aux dépens des fonds colossaux investis dans des réunions, des commissions et des débats houleux, sans résultat. Où sont passées les sommes faramineuses publiques qui auraient été dépensées pour transformer le visage de l’école tunisienne, redorer son blason et la tirer vers le haut. On n’a jamais imaginé que l’école publique, jadis reconnue être un véritable ascenseur social, aurait pu, un jour, se niveler ainsi par le bas. Pire, elle avance à reculons ! Au cours de ces deux dernières décennies, l’école tunisienne n’est plus ce qu’elle était. Aujourd’hui, sa dégringolade n’est plus à démontrer. Le constat est bien là, mais on n’en est pas assez conscient. Et encore moins habilité à mieux assimiler les conséquences d’un tel échec cuisant. Comment doit-on agir pour franchir ce cap ? Que doit-on faire pour remettre les pendules à l’heure ? L’école court à sa perte. Aujourd’hui, dans le milieu scolaire et ses alentours, moult phénomènes sévissent, sans scrupules. On ne parle que de la recrudescence de la violence, de la consommation des stupéfiants et la croissance du taux de viol et de criminalité. Autour de nos écoles, collèges et lycées, il n’y a plus de sécurité. Pourtant, on n’en finit pas de tout pointer du doigt et crier haro sur le baudet. Sans qu’un responsable n’agisse dans le bon sens et prenne le taureau par les cornes.
Qu’en est-il de la consultation électronique ?
Pourquoi en est-on arrivé là ? Sans moyens ni volonté politique de réforme, l’école publique ne saura résister aux aléas des mutations. Son système éducatif est contreproductif. Il n’est, en fait, qu’une fabrique de chômeurs, ne mène guère au marché de l’emploi. Selon des statistiques, plus de 100.000 élèves quittent chaque année les bancs de l’école. Cela fait des années que l’abandon scolaire gagne en nombre et en gravité.
Ceci étant, opérer une réforme éducative de fond en comble est une condition sine qua non de sauver plusieurs générations d’élèves et étudiants et les remettre sur la bonne voie. A commencer par l’aménagement du temps scolaire, l’allégement des cartables, la révision des programmes éducatifs, l’animation de la vie scolaire, l’optimisation de l’interdiction des cours particuliers du milieu scolaire, la restauration de prestige de l’enseignant et son rapport avec l’élève, la redéfinition des rôles pédagogiques, l’amélioration de la qualité de l’enseignement et les prestations fournies aux élèves. Qu’en est-il de la fameuse consultation électronique ?
Certes, la consultation nationale sur la réforme éducative, qui avait débuté, il y a maintenant une année, coïncidant ainsi avec la rentrée scolaire 2023/2024, a mis du baume au cœur et donné l’impression que tout est en passe d’être réglé et que l’école tunisienne pourrait avoir des jours meilleurs. Afin de déterminer les orientations futures générales susceptibles d’améliorer les performances du système éducatif dans l’enseignement, la formation professionnelle et l’enseignement supérieur tunisien. Or, cette consultation à laquelle ont pris part près de 600.000 participants n’a pas encore révélé tous ses secrets.