Dans son dernier rapport, l’Observatoire social du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes) a indiqué que le mois d’octobre 2024 a été marqué par une intensification des mouvements de protestation à travers le pays, avec un total de 300 manifestations, soit une augmentation de 9 % par rapport à septembre (273 actions).
Ces mobilisations ont été largement organisées, avec 83 % des manifestations prenant la forme de rassemblements structurés. Les revendications sont principalement professionnelles et sociales, reflétant la détérioration des conditions économiques et sociales, exacerbées par des promesses électorales non tenues.
Les principaux moteurs de cette agitation sociale ont été les travailleurs, les fonctionnaires et les citoyens, représentant plus de la moitié des mouvements enregistrés. Parmi les demandes les plus fréquentes, on retrouve des revendications liées aux droits des travailleurs (41 % des manifestations), notamment le paiement des salaires, la régularisation des situations professionnelles et sociales, ainsi que le droit à un emploi stable. Ces revendications ont été particulièrement visibles dans le secteur de l’éducation, où les enseignants et les enseignants contractuels ont protesté contre l’absence de mise en œuvre des promesses d’embauche faites par le gouvernement.
En outre, des manifestations ont également eu lieu dans diverses régions, portant sur des problématiques liées à l’accès à l’eau potable, l’électricité, la sécurité, ainsi que la fourniture de services de santé et de transports. Les habitants ont exprimé leur mécontentement face à l’inefficacité des autorités dans la résolution de ces enjeux quotidiens. Les protestations ont également concerné la hausse du coût de la vie et les pénuries de certaines denrées alimentaires, faisant écho à une inflation galopante.
Les gouvernorats de Tunis, Gafsa, Kairouan et Jendouba ont été les plus touchés, avec respectivement 66, 47, 40 et 22 actions de protestation. Une majorité de ces actions s’est concentrée dans la capitale, où les protestataires ont ciblé les ministères et autres institutions gouvernementales, exprimant ainsi leur frustration face à des promesses non tenues.
Les formes de protestation ont été variées, allant des grèves (19 actions), des sit-in (33), des manifestations pacifiques (11) et des fermetures de routes (8), jusqu’à des actions plus extrêmes, comme les menaces de suicide ou les incendies de pneus. Les médias ont joué un rôle clé dans la diffusion des revendications, avec 41 appels lancés par ce biais, suivis par les déclarations publiques et les communiqués de presse.