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Ne confondons plus RSE et mécénat !

Par Oussama Saadi, expert en RSE


Le mécénat est une action louable, mais il ne peut à lui seul répondre aux défis sociétaux et environnementaux auxquels les entreprises sont aujourd’hui confrontées.

Plus que jamais, les entreprises sont pressées de s’engager et de démontrer leur contribution à la société. Le lancement en juin dernier des « Jeudis RSE » par la CONECT, en partenariat avec EY, est un bon exemple de l’intérêt croissant des entreprises tunisiennes pour la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Cet engouement témoigne de la volonté de répondre aux attentes des parties prenantes, qu’il s’agisse de leurs clients, de leurs collaborateurs ou de leurs communautés locales.

Distinguer entre les deux concepts

Pourtant, au-delà des bonnes intentions, il n’est pas toujours évident de savoir comment structurer et pérenniser cet engagement pour qu’il ait un véritable impact. A l’origine de cette difficulté se trouve parfois une confusion entre la RSE et le mécénat, deux concepts qui partagent les mêmes objectifs altruistes, mais qui diffèrent dans leur nature et leur finalité.

Le mécénat se présente généralement sous la forme d’actions ponctuelles, souvent axées sur le soutien financier ou matériel à des projets culturels, sociaux ou humanitaires, sans nécessairement s’intégrer dans la stratégie globale de l’entreprise. Il s’agit d’un don, sans contrepartie directe attendue, et qui relève principalement de la générosité de l’entreprise.

La RSE, quant à elle, repose sur une approche bien plus intégrée et systémique. Elle englobe l’ensemble des pratiques de l’entreprise et vise à concilier performance économique, impact environnemental et contribution sociale de manière durable. Là où le mécénat peut se limiter à une action isolée, la RSE engage l’entreprise dans une réflexion globale, à long terme, sur la manière dont son activité influence l’ensemble de ses parties prenantes, en incluant des objectifs mesurables, une transparence accrue et un engagement à améliorer continuellement ses pratiques.

La RSE est donc une véritable stratégie de gestion responsable, intégrée à l’ADN même de l’entreprise. Elle doit être vue non seulement comme une manière de satisfaire les attentes des clients ou des investisseurs, mais comme une véritable feuille de route pour l’entreprise, permettant de bâtir un futur à long terme.

Trois pistes de réflexion peuvent permettre de sortir de cette logique d’actions isolées pour s’inscrire dans une véritable stratégie porteuse d’impact.

  1. Comprendre et gérer l’empreinte environnementale et sociale

La première réflexion à mener porte sur l’empreinte de l’entreprise sur son environnement direct. Chez Mare Alb, par exemple, nos marais salants sont bien plus que des sites de production. Ce sont des sanctuaires de biodiversité. Les conditions spécifiques de ces marais attirent des dizaines d’espèces d’oiseaux, dont plusieurs sont protégées, à l’instar des flamants roses. Deux de nos sites sont classés en zones RAMSAR et en zones d’intérêt pour la conservation des oiseaux. En partenariat avec des associations locales et les autorités, nous œuvrons à préserver ces habitats uniques. Parallèlement, nous assumons pleinement notre rôle d’acteur économique majeur dans la région en soutenant les entreprises locales et en participant à la rénovation d’infrastructures publiques, en particulier des écoles. Cette approche permet d’intégrer les besoins des communautés et de contribuer directement à leur bien-être, tout en renforçant notre ancrage local.

  1. Allier performance économique et durabilité

Le deuxième axe est celui de la synergie entre la performance économique et la durabilité environnementale. Trop souvent, ces deux notions sont perçues comme opposées. Or, chez Mare Alb, nous prouvons quotidiennement qu’elles peuvent coexister harmonieusement. Notre production de sel marin repose sur un processus 100% naturel, utilisant l’évaporation de l’eau de mer grâce au soleil et au vent. Cette méthode, sans recours à des produits chimiques, garantit un produit de qualité supérieure tout en préservant l’écosystème local. Le sel est une ressource virtuellement infinie, et notre production démontre qu’il est possible de préserver l’environnement tout en maintenant une activité industrielle performante. Cet équilibre entre écologie et économie est la clé de la durabilité à long terme.

  1. Impliquer les équipes et renforcer l’engagement

Enfin, le troisième axe est celui de l’implication des collaborateurs dans la démarche RSE. Aujourd’hui, la RSE est un véritable levier d’engagement interne. Une entreprise qui valorise ses employés, améliore leur bien-être, et met en place des politiques d’inclusion et de diversité ne se contente pas d’améliorer son image. Elle attire et retient les talents, réduit le turnover, et crée une culture d’entreprise forte. Chez Mare Alb, cette culture de l’engagement est au cœur de nos actions. Les équipes, pleinement intégrées à nos projets, sont conscientes que leur travail contribue non seulement à la performance de l’entreprise, mais aussi à un projet de société plus grand.

En menant à terme ces trois axes de réflexion, les entreprises peuvent dépasser la simple accumulation d’initiatives ponctuelles et construire une véritable stratégie RSE, cohérente et ambitieuse. Cette stratégie permettra non seulement d’améliorer leur impact sociétal et environnemental, mais également de poser les bases d’une croissance durable, tournée vers l’avenir.

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