D’Ain Draham à Tozeur, en passant par Tabarka, Oued Mliz et la pointe nord-ouest de la Tunisie, ainsi que la région du Djérid, le paysage présente bien des spécificités.
De par l’aspect architectural, une attention particulière doit être accordée à ces zones et à bien d’autres qui se singularisent par leur cachet architectural original. Cette carte postale risque de disparaître, si rien n’est fait pour préserver ce patrimoine.
En fait, il suffit de regarder les constructions dans ces régions pour s’apercevoir qu’elles méritent plus de soins et d’intérêt. Le simple observateur n’a aucune peine à dresser un diagnostic sans appel. Les villes concernées sont de plus en plus envahies par la construction de nouveaux édifices qui ne respectent pas l’aspect architectural local. Ces nombreuses constructions n’utilisent pas les mêmes matériaux et ne s’occupent pas de reproduire des bâtis dans la même veine que les anciennes. C’est ce qui fausse l’homogénéité tant espérée.
A chaque région son aspect architectural
Notons, au passage, que l’abandon des aspects typiques des villes est lié en grande partie à la hausse vertigineuse des prix des matériaux de construction et, particulièrement, le coût de la brique dans la région du Djérid et celui de la tuile dans la région du Nord-Ouest.
De plus, il y a l’exigence d’une main- d’œuvre spécialisée, laquelle est rare et coûteuse.
Cela dissuade plus d’un à s’aventurer à construire une maison respectant les normes architecturales locales.
Toutefois, on a pu noter au cours des années précédentes des tentatives officielles allant dans le sens de la protection de ce patrimoine. C’est ainsi que certains efforts ont été consentis pour ériger des édifices publics qui prennent en compte les particularités urbanistiques. Dans d’autres cas, ces villes ont essayé grâce à des initiatives diverses d’entreprendre des travaux de restauration au niveau des façades, notamment. A travers tout le pays, chaque ville ou gouvernorat a choisi de construire des monuments représentant ce qui lui est propre. Des initiatives plus ou moins réussies, somme toute.
Mais il reste beaucoup à faire.
A Tozeur, par exemple, le centre-ville perd un peu plus ce timbre qui était le sien malgré des efforts pour sauver ce qui peut l’être. Mais ce qui est déplorable, c’est l’invasion des oasis par ce qu’on appelle des “campings”. Il s’agit d’espaces de détente réservés aux familles. L’affluence des visiteurs a causé et cause plus de dégâts qu’on ne peut l’imaginer.
D’ailleurs, la palmeraie n’a plus cette quiétude et ce privilège d’être le poumon de la région.
L’impact sur l’environnement n’est pas à démontrer. D’où la nécessité de tempérer ce phénomène, afin de redonner à la nature ses droits.
Dans l’air du bon vieux temps
Certes, on ne peut pas en vouloir aux citoyens. Par contre, on attend beaucoup de la part des associations impliquées dans ce domaine. On sait qu’il y a des associations de sauvegarde. Elles ont un rôle fondamental dans la préservation de ce patrimoine et de sa pérennité. L’Institut national du patrimoine (Inp) aussi est, certainement, conscient de sa mission. Ce qui ne nous empêche pas d’inciter les habitants de ces agglomérations à s’investir davantage dans cette action de sauvegarde du patrimoine local qui, en fin de compte, fait partie du trésor patrimonial national.
Pour leur part, les autorités pourraient prendre plus d’initiatives concrètes visant à encourager les habitants à faire tout ce qui est possible pour continuer à respecter le modèle architectural qu’ils ont hérité. On veut parler, précisément, des toits en tuiles du nord-ouest et des murs en briques du Djérid.
Il y a plusieurs années, les autorités municipales imposaient aux habitants de peindre régulièrement leurs maisons selon le même modèle (murs en blanc et portes et fenêtres en bleu). Il y avait, également, la possibilité que ces mêmes autorités prennent en charge les frais des travaux. Le bénéficiaire pouvait rembourser les dépenses par tranches. C’était dans l’air du bon vieux temps.