Point de vue | On en a fini vraiment ?

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Point de vue

 

La note adressée par Sadok Mourali, nouveau ministre des Sports, à l’adresse des présidents des fédérations sportives, pour leur rappeler que le nombre de mandats d’un membre fédéral ne peut dépasser trois, est un événement. C’est peut-être l’un des faits les plus marquants de l’histoire du sport tunisien. Ça veut dire tout simplement qu’un président de fédération (le poste le plus convoité) ne peut cumuler plus de trois mandats au maximum (quelle que soit la durée de ce mandat), et que les élections folkloriques de certaines fédérations, comme la FTBB, sont reportées en attendant d’autres élections. Ce qui est positif dans l’action du nouveau ministre des Sports, c’est qu’il n’a pas attendu la nouvelle loi sur les structures sportives pour appliquer non seulement l’esprit et le bon sens des règlements en vigueur, mais aussi les règles de la bonne gouvernance à l’échelle internationale. Contrairement à Kamel Degguiche, hésitant et frileux, cette fois, la note du ministre, bien argumentée juridiquement, n’accuse aucune équivoque : plus de présidents de fédérations qui ont plafonné les trois mandats. Ali Benzarti et tous ceux  et celles qui sont dans le même sac et qui règnent sans partage en usant des urnes vont devoir s’aligner et partir enfin. Soulagement? Oui, on ne le cache pas mais en même temps méfiance pour ne pas crier victoire trop tôt. Les fédérations sportives sont autonomes et ne dépendent pas hiérarchiquement du ministère des Sports; c’est le contre-argument que les présidents et présidentes de fédérations concernés sortent pour rester et bloquer l’application de cette note claire. Sportivement, les décisions des bureaux fédéraux sont indépendantes du gouvernement qui n’a pas le droit d’agir en ce sens et de prendre des décisions sportives et administratives à la place du bureau fédéral élu. Ce sera de l’ingérence pure et dure qui entraîne des sanctions. Mais cette règle a été toujours l’inusable et faux argument de ces présidents des fédérations pour «posséder» les fédérations et s’éterniser. Les fédérations sportives sont des organismes publics qui sont financés en partie par l’argent public (salaires du staff technique national), et sont soumises aussi au contrôle de l’Etat au niveau de leur gestion financière et de l’application des règlements. C’est le ministère des Sports qui, selon la loi, veille à ce que les fédérations soient gérées en transparence et en bonne gouvernance. Et quand il y a dépassement de tout genre, le ministère des Sports, en s’appuyant sur des rapports validés de ses organes d’audit et de contrôle, doit dissoudre les bureaux fédéraux fautifs. Ces présidents et présidents de fédérations, que nous connaissons fort bien et savons qu’ils (elles) ne vont pas baisser rapidement les armes, vont-ils (elles) reconnaître que c’est fini? Qu’est-ce qu’ils (elles) peuvent inventer pour rester? Peut-être recourir au CIO ou à leurs fédérations internationales comme dernier recours. Dans ce cas, ce sera une grave erreur de leur part, car c’est une porte ouverte à l’étranger pour s’ingérer dans nos affaires et  menacer notre indépendance. Autant cette historique note est réconfortante, autant on reste dubitatif. Tellement ces gens ont enfreint la loi avec ruse, machination et malveillance durant des années (en profitant surtout de clubs complices et bien récompensés). On devra patienter pour s’assurer que cette note va être appliquée et non contournée. C’est de la crédibilité du nouveau ministre des Sports et de l’Etat qu’il s’agit. On a rêvé de voir ces présidents et présidentes de fédérations partir et laisser la place à d’autres plus  jeunes ou moins jeunes mais ambitieux, dévoués et surtout honnêtes et passionnés de sport et non obsédés par le pouvoir. Un rêve enfin exaucé?

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