Après une campagne électorale menée dans le calme et sans couacs, le silence électoral est entré en vigueur hier, vendredi, à minuit. Candidats, médias et citoyens sont tenus de respecter cette mesure durant les 24 heures précédant le scrutin présidentiel, tel que prévu par la loi.
Qu’est-ce que le silence électoral ?
Le silence électoral désigne la période pendant laquelle toute propagande politique est interdite à l’approche des scrutins. Concrètement, il s’agit d’une interdiction de toute diffusion de messages susceptibles d’influencer le vote des citoyens. C’est une notion juridique et éthique fondamentale de tout système démocratique. Instauré par la loi dans de nombreux pays, y compris en Tunisie, le silence électoral a pour objectif de garantir aux électeurs un temps de réflexion serein avant de se rendre aux urnes. Ce silence commence généralement la veille du scrutin et dure jusqu’à la fermeture des bureaux de vote.
A partir de minuit, la veille du scrutin, les candidats et leurs partisans n’ont plus le droit de diffuser des messages politiques dans les médias et sur les réseaux sociaux, ni d’organiser des activités de propagande électorale.
Pourquoi un silence électoral ?
Le silence électoral trouve son origine dans le besoin de protéger les électeurs contre tout message susceptible d’influencer leur vote. Selon des observateurs de la scène politique, les dernières heures sont décisives avant le scrutin et ne doivent pas perturber la sérénité du processus démocratique.
Ce moment de réserve permet également de lutter contre les informations délibérément erronées ou orientées et les tentatives de manipulation, de plus en plus fréquentes à l’ère des réseaux sociaux. En empêchant la diffusion de nouvelles informations partisanes pendant cette période, le silence électoral offre aux électeurs l’opportunité de prendre une décision en toute conscience et de faire un choix éclairé.
Le silence électoral intervient après une période marquée par le foisonnement des débats politiques dans l’espace public, de déplacements et de prises de parole des candidats et de leurs partisans sur des sujets très variés. Si cette période offre du répit aux candidats, elle constitue l’occasion, pour les électeurs, de prendre du recul et de se décider d’une manière plutôt responsable.
Ce principe de silence politique peut représenter un facteur de réussite ou de dysfonctionnement du processus électoral. Dans toutes les démocraties, il est appliqué avec rigueur.
Toute infraction au silence électoral peut entraîner des sanctions. En Tunisie, pendant le silence électoral, toute forme de propagande politique est interdite, précise l’article 69 de la loi organique n° 2014-16 du 26 mai 2014 relative aux élections et aux référendums.
Quiconque viole cette interdiction pendant le silence électoral est passible d’une amende de 3.000 à 20.000 dinars, conformément à l’article 155 de la loi électorale.
Le silence électoral, un principe à mettre à jour ?
Si le silence électoral reste un principe largement accepté dans plusieurs pays, certains remettent en question sa pertinence à l’ère de l’information en continu. Ils pointent son application limitée à l’ère du numérique et le fait qu’il ne peut pas contrôler efficacement les informations relayées en ligne. Par contre, ceux qui défendent son utilité considèrent qu’il est indispensable pour protéger l’intégrité du vote.
Le silence électoral est bien plus qu’un simple arrêt des campagnes : il s’agit d’un moment crucial de préservation de la démocratie. En permettant aux électeurs de se distancier du bruit médiatique et de réfléchir sereinement à leur choix, il garantit un vote plus éclairé et libre de toute pression
En dépit des défis qu’il rencontre à l’ère du numérique, le silence électoral reste une trêve nécessaire dans l’agitation d’une campagne électorale, un moment où, enfin, la parole revient aux électeurs.