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Au fil de l’actu | PLF 2025 – Objectif: réhabiliter l’Etat social

 

Depuis que la Tunisie a adopté des politiques d’ajustement libérales et d’ouverture économique, le désengagement de l’Etat a pris de l’ampleur. Lourdes de conséquences notamment sur le plan social,  ces politiques nécessitent aujourd’hui un redressement. C’est précisément  ce que le Chef de l’Etat compte faire en réhabilitant l’Etat social. Certes, il s’agit d’un exercice ardu. Mais la Tunisie, en misant sur une croissance vigoureuse, peut relever le défi. Le PLF 2025, bien que faisant l’objet de débats, annonce la couleur.

On se souvient tous du scepticisme d’une grande part des économistes à l’égard de la formule “Compter sur nous-mêmes” pour financer les dépenses de l’Etat. Ils disaient presque en chœur que, sans les financements débloqués par le FMI, la Tunisie ferait faillite. Pis encore, des scénarios plus sombres tels que le recours au club de Paris ou encore une crise à la grecque, voire à la libanaise, sous-tendus par la dégradation continuelle de la note souveraine de la Tunisie, étaient littéralement la hantise qui les préoccupait. Mais 2023 et 2024 ont été bouclés, les dettes extérieures honorées et la notation souveraine légèrement améliorée. Ces spécialistes sont tombés en discrédit. Mais, disons-le, rien de grave. L’économie — cela a été démontrée plusieurs fois —  n’est pas une “science dure”. Certes,  la gestion des finances publiques n’était pas un exercice aisé.

Parfois, les conséquences des arbitrages à faire étaient douloureuses. Mais les Tunisiens ont montré, à de multiples occasions, leur disposition à partager le fardeau économique, peut-être du fait de leur conscience du lourd héritage légué non seulement aux générations actuelles, mais aussi à celles du futur. Ce même scepticisme a, encore une fois, montré le bout de son nez, non pas pour mettre en garde contre un potentiel défaut de paiement, mais cette fois-ci pour s’interroger sur les sources de financement des dépenses sociales de l’Etat. Car, dans son discours lors de la prestation de serment devant les deux chambres parlementaires, le Chef de l’Etat, Kaïs Saied, était tranchant : “L’Etat doit reprendre son rôle social”, évoquant dans ce sens, les droits sociaux tels que le droit à la santé, au travail décent, à la protection sociale, etc. En d’autres termes, réhabiliter l’Etat social pour vaincre l’injustice sociale, la pauvreté et la précarité, pour ainsi traduire la vision économique du président pour la période à venir.

L’Etat social contre le néolibéralisme

Mais pour comprendre cet enjeu, il faut d’abord revenir sur la définition de l’Etat social. Ce dernier repose sur quatre piliers, à savoir  la protection sociale, les services publics, le droit du travail et les politiques économiques. Cette définition, plus large et plus englobante que l’Etat-Providence, a été proposée par l’économiste français Christophe Ramaux qui prône l’Etat social comme solution pour réparer ce que le néolibéralisme a détruit. Contre révolution fiscale, libre-échange, paupérisation des classes moyennes, flexibilité du travail (précarité)… Les maux du néolibéralisme ont aggravé les crises économiques et financières à travers le monde et ont fait exploser la dette publique. Le renforcement du rôle social de l’Etat paraît dans ce contexte comme le remède idoine pour rompre cette crise qui s’enlise ainsi que ce cercle vicieux alimenté par les politiques néolibérales. Mais qui dit Etat social dit dépenses publiques.

L’Etat doit donc injecter beaucoup d’argent pour mettre en place ses politiques sociales. Augmentation des pensions de retraite, du Smig ainsi que du plafond annuel des montants des services de santé, abolition de la contractualisation précaire du travail… Le Chef de l’Etat a, d’ores et déjà, mis sur les bons rails son projet social.

Quid de la croissance ?

Avec les nouvelles mesures sociales prévues pour l’année 2025, le PLF 2025 s’inscrit dans le droit fil de ces politiques. La création d’une caisse de prévoyance sociale pour les ouvrières agricoles; l’instauration d’une caisse assurance- emploi et la mise en place d‘un régime d’accompagnement au profit des employés licenciés pour des raisons économiques; le renforcement des ressources du fonds de garantie des victimes des accidents de la circulation; l’élargissement du programme du premier logement pour inclure la construction des habitats; des mesures au profit des petits éleveurs de bovins; l’abattement fiscal pour les classes moyennes et de faibles revenus… Le projet de loi de finances apporte son lot de mesures sociales, qui ne sont pas des moindres.  S’il s’agit d’un grand pas en avant vers la mise en place d’une meilleure équité sociale, il y a encore du chemin à parcourir. L’amélioration des services publics, notamment le transport, la santé, l’accès à une éducation de meilleure qualité… constituent un grand défi que le gouvernement se doit de relever. Si la question du financement se pose avec acuité, la réponse est claire “Nous œuvrons à construire une économie basée sur la création de la richesse”, affirme le Chef de l’Etat.

C’est donc moyennant une croissance économique vigoureuse que le rôle social de l’Etat va être réhabilité. Des politiques sectorielles, commerciales et de relance budgétaire doivent, donc, voir le jour afin de pouvoir renflouer les caisses de l’Etat et atteindre par voie de conséquence le progrès social et le bien-être de tous.

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